26 juillet 2023


Préface

99 textes tournant autour de la folie de cette époque apocalyptique qui encense l’autodestruction de la civilisation et de l’humain. La folie nourrie au numérique et gavée d’intelligence artificielle ou artificieuse a gagné tous les domaines, la politique, l’Etat-nation crevé, la culture, la religion (ce qu’il en restait, à savoir presque rien, en occident et ailleurs), la science, la médecine, la mode, la dette publique, l’économie vampirique, la famille, l’éducation…
Toutes les barrières sont tombées – elles tombaient les unes après les autres depuis des siècles ou depuis les années soixante et puis, confinements et vaccins aidant – et guerre russo-américaine aussi – elles se sont effondrées méchamment d’un coup. Les fissures de la grande muraille ont donné un bel effondrement du mur. Et finalement on s’est adapté. Pas d’affolement pour l’instant dans cette termitière – lieu comme on sait depuis Maurice Maeterlinck de frénétiques « rave parties ».

Et cette anarchie woke cache un ordre totalitaire et numérique infécond et sauvage. Elle frappe une humanité hébétée et désaxée, qui ne sait ou ne veut plus réagir. La fin du politique accompagne celle de toute réaction.

99 textes tournent autour du sujet comme les pèlerins autour des murailles de la mystérieuse cité d’Anagoor de Buzzati. Certains appellent aux tripes, à l’expérience intérieure de l’autre, d’autres aux historiens, d’autres aux rares amateurs de spiritualités et de traditions. Aucun n’a de réponse définitive bien entendu. Les temps se prêtent plutôt à la fuite (« fly you fools ! » de Gandalf).

On fête les contributions très bienvenues ici d’Amal, de Jenny, de Marie, de Franz, de Philippe (de nulle part) et de l’écrivain de science-fiction Joseph Stroberg.

Elle tombe bien cette science-fiction, notre apocalypse prenant un tour toujours plus digne de Philip K. Dick étudié par Tetyana Popova-Bonnal et qui cite dans son admirable œil de la Sibylle (on se tromperait de route depuis deux mille ans, ce que prouvent certains de ces 99 textes et aphorismes aussi) la quatrième églogue de Virgile :

« Il s’avance enfin, le dernier âge prédit par la Sibylle : je vois éclore un grand ordre de siècles renaissants. Déjà la vierge Astrée revient sur la terre, et avec elle le règne de Saturne ; déjà descend des cieux une nouvelle race de mortels. »

Dick la donne même en latin cette citation :

Ultima Cumaei venit jam carminis aetas
Magnus ab integro saeclorum nascitur ordo.
Jam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna
Jam nova progenies caelo demittitur alto.

Car on peut encore rêver.

Source

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