11 novembre 2023

La Chine et l’Inde ignorent l’UE au sujet de la nouvelle taxe carbone

  • La taxe carbone de l’UE est critiquée par la Chine et l’Inde, qui estiment qu’elle constitue une nouvelle barrière commerciale et qu’elle ne tient pas compte des différentes phases de développement.
  • L’association chinoise de l’acier et le ministre indien du commerce se sont tous deux prononcés contre la taxe, l’Inde laissant entendre qu’elle pourrait mettre en œuvre une taxe équivalente au niveau national pour financer les transitions vers les énergies vertes.
  • Les deux pays prennent des mesures pour atténuer les effets potentiels de la taxe européenne, notamment en améliorant les rapports sur les émissions en Chine et en contestant éventuellement la décision de l’Inde auprès de l’OMC.

L’Inde et la Chine continuent de dénigrer le mécanisme d’ajustement aux frontières pour le carbone (MACC), ou « taxe carbone » comme on l’appelle désormais, proposé par l’Union européenne. Cette dernière affirme que le nouveau régime fait partie intégrante de son plan visant à réduire à zéro les émissions dans six secteurs d’activité spécifiques.

Le nouveau régime fiscal est récemment entré dans ce que certains experts appellent la « phase de transition ». À partir du 1er octobre, les importateurs de produits de base, y compris l’acier, dans l’UE devront déclarer les émissions de carbone de ces produits. À partir de 2026, ces importateurs seront également soumis à des taxes. L’UE entend imposer cette nouvelle taxe aux pays dont les émissions de carbone sont importantes. Bien que l’objectif déclaré de la taxe carbone soit de mettre les producteurs européens sur un pied d’égalité avec leurs homologues étrangers, elle augmentera également le coût de l’acier, de l’aluminium et d’autres marchandises.

Le point de vue de la Chine sur la nouvelle taxe reste inchangé

La Chine s’oppose depuis un certain temps déjà à la taxe carbone de l’UE. Toutefois, il y a quelques jours, l’association sidérurgique du pays, soutenue par l’État, est allée jusqu’à qualifier la taxe de « nouvelle barrière commerciale ». Dans le même temps, l’agence de presse Reuters a rapporté que l’Association chinoise du fer et de l’acier (CISA) souhaitait de nouvelles discussions avec l’UE sur la question.

Selon l’organisme représentatif, la nouvelle taxe ne tient pas compte des différentes phases de développement dans les différents pays. Elle a ajouté que la taxe allait à l’encontre du principe des responsabilités communes mais différenciées. En effet, certains analystes prévoient que la taxe carbone pourrait augmenter le coût des produits sidérurgiques de 4 à 6 %, voire plus. Cela suffirait à rendre les exportations chinoises non viables.

L’Inde désapprouve également la taxe carbone

Tout comme son voisin, l’Inde désapprouve la nouvelle taxe européenne, affirmant qu’elle nuirait à ses exportations. Le ministre du commerce et de l’industrie, Piyush Goyal, a récemment déclaré que la taxe était « mal conçue », ajoutant que l’UE s’en rendrait compte dans les jours à venir et devrait abandonner complètement l’idée. Des réunions ont déjà eu lieu entre les différents organismes commerciaux, les fabricants et le gouvernement au sujet de la taxe. Comme la Chine, l’Inde a également souligné que le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) n’attribuait pas de valeurs différentes aux différents stades de la production dans des pays distincts.

Le ministre indien a également déclaré que le gouvernement trouverait une solution, très probablement une taxe nationale équivalente à la taxe européenne. Il pourrait alors utiliser ces nouvelles recettes pour la transition vers les énergies vertes. Il a souligné que cette solution aiderait indirectement les entreprises indiennes qui exportent à réduire leur empreinte carbone en passant à une production d’énergie plus propre. À terme, il n’y aurait plus besoin du CBAM.

Alors que l’Inde envisage une taxe intérieure pour contourner le problème, la Chine continue de faire allusion à l’imposition de mesures de protection commerciale similaires pour sauvegarder les intérêts de ses propres producteurs nationaux. Quoi qu’il en soit, le nouveau régime ouvrira probablement une nouvelle période d’incertitude, de frictions et de risques dans le secteur.

L’Inde et la Chine alternent les mesures proactives et réactives

Les deux pays espèrent que l’UE réexaminera la taxe, voire la supprimera complètement. À tout le moins, ils espèrent que l’organisation reconsidérera attentivement les coûts et les défis opérationnels pour les consommateurs en aval en raison de la modification de la structure des importations. À un moment donné, l’Inde a même menacé de saisir l’Organisation mondiale du commerce au sujet de la taxe carbone.

Cela dit, le ministère chinois de l’environnement a récemment demandé à ses grands pollueurs industriels d’intensifier leurs déclarations d’émissions. Selon Bloomberg, il s’agit de préparer l’industrie à la taxe carbone. Pour rester en conformité, les producteurs de sept secteurs, dont l’acier et l’aluminium, qui rejettent plus de 26 000 tonnes de CO2 par an, doivent vérifier leurs données 2022 d’ici décembre de cette année.

En revanche, l’Inde continue de s’interroger sur la logique d’une tarification du carbone au même niveau en Inde qu’en Europe. Toutefois, le gouvernement espère que s’il peut taxer localement et affecter les recettes à la transition vers l’énergie verte, il pourra annuler tout avantage non compétitif des exportations indiennes vers l’Europe.

Traduction d’Oil Price par Aube Digitale

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