22 septembre 2023

Et si c’étaient les premiers signes du grand krach financier ?


Les annonces de la FED, ce mercredi, ont douché les marchés financiers dans des proportions inattendues. Ce matin, les indices européens sont encore à la baisse. L’aversion des spéculateurs aux taux élevés qui réduisent la croissance est bien connue. Mais elle prend de la vigueur au milieu d’un véritable marasme… et nous assistons peut-être aux premiers craquements d’un édifice financier qui chancelle dangereusement depuis des années, mais tient toujours debout. Attention, en tout cas, au glissement qui pourrait se produire du fait des difficultés que nous évoquons régulièrement… et que nous rappelons aujourd’hui.
 

Depuis mercredi soir, la bourse de Paris est à la peine, comme la plupart des bourses du monde. L’annonce d’une longue période à taux directeur élevé a refroidi les ardeurs et laisse présager une période d’argent difficile et de tensions financières importantes. Surtout, le changement de donne financière en quelques mois, où les taux sont passés de 0 à plus de 4% en Europe, dans un contexte que nous avons déjà décrit, modifie sans crier garde les équilibres installés depuis 10 ans. L’argent facile, c’est fini ! Et chacun s’inquiète pour les conséquences à long terme de ce bouleversement. 

La question de la crise obligataire

Sur le fond, le problème dont personne ne parle clairement, mais qui est au cœur des inquiétudes, est celui de la crise obligataire, que nous avons analysé à plusieurs reprises. En provoquant une hausse des taux d’intérêt, les banques centrales diminuent automatiquement la valeur des obligations, et contraignent donc les détenteurs de ces obligations à passer des moins-values en cas de vente.

Pour le citoyen lambda, cette opération est invisible. Mais, pour les comptes des fonds et des investisseurs institutionnels, la mécanique est redoutable. Nous y reviendrons. Dans tous les cas, il faut avoir conscience que la crise obligataire est un poison discret mais efficace pour tous deux qui ont profité du Quantitative Easing pour “s’équiper” en obligations à cours élevé.

Un poison pour l’assurance-vie

Pour l’assurance-vie, nous l’avons souvent écrit, la crise obligataire est un poison très toxique. En effet, les assureurs sont contraints réglementairement d’acquérir des titres obligataires pour garantir leur solvabilité. Mécaniquement, la crise obligataire qui couve les met donc en situation difficile.

Toute la question est de savoir si les assurés vont demander le rachat de leur contrat ou pas. Si les assurés respectent le statu quo, les assureurs ont le temps de lisser les effets de la remontée brutale des taux. S’ils demandent à récupérer leur argent pour le placer sur des supports plus rémunérateurs, les assureurs-vie sont obligés de vendre en urgence leurs obligations pour “rendre l’argent”, et là, la séquence de patin à glace généralisée commence.

Il faudra suivre, dans les jours et les semaines qui suivent, la tendance de la collecte en assurance-vie pour mesurer les dégâts. 

Une situation compliquée pour Macron

Surtout, la difficulté posée par la crise obligataire est de nature politique.

La remontée des taux oblige les États à emprunter à des taux proches de ceux des banques centrales. Pour la France, et particulièrement pour la France de Macron qui a vécu avec des taux nuls et a fait semblant de réformer sans réformer réellement, ce retournement risque d’être douloureux.

La France vit en effet sous perfusion de dettes, et ce recours à l’endettement est une condition de survie, désormais, pour les politiques publiques. L’extrême impopularité de Macron l’oblige à payer beaucoup pour obtenir peu de bénéfices politiques. Dans les mois qui viennent, la France n’aura pas le choix : elle devra diminuer son recours à l’endettement. Cela signifie des politiques sociales moins généreuses et un remboursement plus élevé de la dette chaque année.

Chacun sent bien qu’il y a là un risque social majeur. 

Une accession à la propriété en baisse

Une conséquence particulièrement gênante d’un point de vue social qui découle de cette crise obligataire tient à l’accession à la propriété et à la crise du logement. La hausse des taux d’intérêt complique singulièrement la possibilité d’emprunter pour acheter. Ce mécanisme a provoqué une baisse brutale des transactions en France.

Petit problème : il faut un temps certain d’adaptation pour l’offre. Autrement dit, les grands programmes immobiliers continuent alors que les acheteurs se font rares. Il est donc très plausible que le marché connaisse une crise profonde, c’est-à-dire l’éclatement d’une bulle immobilière douloureuse pour notre économie.

Pour l’instant, le gouvernement ne s’en inquiète guère. Ce manque de vision pourrait bien lui jouer un vilain tour. 

Quels sont les risques de survenue ?

Bien entendu, le pire n’est jamais sûr, et la survenue d’une crise systémique n’est pas un phénomène mécanique. Mais il est possible d’identifier aujourd’hui les risques de crise qui se conjuguent et qui pourraient déboucher sur la grande crise dont Jacques Attali parlait au printemps.

Plus que jamais, les jours qui arrivent seront critiques et pourraient très bien marquer l’histoire. Restez vigilants. 
 
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/09/22/et-si-cetaient-les-premiers-signes-du-grand-krach-financier/

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