De Nantes aux montagnes pyrénéennes, il semblerait, d'après Alain Tranchant, que le couvercle de la cocotte-minute ne soit pas loin de sauter....
L'AVIS TRANCHANT D'ALAIN - C'est une tribune d'un genre tout à fait particulier que je propose aux lectrices et aux lecteurs de France-Soir. Pour une fois, c'est en effet à partir d'éléments de la vie personnelle, qui n'intéressent ordinairement personne, que se trouvent abordés les grands sujets de préoccupation exprimés par le peuple français.
Depuis vingt ans, en somme depuis la canicule de 2003, où nous nous trouvions à Sarlat, mon épouse et moi-même avons l'habitude de prendre nos quartiers d'été, ou désormais de fin d'été, dans la montagne pyrénéenne. Si les journées y sont régulièrement belles et chaudes, la température baisse dès le coucher du soleil et les nuits sont évidemment plus fraîches dès que l'on se trouve un peu en altitude.
Bien sûr, nous profitons du beau temps pour entretenir notre condition physique par des heures de marche, mais cela ne nous empêche pas de suivre l'actualité régionale, nationale et internationale. Quand on est un observateur attentif de la scène publique, on ne débranche jamais totalement ...
En Gironde, deux femmes non vaccinées
Privilège du statut de retraité, rien ne nous contraint à battre des records de vitesse pour rejoindre notre point de chute pyrénéen. Et la France est si belle que nous en profitons pour mieux la connaître.
Partis de Loire-Atlantique, nous effectuons donc un premier arrêt en chambre d'hôtes sur les bords de la Gironde. Comme c'est l'usage, nous partageons le petit déjeuner avec les autres résidents de la nuit. En l'occurrence, deux femmes, deux sœurs de Charente-Maritime parties à la découverte d'oiseaux. Elles se reconnaîtront si elles "tombent" sur cet article.
Comment le sujet vient-il à être abordé ? Je ne saurais le dire avec précision. En tout cas, pas à mon initiative. L'une des deux sœurs s'adresse à ma femme pour lui dire, avec infiniment de précaution : "Nous ne sommes pas vaccinées contre le Covid". Évidemment, nous ne refusons pas la discussion, et nous apprenons ainsi que ces deux personnes ont suivi, et suivent encore, avec attention les travaux du Conseil scientifique indépendant. Elles expriment leur respect pour les professeurs Perronne et Raoult et saluent leur "courage" pour avoir mené la résistance à la pensée unique. Sans nous connaître, nous sommes vraisemblablement plus nombreux qu'on ne veut bien le dire à avoir refusé le conformisme et détesté les privations de libertés qui ont été imposées de manière plus qu'autoritaire au peuple français.
Au moment où j'écris ces lignes sous le soleil pyrénéen, il n'est que trop évident que le "quoi qu'il en coûte" a été une véritable gabegie. Je repense à Christian Perronne, devant ses partisans à Nantes : "Trois mois et 400 milliards". En soignant les malades, au lieu de demander aux médecins de ne pas faire leur métier, l'affaire était résolue en 3 mois, et 400 milliards d'euros étaient économisées… qui éviteraient au pouvoir d'envisager de ponctionner les caisses de retraites complémentaires du secteur privé de manière scandaleuse.
Je ne peux m'empêcher de dire à nos interlocutrices combien je trouve inadmissible l'attitude des syndicats de médecins. Ils auraient dû se lever contre cette atteinte historique au serment d'Hippocrate.
Au moment de prendre congé - le petit déjeuner a duré ! - je me fais bien sûr un devoir de leur conseiller la lecture de France-Soir, phare dans la nuit lugubre du Covid-19, qui m'a si généreusement ouvert ses colonnes. Occasion d'ailleurs de confirmer d'une manière générale aux lectrices et aux lecteurs de France-Soir, d'une manière particulière à mes propres amis, que les contributeurs - dont je m'honore d'être - ne bénéficient d'aucune rétribution. Ce qui est très bien ainsi. Opportunité aussi d'adresser un très grand merci à Xavier Azalbert et à son équipe rédactionnelle.
Dans les Landes, un enseignant indigné et une hôtelière favorable au rétablissement de la peine de mort
Poursuivant notre route, nous voilà dans un petit village des Landes, à l'heure d'un déjeuner que nous ne prendrons pas. En léger retrait de la route, une boulangerie-pâtisserie dotée d'une belle terrasse retient notre attention. Nous pouvons y prendre une collation bienvenue. Il est tout de même 14 heures. Alors que ma femme est à l'intérieur du magasin, attablé sur la terrasse - avec un œil sur la voiture ouverte, il fait chaud ! - je vois se diriger vers moi un homme venant acheter son pain manifestement désireux de me parler.
