09 septembre 2023

La dette d’Altice n’est plus soutenable, SFR est au bord de la vente

  • Altice est en ce moment dans la tourmente, sur fond de scandale de corruption et de blanchiment au Portugal et une dette de près de 60 milliards d’euros
  • Plusieurs pistes sont évoquées, dont la vente des 92 centres de données français
  • Pour éponger sa dette abyssale il est vraisemblable que Altice finisse par se résoudre à vendre ou céder une partie de SFR

C’est le sujet bouillant qui couve depuis plusieurs années. Lorsqu’il rachète SFR en mars 2014, le groupe Altice, fondé par le milliardaire Patrick Drahi, a de grandes ambitions. S’ensuit une série d’acquisitions et d’expansion internationale très coûteuses qui ont largement endetté la firme. La dernière opération du groupe, achevée entre juin 2021 et décembre 2021, est une prise de participation dans l’opérateur britannique British Telecom (BT) à hauteur de 18%.

Mais à ce stade, Altice était déjà devenu générateur de dettes. Au point que l’endettement du groupe frôle désormais les 60 milliards d’euros. Alors que Altice Portugal est depuis quelque temps éclaboussé par un scandale de corruption et de blanchiment d’argent (avec en prime l’arrestation de Armando Pereira, le principal partenaire de Patrick Drahi), la confiance des investisseurs menace de s’écrouler comme un château de cartes.

Altice accuse une dette inquiétante de 60 milliards de dollars

Depuis plusieurs semaines, le groupe évoque donc de possibles cessions d’actifs. Patrick Drahi a tenté de rassurer les investisseurs lors de rencontres à Londres et à New York la semaine dernière. Selon le PDG de Altice France Arthur Dreyfuss, “plusieurs options [sont] en cours d’étude”. L’une des plus crédibles, évoquée par plusieurs sources, est la vente des 92 centres de données détenus par Altice en France à la banque américaine Morgan Stanley.

Toutefois, cette seule opération sera très loin de suffire pour éponger la dette, puisqu’on parle d’un actif estimé à “seulement” 1 milliard d’euros. De fait, la situation impose un geste beaucoup plus fort – comme la cession, au moins partielle, de SFR. Altice avait bataillé pour acquérir cet opérateur, qui lui a coûté 13,4 milliards d’euros à l’époque. La firme avait également tenté, sans succès, de racheter Bouygues pour un montant de 10 milliards d’euros dans la foulée.

Une info du journal Le Monde confirme que la cession de SFR est bel et bien sur la table. La banque d’affaires Lazard et BNP Paribas auraient été chargées du dossier. Les détails de l’opération envisagée par le groupe restent toutefois flous à ce stade. On ne sait pas, par exemple, quelle part du capital de SFR la firme est réellement prête à céder ni ce que Altice peut espérer tirer de cette opération.

D’autres actifs de Altice pourraient subir un sort semblable, bien qu’aucune info n’a filtré pour le moment. Il n’est en revanche pas question de vendre les acquisitions du pôle média (BFMTV, RMC…). Au passage, relevons que Altice peut espérer sortir de la crise sans rembourser complètement ses prêts. Les seuils restent toutefois incertains, et paraissent dépendre en grande de la rentabilité de Altice à l’issue de ces allègements.

Quant à l’affaire qui éclabousse Altice au Portugal, la firme a pris rapidement des mesures. Un nouveau PDG, Alexandre Fonseca, a été nommé, et une quinzaine de personnes ont été suspendues au Portugal, mais aussi dans les filiales française et américaine, à la suite d’une enquête interne. Patrick Drahi souligne depuis son intention de rester “transparent” sur ce dossier.

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