Henri LACORDAIRE (1802-1861), Sermon à la chaire de Notre-Dame (1848)
Comme les lecteurs le savent, je viens de publier un livre : La Vérité vous rendra Libre, aux éditions Pierre de Taillac. Mais comme les lecteurs ne le savent pas, il m’est arrivé d’écrire des livres, mais beaucoup plus souvent d’en lire.
Et dans les derniers jours, j’ai lu deux livres qui m’ont touché au cœur.
Le premier, écrit par Mathieu Bock – Coté (celui qui a l’accent Canadien sur CNews), a pour titre « le Totalitarisme sans le Goulag » et est publié aux éditions LaCité, le second, par Ghislain Benhassa, aux éditions l’Artilleur, a pour titre « le référendum impossible » et un sous- titre « Comment faire taire le Peuple ».
- Le premier auteur, Québécois et fier de l’être, est sans aucun doute l’un des meilleurs sociologues écrivant en Français dans le monde d’aujourd’hui.
- Le second, Docteur en Droit Public, avocat, enseignant à l’Université de Strasbourg est un juriste qui s’intéresse énormément à l’influence du Droit sur la Société.
- Et enfin, votre serviteur (moi) est économiste de formation, spécialisé dans les marchés financiers et mon but a toujours été de comprendre comment la rentabilité marginale du capital dans les différents pays du monde évoluait pour savoir où et comment investir.
Eh bien, ces trois livres (dont je ne saurais trop recommander la lecture, en particulier ceux de Bock- Coté et de Benhassa) s’essaient à répondre à la même question : Qu’est-il en train d’arriver à notre façon de penser le monde ?
Et la réponse du sociologue, du juriste et de l’économiste est la même sur le fond, aussi curieux que cela puisse paraître et bien que les formes en soient très différentes.
Les questions que se posent ces trois auteurs sont les suivantes :
- Nos sociétés (Chrétiennes) sont fondées sur la primauté de l’individu sur le groupe auquel il est censé appartenir. Thomas Sowell est un grand économiste au même titre que Milton Friedman. Le fait que le premier soit noir et le deuxième juif n’a aucun intérêt.
- Cette réalité implique que la parole de chaque individu vaut « en elle-même » et doit être respectée.
- Ce qui suppose que cette parole soit libre de toute contrainte, en excluant les injures et les menaces bien entendu. Si injures et menaces ont lieu, la Loi, égale pour tous, s’applique à posteriori et jamais à priori. Dans ce cadre, les lois mémorielles sont une saloperie.
- Cette nécessité de la parole libre implique donc que l’institution qui a le monopole de la violence légale, l’Etat, ne s’arroge jamais le droit de me faire taire.
- Ce qui veut dire le seul régime politique qui soit acceptable est la République Constitutionnelle, c’est-à-dire le gouvernement par le Peuple et pour le Peuple, les votes du peuple étant encadrés par une Loi Fondamentale, appelée Constitution, pour éviter que la Démocratie ne se transforme en dictature et en oppression des minorités.
Or que se passe-t-il aujourd’hui ?
La réponse des trois auteurs est la même : Une addition de minorités s’est emparée des pouvoirs politiques, économiques, universitaires, médiatiques, culturels et ces groupes, minoritaires dans la société, entendent empêcher la majorité d’appliquer ses préférences.
De la protection nécessaire des minorités, nous sommes passés à la dictature des minorités, la logique étant que la majorité a toujours été tyrannique et qu’il faut donc lui enlever tout pouvoir pour que les minorités puissent enfin s’épanouir librement.
Toute décision prise par la majorité de façon parfaitement constitutionnelle est donc illégitime si elle heurte les désirs de l’une ou l’autre minorité qui se posera toujours en victime des décisions prises par la majorité.
Et parallèlement à ces attaques au principe même de l’égalité devant la Loi, les citoyens perdent la possibilité d’établir la Loi au niveau national, cette prérogative leur ayant été enlevée par des autorités supranationales à qui ont été transférées cette souveraineté.
Des tribunaux hors sol ont été créés pour assujettir les Droits Nationaux a un droit international élaboré par des parlements qui ne représentent qu’eux-mêmes.
La Souveraineté qui ne trouve sa légitimité qu’au niveau de la Nation conçue comme une volonté de vivre ensemble a été transférée de fait et de droit à des organisations internationales (Europe, ONU, OMS, NATO) que personne ne contrôle si ce n’est des fonctionnaires internationaux dont personne ne comprend comment ils sont arrivés là et surtout comment l’on pourrait sans débarrasser.
Et enfin, dans le domaine économique, les tribunaux internationaux et les organisations internationales mentionnées plus haut ont tout fait pour que naissent et prospèrent d’immenses monopoles (Microsoft, Amazon, Google etc…) tandis qu’une centralisation monétaire telle que l’euro a enlevé à une grande partie des nations européennes la principale des souverainetés, celle sur la monnaie.
Et les trois auteurs s’essayent à décrire le mode opératoire de ces atteintes à nos souverainetés, chacun selon leurs compétences particulières
- Bock- Coté analyse de façon remarquable la prise de pouvoir par des minorités dans les mondes des media, des universités et de la culture.
- Benhassa lui s’intéresse à la façon dont les juges ont pris le pouvoir et créent le droit à la place d’appliquer la Loi. Il se penche aussi sur les abandons de souveraineté qui fait que la Constitution n’est plus au sommet de l’ordre juridique national, sans que personne ait demandé son avis au peuple. Nous sommes aujourd’hui non plus en démocratie mais sous un gouvernement des juges.
- Quant à moi, je me suis intéressé à la façon dont les représentants non élus du complexe militaro- industriel ont assujetti le pouvoir politique en s’appuyant sur l’immense pouvoir des nouvelles technologies.
