L’Occident a mangé son pain bio !

S’efforçant probablement de faire un dernier billet sur le désespoir de la filière bio (frappée d’un recul « de 13 % en volume dans la grande distribution entre janvier et juillet »), l’institut de sondage Circana parle d’un rejet de « l’étiquette élitiste » du bio. Vraiment ?

 

 

Jadis, tout étudiant sortant d’un semestre de sociologie connaissait la différence entre normalité statistique et normalité normative. L’exemple canonique étant la masturbation :

*Dans toute société, il existe une majorité (au moins masculine) d’individus qui (au moins occasionnellement) pratiquent la masturbation : c’est la normalité statistique.

*A de rares exceptions près, dans ces mêmes sociétés, il y existe toujours une majorité (même masculine) pour affirmer ne jamais se masturber : c’est la normalité normative.

L’institut dont Marianne répercute les résultats n’a donc pas forcément manipulé les données : il était sociologiquement prévisible que beaucoup de ceux qui, objectivement, ne peuvent plus se permettre (normalité statistique) le bio (s’)expliquent leur changement d’habitudes par une réaction idéologico-esthétique (normalité normative) à « l’étiquette élitiste » dont pâtirait ce secteur. Et, après tout, pour remettre en cause l’élitisme, quel meilleur moment que celui de l’appauvrissement général ?

L’Occident a mangé son pain bio

Car (rappel pour ceux des lecteurs qui auraient passé les dernières décennies sur une exo-planète) qu’appelle-t-on, au juste, alimentation bio ?

C’est, pour l’essentiel, l’alimentation humaine de l’Ancienne Normalité, telle qu’on peut encore – surtout en-dehors de l’Occident historique – se la procurer, sans label bio, à des prix raisonnables – mais à laquelle les Occidentaux n’ont plus accès.

Etre acculé « au bio » n’est donc que l’un des nombreux aspects précoces de l’inflation rampante (shrinkflation) qui a précédé l’actuelle « inflation » galopante – cache-sexe de l’effondrement monétaire de l’Ouest désindustrialisé.

C’est donc avant tout la conséquence de ce Great Reset qui n’a pas commencé en mars 2020, mais en 1972, lorsque Henry Kissinger (père de Davos), emmenant par la main le petit Nixon voir Mao à Pékin, a mis le pied à l’étrier au Parti Communiste Chinois en vue de la dépossession progressive du monde blanc.

Pendant des décennies, ce programme néo-malthusien est resté politiquement indolore grâce à divers artifices, comme celui consistant à en épargner une couche (toujours plus mince) au sommet de la classe moyenne, qui avait accès au bio. Et maintenant, on arrive dans le dur.

 

Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/09/21/recul-du-bio-etiquette-elitiste-ou-addition-hors-de-prix-par-modeste-schwartz/