Dans la chaleur de l’été, le gouvernement ne s’est pas vanté d’avoir publié un décret d’application de la réforme des retraites qui vise directement à lutter contre la fameuse fraude aux retraites. Ce décret n’a fait l’objet d’aucun communiqué de presse du ministère, à la différence de tous les autres décrets qui sont abondamment signalés par le ministère. Désormais, un fichier automatisé permettra de “nettoyer” les prétendues fausses cartes Vitale, à partir desquelles le juge Prats avait extrapolé des montants de fraude sociale colossaux, essentiellement venue d’Algérie. Ce thème avait été abondamment répandu dans les milieux identitaires avant les élections pour expliquer que le déficit de la sécurité sociale n’était pas dû à un problème systémique mais aux Arabo-musulmans. Les mois qui vont venir permettront de vérifier si les chiffres parfois avancés de 50 milliards de fraude étaient vraiment sérieux.
Dans une vraie discrétion, donc, le gouvernement a pris un décret, le 28 juillet, pour appliquer l’article 28 de la loi réformant les retraites. Ce décret autorise la “création d’un traitement automatisé de données à caractère personnel pour le contrôle de l’existence des bénéficiaires d’une pension de vieillesse résidant à l’étranger”. Il constitue donc une réponse directe et radicale (c’est pourquoi le gouvernement ne s’en est pas vanté) à la polémique largement nourrie par le bloc identitaire sur les “50 milliards” de fraude sociale due aux étrangers.
Il se trouve que 50 milliards € de fraude en moins, la sécurité sociale se porte bien mieux. Elle est même en excédent !
On se réjouit donc de cette bonne nouvelle pour les finances publiques, que le retour magique aux excédents par la simple lutte contre les imposteurs qui nous plongent dans le surendettement avec des usurpations d’identité à n’en plus finir. On se demande même s’il fallait vraiment réformer les retraites, au vu du juteux résultat que Charles Prats avait promis en dénichant les tricheurs.
Pour mémoire, voici tout de même l’historique des déficits de la sécurité sociale depuis 2002, tels qu’ils sont présentés par la Commission des Comptes de la Sécurité Sociale :
On le voit : en déficit permanent depuis 2002, la sécurité sociale a connu une “annus horribilis” en 2020 avec près de 40 milliards de déficit… Soit 10 milliards de moins que les chiffres de la fraude annoncés par Charles Prats. En 2023, le déficit est annoncé à environ 8 milliards.
Grâce au fichier automatisé, on peut donc espérer un retour à un excédent massif de nos comptes sociaux. On se demande même pourquoi le gouvernement ne table pas sur ces colossales économies pour diminuer le déficit budgétaire dès 2024.
Ou alors, cette histoire de fraude massive, ruineuse, était tout simplement un fake news montée en épingle par l’aile néo-con du bloc identitaire, dont l’objectif n’est pas de relever le pays mais d’y importer un conflit obsessif qui profite à d’autres.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/08/23/fraude-aux-retraites-en-algerie-lheure-de-verite/
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