Au Royaume-Uni, pour la seconde année consécutive, le nombre de décès du à l’utilisation massive et abusive d’antibiotiques a augmenté. La hausse est particulièrement élevée après la crise du covid, avec une augmentation de 92 décès en 2022. Pour la directrice générale de l’Agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA), la Pr. Dame Jenny Harries, il y a urgence. La résistance aux antibiotiques constitue une menace réelle pour la santé publique, et ce à l’échelle mondiale. Pour y remédier, pour s’attaquer au problème de la résistance aux antibiotiques, elle préconise une meilleure sensibilisation du public, afin de renforcer la résistance à ces derniers.
La prise d’antibiotiques de façon inappropriée accroît la menace de résistance aux antimicrobiens. La résistance aux antibiotiques – ou antibiorésistance – est définie par l’inefficacité du traitement antibiotique sur l’infection bactérienne ciblée. En effet, les bactéries pourront développer et améliorer leurs armes de protection, ce qui va détériorer l’efficacité des médicaments. Il devient alors difficile de traiter les infections bactériennes. Cela accroît considérablement le risque de complications et de décès. En 2022, les décès dus à des infections résistantes ont atteint 2 202. Cette tendance contraste avec les chiffres de 2020, où la pandémie et les mesures de confinement avaient temporairement réduit les taux d’infection et de décès liés aux antibiotiques. Selon l’OMS, les antibiotiques ne peuvent pas guérir ou prévenir le Covid-19, pourtant leur consommation à travers le monde s’est accrue pendant la pandémie.
Une “crise actuelle” de grande ampleur
« Traiter les antibiotiques avec respect », c’est le message lancé par la directrice générale de l’UKHSA face à l’augmentation du nombre de décès causés par les infections graves résistantes aux antibiotiques. Une hausse importante a été constatée après la pandémie, en effet, le retour à la normale a poussé les gens à adopter des « comportements de soins de santé normaux ».
En 2022 , selon l’UKHSA, il y a eu 2.202 décès liés aux antibiotiques, soit 92 de plus par rapport à l’année précédente. Le taux d’infection a aussi augmenté, passant de 55.792 à 58.224. Certes, le niveau enregistré en 2019 n’a pas été atteint. A l’époque, on a recensé plus de 59.000 infections et plus de 2300 décès liés aux antibiotiques. Toutefois, cette tendance à la hausse au cours des deux dernières années met en avant l’existence d’une crise d’après l’UKHSA.
La directrice générale de l’UKHSA, Pr. Dame Jenny Harries, souligne la gravité de la résistance aux antimicrobiens, déclarant que c’est une crise “présente”actuelle”. Selon elle , la résistance aux antibiotiques est à nouveau en hausse après les baisses enregistrées lors de la pandémie, des souches bactériennes plus dangereuses se propagent actuellement dans les communautés et les hôpitaux.
Elle met en garde contre l’usage abusif des antibiotiques qui accélère le phénomène de la résistance. Raison pour laquelle, elle demande à ce que l’on « traite les antibiotiques avec respect ». Elle affirme également que la résistance aux antibiotiques favorise une augmentation des dépenses de santé, une prolongation des hospitalisations et une hausse de la mortalité.
La lutte contre la résistance aux antimicrobiens, un grand défi de santé publique
Le gouvernement britannique a mis au point un plan d’action pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens. Parmi les stratégies adoptées, il y a la réduction des taux d’infection de 10% entre 2018 et 2025. Mais à priori, on « revient dans la mauvaise direction ». Selon le Dr Colin Brown, cette hausse des taux d’infection est liée aux « virus hivernaux » incluant l’épidémie de Strep A de l’année dernière ainsi qu’au retour à des comportements de santé normaux après la pandémie.
Mais la principale cause de la crise, c’est l’augmentation de la quantité d’antibiotiques prescrits en 2022. Une hausse de 8,4% a été enregistrée. La présidente du Royal College of GPs, le professeur Kamila Hawthorne, a déclaré que « la résistance aux antimicrobiens est l’un des grands défis de santé publique ». Elle pense que cette hausse est préoccupante.
Le professeur Kamila Hawthorne souligne l’importance d’une utilisation responsable des antibiotiques par tous les acteurs de la santé, des professionnels aux patients, pour faire face à ce défi majeur de santé publique.
En 2022, en France, l’antibiorésistance était la cause de 5.543 décès par an chez des personnes atteintes d’infections à bactéries résistantes.
Par ailleurs, dans son rapport intitulé « Se préparer aux superbactéries : renforcer l’action environnementale au sein de la réponse « Une Seule Santé » à la résistance antimicrobienne », les Nations Unies ont alerté sur l’apparition et la propagation des supebactéries résistantes aux antibiotiques à cause de la crise climatique. Une situation qui pourrait causer jusqu’à 10 millions de décès par année d’ici 2050.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/11/17/royaume-uni-hausse-alarmante-des-deces-lies-a-lantibioresistance/
Pour aller beaucoup plus loin sur les soi-disant résistances :
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