06 septembre 2023

Le gouvernement continue de plancher sur un agenda pour sortir de l'ère du pétrole à l'horizon 2040-2045


A moins de trois mois de la COP28, Paris travaille à former une coalition autour d'un échéancier sur la sortie du pétrole. La fin des énergies fossiles, « c'est le cœur de la bataille internationale » pour la lutte contre le changement climatique, selon le chef de l'Etat, qui se réfère aux recommandations du Haut conseil pour le climat : « 2030 pour le charbon et 2040-2045 pour le pétrole ». Cette seconde échéance demandera « un très gros effort » pour la France, dont le mix énergétique dépend encore à plus de 40% des produits pétroliers raffinés.

Alors que la prochaine conférence internationale pour le climat, la COP28, se tiendra dans un peu moins de trois mois à Dubaï aux Emirats arabes unis, septième plus grand producteur d'or noir dans le monde avec 4 millions de barils par jour, Paris travaille à trouver une date de sortie de l'ère du pétrole.

« Nous souhaitons avoir des engagements du secteur gaz et pétrole en matière de baisses des émissions de gaz à effet de serre avec des prises de position sur lesquelles nous allons pousser, probablement un objectif de sortie du pétrole, avec une échéance », a déclaré la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher lors d'une rencontre organisée par l'association des journalistes de l'énergie.

Sortie du charbon en 2030, du pétrole en 2040-2045

Pour l'heure, le ministère ne donne pas davantage de précision sur l'échéance en question, mais renvoie vers les propos d'Emmanuel Macron, interviewé ce lundi sur la chaîne YouTube HugoDécrypte. « Moi, j'ai un objectif et je reprends les termes du Haut conseil pour le climat et de sa présidente : charbon 2030, pétrole 2040-2045 », a lancé le chef de l'Etat, lors d'un long entretien consacrée à l'avenir des jeunes, en rappelant que « le cœur de la bataille internationale [pour la lutte contre le changement climatique, ndlr], c'est la sortie du charbon et du pétrole ». Le président de la République a aussi précisé travailler sur un agenda d'ici la fin de l'année et vouloir le porter « à l'international ».

« Cette COP28, de par son pays hôte, fait que cela cristallise les attentes de la société civile, mais aussi de certains Etats comme la Colombie, sur la sortie des énergies fossiles », commente Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au sein de l'ONG Réseau action climat. « La France pousse dans cette direction car il faut répondre au narratif des pays producteurs, qui est : la demande de consommation reste très grande, donc nous continuons de produire », poursuit-elle. Un discours que reprennent régulièrement les majors pétro-gazières, dont le français TotalEnergies, lequel n'a pas, pour le moment, répondu à notre sollicitation.

Contrer le narratif des producteurs

« Il faut qu'on puisse montrer, nous, côté demande, qu'on a une trajectoire de sortie du pétrole », a insisté en retour Agnès Pannier-Runacher. Alors que la France ne négocie pas en son nom lors des conférences internationales pour le climat, les discussions se faisant à l'échelle de l'Union européenne, Paris s'attelle à mener, en amont de ce rendez-vous, « un travail très important pour convaincre ses alliés européens et extra européens », explique Gaïa Febvre.

Dans cette optique, la France table sur différents rendez-vous diplomatiques, dont le G20 qui se tiendra ce week-end en Inde ou encore la préCOP, programmée le 5 et 6 octobre prochains en Pologne. Parvenir à former, avant la COP, une coalition sur cette question rassemblant de grands pays consommateurs permettrait « d'envoyer un message fort » et de donner le ton aux négociations, estime Gaïa Febvre.

« Un très gros effort pour la France »

A l'échelle de la France, Emmanuel Macron a estimé que Paris était capable de sortir du charbon à l'horizon 2030 grâce aux « renouvelables et au nucléaire », qui permettent de produire de l'électricité sans émettre de CO2. En revanche, le chef de l'Etat a reconnu que la sortie du pétrole représenterait « un très gros effort ». Et pour cause, aujourd'hui, les produits pétroliers raffinés (importés en très grande majorité) représentent encore plus de 40% du mix énergétique tricolore.

D'où l'importance de mettre en place un plan de transition juste. « Il faut prendre le temps de construire un plan dans lequel sont consultés les travailleurs des secteurs les plus émetteurs ou encore les personnes situées dans les zones rurales et donc très dépendantes de leur voiture », pointe Gaïa Febvre. L'exécutif devrait présenter dès la mi-septembre sa planification en la matière.

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