L’automne commence à peine et déjà les nouvelles inquiétantes pleuvent. Qu’il s’agisse d’économie mondiale, d’économie nationale, de risques mondiaux létaux, on sent bien que, après plusieurs années de tension, nous arrivons au bout de notre pain blanc. La civilisation occidentale est-elle entrée dans une impasse ? C’est bien possible. En tout cas, des difficultés systémiques se font jour, dont la conjugaison, la simultanéité, trahissent bien l’importance de la crise que nous nous apprêtons à… continuer, si l’on admet l’hypothèse que le COVID en a constitué le signal de lancement, alors il est possible de penser que nous “entrons dans le vif”, progressivement, mais sûrement.
Plusieurs risques systémiques se conjuguent désormais pour mettre la société, et plus généralement le capitalisme occidental, sous tension. Ces risques sont très hétérogènes. Leur simultanéité est comme une combinaison chimique : le risque d’embrasement est considérable… et cataclysmique.
La finance mondiale peut-elle encore tenir longtemps ?
La nouvelle la plus sombre du jour avait été préfigurée et fortement suggérée par le Courrier ce matin : alors que la presse était très incertaine, nous avions quasiment annoncé avant tout le monde la hausse des taux directeurs de la BCE à ses sommets historiques. De fait, les gouverneurs ont décidé que le taux de refinancement des banques passait à 4,5% (ce qui est dissuasif pour ouvrir de nouvelles lignes de crédit), et que le taux de dépôt passait à 4%. Quand on songe que le livret A est rémunéré à 3% et que l’assurance-vie reste à des rendements de 2%, on mesure tout de suite quel gras les banques peuvent dégager grâce à cette opération destinée à juguler l’inflation.
Nous avons, depuis plusieurs semaines, expliqué l’impact fort que la remontée brutale des taux peut avoir sur l’assurance-vie. Il faut ajouter que la brutale montée des taux à des niveaux “historiques” est destructrice pour le secteur du bâtiment et de l’immobilier, comme nous l’avons déjà souligné.
Bref, l’ère de l’argent cher, après dix ans d’argent facile, risque de mettre les soubassements de nos économies en grande difficulté, et quelques gueules de bois au réveil ne sont pas exclues dans les prochaines semaines.
L’énergie, le nerf d’une guerre perdue
Avec la guerre en Ukraine, la crise de l’électricité n’a fait qu’accélérer. Mais, comme nous l’avons dit, le peak oil est l’autre nom de la transition énergétique. Celle-ci donne l’occasion d’une augmentation massive des prix qui précarise fortement les populations et met la production industrielle en difficulté.
Le “sketch” qui s’est déroulé aujourd’hui en France, où l’autorité chargée de la “régulation” du marché de l’énergie a annoncé une hausse de 10 à 20% du prix de l’électricité l’an prochain, aussitôt démentie par Bruno Le Maire, montre bien les difficultés inhérentes à la construction idéologique actuelle. Politiquement, il n’est pas possible d’appliquer les règles normales du jeu, où le prix de l’électricité devrait augmenter beaucoup plus vite que la population ne peut l’admettre.
Là encore, on voit bien que la sobriété énergétique prônée par les écologistes pour “sauver la planète” risque fort de créer un problème politique insoluble lorsqu’elle entrera dans le dur. Les habitudes prises par notre société de consommation effrénée seront difficiles à changer autoritairement..
L’incapacité occidentale à traiter avec la Russie
Il existe évidemment une méthode simple pour commencer à sortir du piège dans lequel nos dirigeants et nos idéologues nous ont fait tomber. Elle consisterait à se sortir de la guerre d’Ukraine.
Nous avons expliqué cette semaine comment les Etats-Unis avaient opéré un repli tactique lors du G20 de New Delhi. Les vassaux – pardon, les “alliés” – européens ont suivi. Il s’agit, dans l’esprit des stratèges washingtoniens, de jouer le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud, au sein des BRICS, contre la Russie et la Chine. Il s’agirait de contraindre la Russie d’entrer le plus vite possible dans une négociation, pour geler le conflit et sauver un petit bout d’Ukraine au service de l’OTAN.
A côté de ce point de vue pseudo-réaliste, les idéologues sont toujours actifs, pour promettre plus d’armes et prétendre qu’on veut faire durer la guerre d’Ukraine.