Et donc, nous avons une « classe » au sens Marxiste du terme qui a émergé et qui regroupe les diffuseurs de la pensée unique (parfois appelés journalistes), les marchands d’armes, les hommes politiques professionnels, les grands monopoles, le personnel des instances internationales…
Cette classe a pris le contrôle des médias et de la politique en s’appuyant sur une justice rendue par des tribunaux sans aucune légitimité populaire.
Et pour que le système ait quand même une apparence de soutien, cette classe crée et entretient grassement toute une série de mouvements de mécontents dont les griefs sont mis en musique par les universitaires de service, faisant monter une nouvelle organisation à chaque occasion, en commençant par « touche pas à mon pote » il y a longtemps déjà, en passant par les « indigènes de la République » et en terminant par Black Lives matter ou les mouvements du type LGBTQ+.
Et tout cela est en train d’amener à la dissolution de nos Nations
Que se passe t’il donc au niveau « métapolitique « pour expliquer que ces gens-là soient en train de réussir ?
Voici mon explication qui vise aussi à expliquer la citation de Lacordaire que j’ai mise comme titre à cet article.
Dans un livre que j’ai publié il y a plus de 10 ans, « C’est une révolte, non Sire c’est une Révolution », j’expliquai que nous rentrions dans la troisième révolution des systèmes de production dans l’histoire de l’humanité, celle de la connaissance.
Elle suivait la révolution agricole de la préhistoire et la révolution industrielle qui commença en Grande Bretagne au XVIII -ème.
Et comme le comprend fort bien Marx, l’infrastructure économique détermine toujours la superstructure politique.
Ainsi la révolution industrielle anglaise du XVII -ème siècle amena un peu partout à la démocratie représentative et à l’Etat Nation.
Pourquoi ce modèle est-il en train de se briser ?
La réponse est simple : Parce que, dans le monde industriel, la valeur ajoutée créée par les usines apparaissait toujours de façon géographique dans un pays ou dans un autre, et cette valeur pouvait donc être taxée sur place par un Etat et servir à couvrir les besoins de la nation.
Dans l’économie de la connaissance, qui est en train de remplacer l’économie industrielle, la valeur ajoutée apparaît là où elle est le moins taxée… en Irlande, dans un paradis fiscal…
Le processus de taxation de la valeur créée par une entreprise s’est donc affranchi complètement de toute géographie et les créateurs de ces valeurs ajoutées ne voient pas du tout pourquoi ils devraient subir des prélèvements de tel ou tel état.
Et donc, ils cherchent à empêcher cette taxation en créant en haut des organisations internationales qui feront ce qu’on leur dira pour protéger les nouveaux riches et en bas des protections particulières à certains groupes, pour éviter que la Loi ne s’applique également à tout le monde et empêcher la majorité de s’exprimer..
Pour être clair, leur but essentiel est de détruire les Nations et les ordres juridiques nationaux pour les remplacer par un ordre juridique international et tribal qu’ils contrôleraient.
Pour faire simple : Bill Gates et Mélenchon, même combat, le deuxième étant l’employé du premier.
Mais comme l’avait fort bien vu Lacordaire, cela laisse les pauvres, les faibles, et les serviteurs sans aucune protection et soumis au bon vouloir de la classe dirigeante puisque maintenant la Loi n’est plus faite pour protéger les damnés de la terre mais par les maîtres ?
Au XIX -ème la réponse fut la création de syndicats ouvriers
Aujourd’hui, la réponse ne peut être que la création de syndicats d’états nations indépendants qui réservent l’accès à leurs territoires à ceux qui respecteront leur droit domestique.
Il faudra donc supprimer toutes ces cours internationales qui sont aux ordres de puissances non nationales et non démocratiques.
La réalité est que nous rentrons à toute allure dans un conflit gigantesque entre les Etats- Nations et les Microsoft ou Pfizer de ce monde et que le salut ne peut venir en ce qui concerne nos libertés individuelles que du personnel politique d’Etats Nations qui n’ont pas encore été corrompus par les globalistes et qui s’allieront au personnel politique de l’état d’à côté si cet état a lui aussi viré les vendus.
La vraie résistance à ces nouveaux pouvoirs a déjà commencé et vient de ce qu’il est convenu d’appeler les BRICS.
En fait,, je vois mal XI Jingpin , Modi ou Poutine obéir aux ordres de Bruxelles, de Washington ou de la CEDH.
En plus, l’ennui est que ces pays qui veulent maintenir leur souveraineté ne sont pas vraiment des parangons de l’état de droit.
Bâtir un nouvel ordre juridique international en s’appuyant sur ces grandes figures paraît donc quelque peu hasardeux.
Il me semblerait préférable que la France, l’Espagne, l’Italie… fassent comme la Hongrie et se débarrassent de leurs chaînes, telles Gulliver, et réapprennent à ces entités que l’Etat-Nation est par essence supérieur à ces nouveaux prédateurs, un peu comme Theodore Roosevelt le fit avec la Standard Oil.
Mais cela ne pourra se faire que si nous réussissons d’abord à nous débarrasser de notre personnel politique et juridique au pouvoir, vendu corps et âme aux Standard Oil d’aujourd’hui.
Et si nous n’y arrivons pas, l’Etat Français et la France seront parmi les victimes de la troisième révolution et disparaîtront, un peu comme les Bourbon, les Habsbourg et les Hohenzollern car comme ces familles régnantes d’autrefois, ils ne sauront pas s’adapter à la révolution industrielle qui les emportera.
« Nous autres, Civilisations, savons aujourd’hui que nous sommes mortelles «
Paul Valery,
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