Dans le papier de cette semaine, je vais faire quelque chose que je n’ai jamais fait.
Je vais montrer une série de graphiques qui tous semblent indiquer que nous nous rapprochons à toute allure du moment où banques centrales et gouvernements dans nos pays vont perdre le contrôle des taux d’intérêts et des taux de change.
Il s’agira de graphiques à très long terme et pour chacun d’entre eux je fournirai un commentaire aussi bref que possible mais chaque lecteur pourra interpréter par lui-même ce que dit ou ne dit pas chaque image.
Voici le premier de ces graphiques.
Les monnaies “fiat “ sont en concurrence les unes avec les autres mais aussi bien-sûr avec l’or. Comme les monnaies fiat ne reposent que sur la confiance, elles connaissent un vrai problème dès que l’inflation apparait dans le système (hachurages jaunes sur le graphique), surtout si les autorités ne semblent pas faire le nécessaire pour enrayer la hausse des prix, comme de 1977 à 1980 par exemple.
A ce moment-là, le ratio entre le cours de l’or et un panier de monnaies se met à grimper de façon verticale et les banques centrales sont alors obligée de monter les taux courts dramatiquement, faute de quoi les pays pourraient rentrer très vite en hyper inflation.
Que le lecteur veuille bien regarder le premier graphique, tant une telle hausse est symptomatique d’une fuite devant la monnaie. C’est ce qui s’est produit de 1978 à 1980, forçant Volcker a monter les taux courts à près de 20 %.
Ou en sommes-nous aujourd’hui ?
- Nous sommes en période inflationniste.
- Nous sommes très au-dessus de la moyenne mobile longue, ce qui indique que la perte de confiance a commencé
- Le ratio cours de l’or sur cash est en train de « casser » au-dessus de 300, niveau qui signifie que les monnaies papier ont perdu les 2/3 de leur valeur depuis 1972 et la moitié de leur valeur depuis 2000.
Une hausse exponentielle de l’or pourrait donc commencer à n’importe quel moment
Venons-en au deuxième graphique.
Pour qu’un système financier fonctionne, il lui faut disposer d’un placement sans risque et « anti fragile », qui montera quand les actions baisseront.
Dans un monde non inflationniste, ce rôle est rempli par les obligations du pays qui émet la monnaie de réserve, les USA. Mais quand l’inflation accélère, les obligations baissent de valeur. Et donc, dans un monde inflationniste, ce rôle est tenu par l’or. Comme le lecteur peut le voir, en période inflationniste, les obligations baissent tandis que l’or monte et le ratio entre les deux nous dit que dans ces périodes il faut utiliser l’or et non pas les obligations comme protection contre une baisse des actions.
Je ne suis pas un analyste technique, mais je peux assurer le lecteur que si nous cassons sérieusement la ligne horizontale à « 50 » (que je ne dois pas être le seul à surveiller comme du lait sur le feu), alors cela veut dire que la perte de confiance dans le marché obligataire américain risque d’être considérable.
Ce que nous disent ces deux premiers graphiques est donc simple : les monnaies fiat des pays riches ne sont plus des étalons de valeur et les obligations américaines ne sont plus la réserve de valeur.
Nos systèmes économiques sont donc sans repères
Pour l’instant, le dollar conserve encore sa fonction d’instrument d’échange, mais cela n’est déjà plus vrai pour le pétrole. Conserver des réserves de change en dollar pour acheter du pétrole est donc idiot.
Le plus étonnant est cependant à suivre : par rapport au dollar qui est extrêmement malade, l’euro apparait comme dans une situation encore plus désespérée.
C’est ce que montre le troisième graphique.
Le cours de change du dollar vis-à-vis de l’euro est passé sous la tendance haussière qui relie les plus bas de 1985 et 2000, l’euro est en dessous de sa moyenne mobile à long terme et l’Allemagne est entrée en récession. Six fois sur sept depuis 1976, quand l’Allemagne était en récession, l’Euro (ou le DM avant) avait baissé. Les perspectives à court terme de l’euro apparaissent donc comme inquiétantes.
Mais à long-terme, elles sont encore pires.
Historiquement, les grandes hausses précédentes du dollar et donc les baisses de l’euro (1982-1985 et 1997-2002) se sont en effet produites quand un système de taux de change fixes a sauté.
D’abord, l’Amérique Latine a bu le bouillon et puis l’Asie
Les systèmes de taux de change fixes sont une imbécilité économique puisqu’ils établissent et pérennisent un taux de change fixe entre des pays qui ont des productivités différentes. Un taux de change fixe n’est rien d’autre qu’une tentative de bloquer un prix. Et toujours dans l’histoire, les systèmes de contrôles des prix disparaissent quand les pays qui les ont institués voient leurs économies sombrer. Nous sommes en train d’y arriver dans la zone euro, puisque même l’Allemagne est en train de s’enfoncer.
Il apparait donc que le prochain à sauter pourrait être le dernier système de taux de change fixe, c’est-à-dire l’euro système.
Et donc, aussi incroyable que cela puisse paraitre, l’euro a l’air encore plus malade que le dollar. Je peux expliquer pourquoi : les USA sont indépendants énergétiquement, ce qui n‘est pas le cas de la zone euro.
A une politique monétaire débile, nous avons en effet rajouté une politique énergétique insensée, une politique règlementaire délirante et une diplomatie suicidaire qui nous a coupée de notre principal fournisseur d’énergie. Et c’est pour toutes ces raisons que l’euro va sans doute s’effondrer contre un dollar qui potentiellement ne vaut rien. Baisser contre zéro semblait impossible, mais voilà un exploit dont messieurs Trichet et Delors pourront se vanter. Après tout « impossible n’est pas français » et ils ont prouvé qu’en ce qui concernait l’imbécilité et l’incompétence, ils ne craignaient aucune concurrence.
Dans le grand concours de laideur entre monnaies des pays développés qui a commencé il y a quelques années, l’euro est sans aucun doute la monnaie la plus laide, ce qui ne veut pas dire qu’il faille avoir du dollar. A mon avis, il ne faut avoir ni euro ni dollar et éviter comme la peste les obligations émises en monnaies de ces deux zones.
En conclusion et compte tenu des développements actuels, je reste très satisfait du portefeuille -type IDL qui semble résister sans effort dans ce monde de fous.
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