Le modèle de deuil de Kuebler-Ross décrit le mécanisme d’adaptation humain permettant de faire face à des situations extrêmement difficiles. Il comporte cinq phases :
- le déni – “Non, pas moi, ça ne peut pas être vrai“
- la colère – “Pourquoi moi ?“
- le marchandage – tentative de retarder la mort par un “bon comportement“
- la dépression – en réagissant à la maladie et en se préparant à la mort
- l’acceptation – “Le dernier repos avant le long voyage“.
En ce qui concerne la contre-offensive ukrainienne, la dernière phase du modèle de deuil a été atteinte.
Si tous les hommes politiques n’en sont pas encore là, les spécialistes de l’armée et du renseignement, qui font partie des équipes de propagande occidentales, ont tiré leurs conclusions. De leur bouche, la vérité s’écoule vers les médias. Même si les titres ci-dessous ne l’expriment pas, le contenu de ces articles, en particulier les quatre premiers, admet enfin l’évidence. Cela n’a pas fonctionné et la contre-offensive est terminée :
- Combattre les défenses russes dans l’offensive ukrainienne de 2023 – RUSI – 4 septembre
- Persévérance et adaptation : La contre-offensive ukrainienne après trois mois – War on the Rocks – 4 septembre
- Les Russes s’améliorent – Ce que Moscou a appris en Ukraine – Foreign Affairs – 6 septembre
- Comment le Pentagone évalue les progrès de l’Ukraine – The Economist – 6 septembre
- Un responsable des services de renseignement américains : Les médias trompent les Américains sur les succès de l’Ukraine sur le champ de bataille – Hersh via Scheerpost – 7 septembre
- L’OTAN tire des leçons difficiles sur son avenir en Ukraine – Asia Times – 7 septembre
- Comment la position héroïque de l’Ukraine contre la Russie pourrait se solder par un échec – 1945 – 7 septembre
- Les progrès de l’Ukraine : Une brèche ou une percée dans les lignes russes ? – War on the Rocks – 8 septembre
- Comment la Russie a appris de ses erreurs pour ralentir la contre-offensive de l’Ukraine – Washington Post – 8 septembre
Simplicius a décortiqué plusieurs des articles ci-dessus et constate qu’ils admettent finalement que le problème est un échec :
De nouveaux rapports occidentaux catastrophiques appellent à abandonner les tactiques de l’OTAN
Plus un tour d’horizon d’autres éléments du moulin de la propagande occidentale
Rien de ce qui précède n’est nouveau pour les lecteurs de Moon of Alabama. J’ai peut-être contribué à vous épargner de la peine en ne m’accrochant pas à un récit, mais à la réalité du champ de bataille :
- L’échec de la contre-offensive ukrainienne – 16 juin
- La contre-offensive ukrainienne n’avait aucune chance. L’OTAN n’a pas su l’expliquer. – 23 juin
- La réalité bat en brèche le récit de guerre – 18 juillet
- SitRep Ukraine. La fin de la contre-offensive – 11 août
L’issue de la contre-offensive contre les lignes de défense russes renforcées était prévisible (écrit en 11 mai !) :
Dans les livres militaires, on parle de “défense échelonnée“, avec trois lignes de positions bien préparées, distantes de dix kilomètres les unes des autres. Chaque ligne est constituée d’obstacles pour les chars, de ceintures de mines, de positions antichars préparées pour surveiller et contrer les tentatives de percée potentielles et d’un soutien d’artillerie bien préparé depuis l’arrière de la ligne de défense suivante.
Il est pratiquement impossible d’ouvrir une telle brèche sans soutien aérien et sans un avantage significatif en matière d’artillerie.
Mais les Ukrainiens ont fait pire que ce que je pensais. L’action retardatrice de l’armée russe les a arrêtés avant même qu’ils n’atteignent la première ligne de défense.
La suite des événements a été prédite ici même le 5 juin, le jour où la contre-offensive a été lancée :
Je soupçonne fortement l’armée russe de laisser les attaques ukrainiennes suivre leur cours pour ensuite lancer ses propres attaques à plus grande échelle contre les défenses ukrainiennes affaiblies.
Mais à ce jour et malgré de lourdes pertes, l’armée ukrainienne continue de se heurter de plein fouet à un mur de tirs russes et à des barrières en béton. Elle pourrait bien continuer ainsi pendant encore quelques semaines, jusqu’à ce que la saison des pluies s’installe. Cela réduira les risques d’une nouvelle attaque russe. Je n’ai encore aucune idée de ce qui pourrait se passer à la place d’une telle attaque.
Pour faire face à la situation et aux mauvaises nouvelles, les États-Unis vont maintenant envoyer une nouvelle arme miracle, les missiles ATAMCS, dont la portée peut atteindre 300 kilomètres. Il existe plusieurs variantes de ces missiles, mais l’armée américaine n’acceptera de céder que les plus anciens, et seulement quelques-uns d’entre eux. Les missiles sont guidés par GPS, ce qui a peu de chances de fonctionner, car la Russie dispose de suffisamment de moyens de guerre électronique pour perturber ces signaux. Certains de ces missiles seront simplement détournés de leur cible. Certains seront abattus par les défenses aériennes. D’autres encore passeront au travers. L’ogive de 230 kilogrammes peut créer de véritables dégâts si elle frappe un grand quartier général.
Mais il ne faut pas oublier que les forces russes utilisent désormais régulièrement des bombes planantes FAB 500, qui contiennent près de 500 kilogrammes d’explosifs. Les FAB 1500, plus grosses, ont également été testées et sont prêtes à être déployées. Les nouveaux missiles ATAMCS ne modifieront donc pas l’équilibre des forces.
L’ancien ambassadeur MK Bhadrakumar perçoit des bruits diplomatiques qui pourraient indiquer la tenue prochaine de pourparlers.
On entend des craquements de glace sur le lac gelé des relations américano-russes
Des pourparlers pourraient bien s’ensuivre, mais je ne m’attends pas à un accord. La Russie maintiendra ses exigences et les États-Unis ne seront toujours pas disposés à les satisfaire. Ils ne déboucheront même pas sur un cessez-le-feu.
Moon of Alabama
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