Avec les développements disruptifs en Ukraine et dans la bande de Gaza, la question de la dénazification est revenue sur la scène politique internationale. Le sujet se prête parfaitement aux jugements idéologiques et aux échanges émotionnels, y compris au sein des Nations unies. L’approche conservatrice et historiciste des violations du droit international et des droits de l’homme occulte toutefois le fait que de nombreux événements politiques réels ont ouvert de tout nouveaux chapitres de violations collectives et individuelles des droits de l’homme. La poursuite du débat sur la dénazification tourne le regard vers le passé, émousse et rend inattentif aux nouveaux dangers imminents.
Combattre l’apologie du nazisme… – c’est sous ce titre que la Russie a présenté le 3 novembre 2023 un projet de résolution à la Troisième commission de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations unies Ce n’était pas la première fois, loin de là : l’Assemblée générale a adopté cette résolution chaque année depuis 2005. Mais alors que l’année dernière, seuls deux pays avaient voté contre – les États-Unis et l’Ukraine – cette année, 52 pays – dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie – ont voté contre.
Quel agenda politique derrière une résolution “contre la glorification du nazisme”?
Cette nouvelle a suscité des réactions parfois très émotionnelles sur différents canaux numériques. Il a notamment été constaté que l’Allemagne, l’Autriche ou l’Italie avaient toujours assuré ne jamais pouvoir voter contre une telle résolution pour des raisons de principe. Mais maintenant – comme l’a par exemple cité le chargé de mission du ministère russe des Affaires étrangères G.E. Lukjanzew – les considérations politiques auraient manifestement pris le dessus. On pourrait en conclure que l’Allemagne et l’Autriche retombent dans les vieux schémas, uniquement pour ne pas devoir voter ensemble avec la Russie. Certes, c’est un paradoxe.
L’Assemblée générale des Nations unies attribue à la Troisième commission des points à l’ordre du jour qui concernent les questions sociales, humanitaires et des droits de l’homme. La réunion en question était présidée par l’ambassadeur autrichien à l’ONU, Alexander Marschik, et nous ne le mentionnerons qu’en passant. Il convient également de mentionner en passant le fait que l’Autriche, tout comme l’Allemagne, justifie le vote négatif par le fait que la Russie tente de justifier son opération militaire en Ukraine par le biais de cette résolution.
Sortons un instant de l’agitation politique et des présentations très réductrices de ce sujet dans les médias numériques. Considérons que les messages politiques ne sont pas seulement une question de contenu. Les messages politiques sont utilisés comme une stratégie, généralement pour faire valoir certains intérêts.
G.E. Lukyantsev, déjà mentionné, a déclaré à l’occasion du vote du 3 novembre :
“Combattre l’apologie du nazisme… – c’est sous ce titre que la Russie a présenté le 3 novembre 2023 un projet de résolution à la Troisième commission de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations unies Ce n’était pas la première fois, loin de là : l’Assemblée générale a adopté cette résolution chaque année depuis 2005. Mais alors que l’année dernière, seuls deux pays avaient voté contre – les États-Unis et l’Ukraine – cette année, 52 pays – dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie – ont voté contre.” russiaun.ru
Regarder en arrière plutôt qu’en avant
Cette nouvelle a suscité des réactions parfois très émotionnelles sur différents canaux numériques. Il a notamment été constaté que l’Allemagne, l’Autriche ou l’Italie avaient toujours assuré ne jamais pouvoir voter contre une telle résolution pour des raisons de principe. Mais maintenant – comme l’a par exemple cité le chargé de mission du ministère russe des Affaires étrangères G.E. Lukjanzew – les considérations politiques auraient manifestement pris le dessus. On pourrait en conclure que l’Allemagne et l’Autriche retombent dans les vieux schémas, uniquement pour ne pas devoir voter ensemble avec la Russie. Certes, c’est un paradoxe.
L’Assemblée générale des Nations unies attribue à la Troisième commission des points à l’ordre du jour qui concernent les questions sociales, humanitaires et des droits de l’homme. La réunion en question était présidée par l’ambassadeur autrichien à l’ONU, Alexander Marschik, et nous ne le mentionnerons qu’en passant. Il convient également de mentionner en passant le fait que l’Autriche, tout comme l’Allemagne, justifie le vote négatif par le fait que la Russie tente de justifier son opération militaire en Ukraine par le biais de cette résolution.
