La «guerre cognitive» contre sa propre population
Pour s’orienter dans le monde d’aujourd’hui, il faut apprendre à distinguer et à évaluer plus précisément les informations. Le débat sur les «fake news» a montré que toutes les informations ne pouvaient pas être prises pour argent comptant. Mais toutes les dites «fausses nouvelles» ne sont pas fausses. Depuis la guerre en Ukraine, il s’agit manifestement d’obtenir la souveraineté d’interprétation dans les esprits des diverses populations. Les habitants des différents pays doivent être mobilisés pour cette guerre – qui porte désormais des caractéristiques mondiales.
Les gens ne font pas la guerre de leur plein gré. La guerre signifie la mort, la mutilation, la fuite, la perte de la patrie, la destruction, la faim, la souffrance morale, etc. Aujourd’hui déjà, nos Etats européens se ruinent pour la guerre entre la Russie et l’OTAN, en Ukraine: d’une part, en s’endettant fortement pour financer des livraisons d’armes provenant de leurs propres stocks ou alors des producteurs d’armes américains et, d’autre part, pour subvenir aux besoins de millions de réfugiés.
Des coûts de guerre déjà exorbitants
D’autre part, le renchérissement de l’énergie (à la suite de la destruction des gazoducs Nord Stream et de la «transition énergétique»), le détachement de nos pays de l’espace économique russe – et à l’avenir probablement aussi chinois – conduit à la destruction durable du tissu industriel allemand et de sa classe moyenne, et donc à la perte de millions d’emplois dans toute l’Europe. Finalement, et c’est le plus grand facteur négatif pour tout un chacun: le risque d’un échange direct de frappes guerrières est réel, que ce soit avec des armes conventionnelles ou nucléaires.
«Vouloir» la guerre
Pour entrer en guerre ou y participer, il faut exercer une influence psychologique massive sur la population. – Et dans ce domaine, des «progrès» considérables ont été accomplis. – Il faut «convaincre» la population de la «nécessité» d’accepter des pertes matérielles, voire humaines, pour «la bonne cause». Personne ne part en guerre uniquement suite à des pressions légales, des amendes ou des peines de prison. Outre le «hard power», on utilise donc le «soft power».
Le «soft power» – la «publicité», les «relations publiques (RP)» ou l’ancien terme de «propagande» – doit être planifié, bien dosé et ciblé pour susciter un état de préparation à la guerre dans la population. Certaines techniques utilisées pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale dans les domaines de la presse écrite, des manifestations de masse ou de la radio sont encore clairement reconnaissables aujourd’hui.
De Goebbels aux Relations Publiques modernes
Mais plus de 80 ans se sont écoulés depuis l’apparition du «Volksempfänger» [litt. «récepteur du peuple»], un poste de radio allemand, conçu, à l’instigation de Josef Goebbels. Et depuis, les RP ont connu un développement fulgurant. Des méthodes et des techniques développées et affinées pendant des décennies dans le domaine de la publicité pour des produits ou pour des campagnes électorales sont aujourd’hui utilisées pour modifier de manière insidieuse et inconsciente les sentiments et les comportements de la population en faveur de la participation à la guerre.
Ainsi, les techniques d’influence de masse sont actuellement devenues un sujet d’intérêt général. Plusieurs nouvelles publications sont apparues récemment sur le marché. Le besoin de jeter un coup d’œil dans les coulisses de l’influence de l’opinion dirigée par l’Etat est pressant. Car personne ne souhaite être «influencé» à son insu.
Personne ne souhaite être influencé à son insu
Nous souhaitons donc attirer l’attention sur deux nouvelles publications fort intéressantes. Dans son petit ouvrage «Moderne Propaganda. 80 Methoden der Meinungslenkung» [La propagande moderne. 80 méthodes pour orienter l’opinion publique], Johannes Menath présente succinctement les méthodes de RP les plus courantes. Il parvient à introduire le sujet et à éveiller une conscience des techniques de manipulation. Le lecteur est stupéfait par la multitude des méthodes. Menath nous guide ainsi à travers différents siècles et différents domaines scientifiques, tels la sociologie, la psychologie, etc.
Comment se protéger
Dans la première partie, l’auteur présente certaines méthodes, comme par exemple la «division», comme méthode pour affaiblir les leaders d’opinion indésirables. Pour ce faire, il choisit souvent des citations appropriées, comme celle de Niccolo Machiavelli au sujet de la «division»: «Les Romains menaient très bien leur affaire dans les provinces conquises, y envoyaient des colonies, soutenaient les faibles sans les rendre forts, humiliaient les puissants et ne laissaient pas s’installer la réputation d’étrangers puissants.» (Menath, p. 27).
En outre, l’auteur se penche sur la propagande en général et fait part de ses réflexions personnelles sur la manière de s’en protéger. Un livre passionnant à lire.
La guerre cognitive
La publication intitulé «Kognitiven Kriegsführung» [La guerre cognitive] par Jonas Tögel vient de paraître. L’auteur nous présente les développements de la «guerre cognitive» de l’OTAN depuis 2020 – y compris contre ses propres populations. Toutes les explications sont étayées en détail par de nombreuses sources. Jonas Tögel défend un point de vue différencié et humain. Ainsi il arrive à démontrer l’ampleur de l’utilisation abusive des sciences psychologiques à des fins de guerre. Tögel parcourt historiquement et systématiquement l’histoire de la «propagande» pour finalement exposer les dérives actuelles d’une guerre totalement pervertie.
Aimer l’asservissement?
Pour caractériser la «guerre cognitive», Tögel cite Aldous Huxley dans une interview de 1958: «Les dictatures du futur seront très différentes des dictatures que nous avons connues dans le passé. […] Elles régneront en obtenant le consentement des personnes qu’elles gouvernent, en contournant le côté rationnel des gens et en faisant appel à leur subconscient, à leurs émotions les plus profondes, de sorte que les gens aimeront même leur asservissement. […] Les dictatures utiliseront des méthodes scientifiques pour manipuler les hommes. […] Le danger sous le nouveau régime est donc que les hommes seront même heureux dans des situations où ils ne devraient pas du tout l’être!»
Jonas Tögel ne laisse pas le lecteur dans le doute et mise sur la raison humaine. En passant en revue les techniques de guerre cognitive actuellement utilisées, l’auteur contribue à identifier ces techniques et donc à les neutraliser.
Robert Seidel
Bibliographie:
Johannes Menath. Moderne Propaganda. 80 Methoden der Meinungslenkung. Zeitgeist-Verlag, Höhr-Grenzhausen 2022 und Jonas Tögel. Kognitive Kriegsführung. Westend-Verlag, Frankfurt 2023
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