Commercialisé en France sous le nom d'OxyContin ou d'OxyNorm, l'oxycodone, cet antidouleur opiacé très addictif est de plus en plus prescrit. L'Occitanie est la deuxième région la plus concernée par un usage abusif de ce médicament considéré comme plus dangereux que la morphine.
Le nombre de patients qui prennent régulièrement de l'oxycodone, un antidouleur opiacé très addictif, a augmenté de manière "inquiétante" ces dernières années en France. La Société française de pharmacologie (SFPT) a émis une alerte sur ces abus très dangereux pour la santé.
L'Occitanie se place en seconde position après la Nouvelle-Aquitaine en nombre de "consommateurs" réguliers. Selon le centre d'addictovigilance de Toulouse, En 2019, l'Occitanie comptait 7 consommateurs d'oxycodone pour 1000 habitants contre une moyenne nationale de 5,7 pour 1000 habitants.
Le phénomène n'est pas nouveau mais il prend de plus en plus d'ampleur.
L'oxycodone est surveillé depuis sa mise sur le marché en 1998. En France, cet antalgique est inscrit dans la listes des psychotropes. Les ordonnances sont sécurisées et son traitement ne doit pas dépasser 28 jours.
Docteur Maryse Lapeyre-Mestre, directrice du centre d'addictovigilance de Toulouse
Sans en connaître les origines, le centre d'addictovigilance de Toulouse constate une augmentation constante et croissante depuis 2008. Le "profil type" du consommateur est une femme, de plus de 65 ans, traitée pour des douleurs chroniques. L'oxycodone est prescrit quand les antalgiques classiques ne sont plus efficaces. Mais ce médicament pourrait être "plus addictogène" que la morphine, considère la SFPT, et n'a aucun avantage en termes d'effets indésirables fréquents.
L'implication de cette substance dans les décès toxiques par antalgiques a quadruplé entre 2013 et 2017. En 2019 en France, 23 impliquaient l'oxycodone.
Les patients ont une méconnaissance de la dangerosité de ce médicament. Ils manquent d'explication de la part des prescripteurs. Pour diminuer la douleur, ils augmentent les doses sans en parler à leur médecin. En cas de surdosage, le risque c'est le coma puis le décès par arrêt respiratoire.
Docteur Maryse Lapeyre-Mestre, directrice du centre d'addictovigilance de Toulouse
Le docteur Maryse Lapeyre-Mestre est en charge de l’évaluation de l’oxycodone au niveau national. Elle observe des dérives inquiétantes : "l'effet euphorisant de cet opiacé poussent certains patients à consulter plusieurs médecins dans la même journée pour se le faire prescrire."
La société française de pharmacologie alerte sur les risques de cette substance, "premier médicament qui a été au centre de la crise des opioïdes aux États-Unis". Laboratoires et distributeurs pharmaceutiques aux États-Unis sont accusés d'avoir, à partir de 1996, fait la promotion agressive d'antidouleurs aux opiacés comme l'oxycodone.
Leur dangerosité a éclaté au grand jour au milieu des années 2010 avec une explosion des overdoses liées aux opiacés, qu'il s'agisse de médicaments prescrits ou de drogues de synthèse comme le Fentanyl. En 2017, les Etats-Unis dénombraient 70 000 décés liés à l'oxycodone.
Selon la société française de pharmacologie et de thérapeutique, en France, le nombre de décès liés à la consommation d’opioïdes a augmenté de 146 %, entre 2000 et 2015, avec au moins 4 décès par semaine.Nous ne sommes pas du tout dans le même contexte sanitaire. Les régimes de santé français et américains ne sont pas comparables. Mais cette augmentation est préoccupante. Nous restons attentifs pour éviter le dérapage.
Maryse Lapeyre-Mestre, directrice du centre d'addictovigilance de Toulouse
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