Sortons un instant de l’agitation politique et des présentations très réductrices de ce sujet dans les médias numériques. Considérons que les messages politiques ne sont pas seulement une question de contenu. Les messages politiques sont utilisés comme une stratégie, généralement pour faire valoir certains intérêts.
G.E. Lukyantsev, déjà mentionné, a déclaré à l’occasion du vote du 3 novembre :
« En 1945, grâce à la victoire historique sur le nazisme remportée par les Nations unies – comme les États membres de la coalition anti-hitlérienne s’appelaient eux-mêmes -, les Nations unies ont été créées. Il s’agissait d’une victoire sur l’idéologie de la supériorité raciale et de la misanthropie qui sous-tendait le national-socialisme. Le système moderne de promotion et de protection des droits de l’homme est la réponse des États au génocide nazi, aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité. (…) Les co-auteurs (de la résolution, NDLR) désapprouvent catégoriquement la tentative de nos opposants de qualifier ces actions (le nazisme, NDLR) d’exercice des droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’expression. Il y a des tentatives flagrantes de falsification des résultats de la Seconde Guerre mondiale, du cynisme et du blasphème à l’égard de ceux qui ont libéré le monde des horreurs du national-socialisme. » russiaun.ru
Rien qu’en lisant les passages cités ici, il est clair que la résolution se réfère, par son contenu, à certains développements erronés du passé en termes de droits de l’homme et de droit international. Mais la stratégie politique que la Russie tente de poursuivre dans le cadre et avec l’aide des Nations unies apparaît également très clairement. L’approche conservatrice et historiciste des violations du droit international et des droits de l’homme occulte toutefois le fait que de nombreux événements politiques réels ont ouvert des chapitres entièrement nouveaux de violations collectives et individuelles des droits de l’homme.
Pierre et le loup
En ce qui concerne le contenu de la résolution, qui est ici représentative d’une série d’initiatives politiques sur le thème de la dénazification, il vaut également la peine de lever le regard et de se pencher sur l’avenir plutôt que sur le passé. Pour ce faire, on peut se référer au conte musical pour enfants de Sergei Prokofiev « Pierre et le loup » (op. 67) de 1936. L’histoire de « Pierre et le loup » est devenue un héritage culturel commun à de nombreuses personnes, notamment en raison de sa mise en musique symphonique.
Pour notre réflexion, assimilons Pierre aux plus faibles, aux personnes vulnérables, aux minorités, aux petits peuples ou aux victimes potentielles. Pris isolément ou en meute, le loup est synonyme de menace potentielle, de grand danger ou de chasse aux victimes plus faibles et inférieures.
Le danger du loup peut être contré par la vigilance, des mesures de protection et l’action coordonnée d’un grand nombre de petits ou de plus faibles. Le danger du loup peut être repoussé, s’il est repoussé, le danger est alors écarté jusqu’à nouvel ordre.
L’histoire de « Pierre et le loup » ou la fable d’Esope sur le berger nous rappelle que l’évocation répétée du danger du loup rend inattentif au cas où le risque d’attaque se présenterait à nouveau. Mais où se situe l’équivalent du débat sur la dénazification ?
Si l’on assimile les nazis, les fascistes et les systèmes totalitaires aux atrocités qu’ils ont commises au XXe siècle, on constate à travers l’histoire que ces loups ont été combattus avec succès. Quel est donc le danger évoqué dans le débat sur la dénazification qui a lieu depuis lors ?
Si l’on met de côté l’idée de la dénazification des Allemands et des Autrichiens – celle-ci devrait être définitivement réussie après plus de 70 ans -, le débat sur la dénazification concerne de nouveaux loups ou des meutes de loups.
Des histoires comme « Pierre et le loup » ou la fable d’Esope sur le berger devraient depuis longtemps nous faire tous réfléchir sur le fait que nous ne devrions pas discuter de loups passés et déjà abattus, mais de nouveaux dangers comparables (prédateurs) qui utilisent des moyens et des méthodes similaires à l’égard de leurs nouvelles victimes potentielles. En revanche, le débat persistant sur la dénazification émousse l’esprit et rend inattentif aux nouveaux dangers imminents.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/11/08/pourquoi-la-denazification-nest-pas-un-concept-davenir-pour-la-communaute-internationale-par-ulrike-reisner/
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