L’économiste américaine Fiona Scott Morton va intégrer la direction générale de la concurrence de la Commission européenne. Une experte mondiale qui a travaillé pour tous les géants américains, ce qui pose des questions déontologiques.
Sa nomination interroge. Fiona Scott Morton, professeure d’économie de 56 ans à l’Université de Yale, va devenir le 1er septembre la nouvelle cheffe économiste de la direction générale de la Concurrence, a confirmé la Commission européenne mardi. Cette puissante DG
,
comme on dit à Bruxelles, est chargée de poursuivre toute atteinte à la
concurrence au sein de l’Union européenne, sous la direction de la commissaire bête noire des multinationales Margrethe Vestager.
Même si elle est une experte mondialement reconnue et qu’elle
est la première femme à avoir ce poste, cette annonce pose question car
elle est aussi la première Américaine. Je suis un peu abasourdi, commente l’eurodéputé Emmanuel Maurel (Gauche Républicaine et Socialiste, groupe La Gauche).
On a suffisamment de compétences européennes pour ce poste. C’est quand
même assez rare que les institutions européennes dérogent au droit
commun pour aller chercher une citoyenne extra-européenne pour faire un
boulot qui est dans notre cœur de métier.
Les dérogations peuvent être accordées pour diverses raisons, par exemple lorsque la Commission a besoin de compétences spécifiques (linguistiques ou autres), a précisé l’exécutif européen auprès d’Ouest-France. Il y a actuellement 1 945 personnes qui ne sont pas issues de l’UE ou du Royaume-Uni parmi les 32 000 fonctionnaires de la Commission.
Une ancienne employée de Microsoft, Apple, Amazon…
Surtout, cette diplômée de la prestigieuse grande école du
MIT est l’ancienne responsable antitrust de l’administration de Barack
Obama en 2011-2012 et travaille en parallèle de ses cours à Yale en tant
que consultante pour conseiller les géants du numérique. Elle a ainsi
récemment assisté Microsoft sur l’acquisition en cours de l’éditeur de
jeux vidéo Activision, ainsi qu’Apple et Amazon par le passé, avec qui
elle a forcément signé des contrats de confidentialité. Je travaille avec des entreprises dont je suis confiante dans le fait qu’elles respectent la loi
, avait-elle argué en 2020. Elle avait également pris position dans une tribune sur le Washington Post en 2019 contre les scissions des Gafam. Des mesures pourtant envisagées par la Commission.
Donc c’est une américaine tout droit venue du département de la Justice américain qui devient la chef de la concurrence européenne, en pleine guerre économique avec Washington ? Et tout le monde trouve ça normal ? @OserLaFrance @BrunoLeMaire pic.twitter.com/3ZO93i2gaw
— Julien Aubert (@JulienAubert84) July 12, 2023
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