Comme il a vu l'immatriculation de la voiture : 44, il me demande : "Vous êtes de Nantes ?". Je lui réponds bien sûr : "Oui". Il me fait alors part de son histoire personnelle, sur laquelle je passerai. Je retiens seulement qu'il a fait ses études supérieures à Nantes, qu'il enseigne à l'université, mais que pour rien au monde, il ne voudrait que ses enfants soient élevés à Nantes, dont l'image - hélas ! c'est la vérité - a été fortement dégradée depuis plusieurs années. En cette nuit du 9 au 10 septembre, vingt voitures ont été brûlées dans un quartier de l'ancienne Venise de l'Ouest. Quelques jours plus tard, le tramway nantais sera le théâtre d'un rodéo à motos...
Cet enseignant me fait part de son indignation devant le "pas de vagues" qui est, depuis des années, la doctrine non avouable, donc non avouée, du ministère de l'Education nationale. Suite aux récentes émeutes, il me dit sans détour que, dans son village, ses voisins et lui-même sont bien décidés à s'organiser en véritable milice si l'on entendait s'en prendre à leurs biens. Selon lui, si on n'aime pas la France, son art de vivre et ses traditions, alors on la quitte.
Nous nous séparons en échangeant sur notre commune conviction que le monde politique est davantage animé par des intérêts de boutique que par la recherche de l'intérêt national. Ce qui explique, au demeurant, la réélection d'Emmanuel Macron, qui ne sait du reste pas quoi faire de son deuxième mandat et... en voudrait un troisième que, fort heureusement, nos institutions lui interdisent. A défaut, mon interlocuteur est convaincu qu'il vise la présidence de l'Europe.
Je ne suis pas au bout de mes surprises. Discutant le soir-même avec la patronne de l'établissement où nous allons passer la soirée et la nuit, et alors qu'à nouveau une femme vient d'être tuée, je l'entends encore nous dire : "Puisqu'il n'y a plus de sanctions et que les délinquants ne craignent rien, j'ai dit à mon mari qu'il faudrait rétablir la peine de mort".
J'ai l'âge de me rappeler le grand débat qui était celui de la peine de mort, y compris dans les facultés de droit, avant son abolition par François Mitterrand et Robert Badinter. Les tenants de l'abolition juraient que la prison à perpétuité serait bien plus dissuasive au moment du passage à l'acte que la peine de mort. La réalité, c'est qu'aucune sanction n'est venue remplacer la peine de mort, qui faisait tout de même réfléchir certains criminels, qui le reconnaissaient eux-mêmes.
Revenir devant le peuple français
De ces trois rencontres, de ces trois dialogues que je n'ai nullement suscités, mais aussi à partir de discussions que j'ai pu avoir avec "la France d'en bas", pour reprendre le mot de Jean-Pierre Raffarin, où j'ai pu mesurer le degré de rejet du chef de l'Etat et de son gouvernement, je retire une conclusion : notre pays est une cocotte-minute dont le couvercle, bien vissé, menace de sauter d'un instant à l'autre. Président de la République, Valéry Giscard d'Estaing estimait qu'il convenait de réunir "deux Français sur trois" pour gouverner le pays. Or, des sondages répétés nous apprennent que 66 % des Français - deux Français sur trois, donc - ne font pas confiance à Emmanuel Macron. Il n'y a bien que lui pour être étonné d'avoir été si copieusement hué et sifflé lors de l'ouverture de la Coupe du monde de rugby.
Un an avant la chute du mur de Berlin, je me trouvais - en septembre - en voyage à Prague. Avec des amis, nous sommes allés un soir prendre un verre, après le dîner, dans une taverne de cette belle capitale. J'ai toujours regretté de ne pas avoir rédigé un papier que j'aurais intitulé : "Retour de Prague". J'y aurais écrit, sans évidemment donner de date, que la chute du régime communiste était programmée. A l'attitude de la jeunesse qui était là, on sentait que le couvercle de la marmite était si férocement fermé qu'il allait éclater. En ce mois de septembre 2023, la situation de la France me fait penser à cela. A l'évidence, un retour aux urnes serait infiniment préférable à des mouvements incontrôlables dont on ne sait qui sortirait vainqueur.
Alors que ce texte, avec son titre, a été écrit le 10 septembre, quelques jours plus tard, je lis dans le Figaro du 20 septembre une déclaration de Philippe Bas, sénateur de la Manche, ancien secrétaire général de la présidence de la République sous Jacques Chirac, relevant la grande inquiétude des élus locaux "qui dénoncent une tutelle accrue des administrations et un manque de moyens, notamment depuis la suppression par Emmanuel Macron de la taxe d'habitation". Il concluait : "Nous ne sommes plus loin de l'explosion de la cocotte-minute."
Dans un cas, c'est un sondage grandeur nature qui atteste que les Françaises et les Français expriment leur exaspération et leur défiance envers un pouvoir incapable d'assurer leur sécurité, première des libertés, et d'abord celle d'aller et venir mise à mal durant la pandémie. Dans l'autre, ce sont les élus locaux qui s'élèvent contre l'atteinte majeure portée au principe de la libre administration des collectivités territoriales. A l'évidence, la coupe est pleine, sans même parler de la hausse continue des prix de l'alimentation, de l'électricité, des carburants, qui rend chaque jour plus difficile la vie de nombreux Français, ou de la crise du logement dont le pouvoir ne semble pas mesurer les conséquences potentielles.
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