Il y a pourtant une vieille sagesse des nations qui dit qu’il faut savoir arrêter une guerre. Mais, alors même que l’Ukraine ne peut prolonger la guerre que parce que les USA et l’UE la maintiennent sous perfusion financière, l’Occident semble incapable de reconnaître l’échec des sanctions face à la Russie, l’étendue des pertes ukrainiennes et la misère croissante au sein de nos sociétés.
La quasi-guerre civile américaine
Cela saigne le cœur à constater mais l’Union Européenne est totalement passive dans ce moment historique où le XXIe siècle prend sa configuration pour un demi-siècle. Le lieu de la crise occidentale, ce sont les États-Unis.
Le pays est en quasi-guerre civile. Les Républicains ont lancé une procédure de destitution de Joe Biden, dont le fils, Hunter – on n’ose pas dire “d’ailleurs” tant les liens de corruption entre le père et le fils sont évidents – est lui-même amené à comparaître devant la justice. Enragés, les démocrates essaient d’instrumentaliser le Ministère de la justice pour faire condamner Donald Trump, qui gagnera le scrutin de novembre 2024 si l’establishment ne trouve pas, comme en 2020, un moyen de fausser le scrutin.
En réalité, ce sont deux Amériques irréconciliables qui se font face. D’un côté l’establishment impérialiste, tenu parles néo-libéraux (façon Obama) et les néocons (façon Victoria Nuland). Ce clan est prêt à tout pour rester au pouvoir. En face, une Amérique patriote, chrétienne (qui combat farouchement la pratique de l’avortement), entrepreneuriale, hostile à l’immigration de masse, méfiante face à la guerre permanente.
Comme l’Union Européenne est incapable d’imposer une négociation pour mettre fin à la guerre en Ukraine, c’est la quasi-guerre civile américaine de l’année 2024 qui nous entraînera dans ses aléas. Et ceci d’autant plus que, le Courrier vous l’a indiqué, il existe un vrai risque de crise financière systémique partie des USA.
L’impuissance de la section française de l’Internationale mondialiste
Dans les tempêtes, on aime bien savoir que le gouvernail est fermement tenu. Mais le pilote est bavard, donneur de leçons et discrédité sur la scène internationale. On sent bien les frémissements d’un débat renaissant.
Pour tenter d’échapper au blocage du débat parlementaire, le Rassemblement National et Reconquête ont voulu se lancer tôt dans la campagne des Européennes. Au moment où nous bouclons cet article, Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête, vient d’arriver sur l’île de Lampeduusa pour poser la question de la nouvelle poussée de flux de migrants.
Face à cette initiative de Marion Maréchal, qui laisse augurer d’une campagne mouvementée pour les élections européennes, on est surpris de constater que personne en France -ni en Europe – ne pose la question des origines de ce regain d’immigration, rappelant les vagues transméditerranéennes de 2015.
L’explication par le ”changement climatique” n’existe que dans la tête d’une idéologue comme Ursula von der Leyen. L’explication par les malheurs de l’Afrique ne tient pas la route au moment où le continent a le sentiment de vivre, avec l’appuie russe ou chinois, une deuxième “décolonisation”. L’explication par les passeurs ne suffit pas.
Le fait que les demandes d’asile aient augmenté de 30% dans l’ensemble de l’UE, fait plus penser à la présence d’acteurs politiques (États et ONG) qui jouent contre l’Europe.
Lors des émeutes suivant la mort de Nahel, nous vous avions rassemblé les indices dont nous disposions d‘une tentative étrangère de déstabilisation d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui que la guerre d’ Ukraine joue de moins en moins son rôle de diviseur de l’Europe, on ne peut que s’interroger sur l’existence de forces (USA ? camp pro-russe, intérêts africains ?) qui voudraient utiliser les prochaines élections européennes, en suscitant d’abord une forte poussée des partis anti-immigrationnistes, avant d’essayer de paralyser l’Union, en s’attendant à ce que, pour la n-ième fois, la caste fasse le coup du “rassemblement contre l’extrême droite”.
Plus profondément, on comprend bien l’intérêt de puissances extra-européennes à tenter de casser un peu plus l’Europe en montant les ”communautés” les unes contre les autres et empêchant que redémarre jamais la machine à assimiler.
La France mérite mieux que des manœuvres politiques stériles. Mais la caste au pouvoir, section française de l’Internationale Mondialiste, semble bien impuissante à formuler une stratégie pour répondre aux défis de l’heure.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/09/15/quels-sont-les-grands-risques-civilisationnels-que-nous-courons-cet-automne/
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