Varsovie joue depuis des mois avec l’idée d’envoyer officiellement des troupes en Ukraine occidentale. Le vide démographique croissant, l’implosion économique et le désastre militaire que subit l’Ukraine ont créé une véritable tentation pour le gouvernement polonais, que les néocons tentent de pousser à l’action pour détourner le cours d’une guerre perdue. Cependant, comme l’analyse en détail M.K. Bhadrakumar, Poutine et Loukachenko ont averti l’OTAN qu’ils ne laisseraient pas faire. Il existe donc un vrai risque de dérapage du conflit. Cependant, sur le terrain, l’incapacité ukrainienne à effectuer une percée, couplée aux frappes tous azimuts par la Russie des stocks, arsenaux et casernes de l’Ukraine et de ses “conseillers” OTANiens, donne des arguments au parti réaliste de Washington, qui souhaiterait des négociations.
Le désastre démographique ukrainien
Un article dans le Corriere della Sera paru le 16 juillet dernier tire le signal d’alarme: le titre témoigne d’une irruption (partielle mais) brutale de la réalité dans la conscience occidentale : “De 52 millions à l’époque de l’indépendance à moins de trente aujourd’hui. L’alarme des universitaires : l’avenir est en danger. Pourquoi “Poutine peut gagner la bataille démographique“.
Et Lorenzo Cremonesi, correspondant du journal à Kiev continue : ” Des villes et surtout des villages vides, des familles éclatées, des soldats seuls au front avec des femmes et des enfants à l’étranger qui ne reviennent pas, un taux de natalité au plus bas : l’Ukraine souffre d’une crise démographique aux proportions catastrophiques. “L’effondrement de la population entraînera bientôt de très graves problèmes économiques et sociaux“. Évidemment, il y a le mantra nécessaire pour rester crédible dans un journal lu par la classe dirigeante italienne : “Poutine perd la guerre, mais….” Et c’est ce qui suit qui est important : “...il peut encore gagner le défi de l’avenir d’une Ukraine stable et indépendante”, affirment les experts. On en parle peu en public, le problème est brûlant mais personne ne sait comment le traiter, et l’urgence de la lutte contre l’invasion russe oblige à repousser toutes les autres questions. “Lorsque la maison brûle, il faut d’abord éteindre le feu et ce n’est que plus tard que l’on pense aux meubles à acheter”, se défendent les fonctionnaires du gouvernement Zelensky.”
L’auteur parle d’un exode massif : “Pourtant, la question semble trop urgente pour être remise à plus tard. Il suffit de regarder les chiffres : au moment de l’indépendance en 1991, après l’implosion de l’Union soviétique, l’Ukraine comptait environ 52 millions d’habitants. Le recensement national de 2001 faisait état de 48,5 millions, chiffre qui aurait chuté à 42 dans les mois précédant l’invasion ordonnée par Poutine le 24 février 2022. (…) Mais le coup le plus dur a été porté dans les premières semaines des 17 derniers mois de guerre, qui ont vu les femmes et les enfants fuir massivement à l’étranger, le gouvernement ayant immédiatement interdit le départ des hommes âgés de 18 à 65 ans. Aujourd’hui, la population résidente est estimée entre 28 et 31 millions de personnes“.
Et l’auteur de continuer, alarmiste : “Passer de 52 millions à moins de 30 en trois décennies : une perte très grave pour le pays, qui compromet ses chances de reconstruction après la fin de la guerre, pénalise la normalisation économique, coule le système de retraite”, explique Alexander Demenchuk, recteur de la faculté de sciences politiques de Kiev : “Il n’y a pas d’enfants, donc pas d’avenir”. Les jeunes femmes issues des classes moyennes supérieures et ayant un excellent niveau scolaire s’en vont. Et ce qui est encore plus grave, c’est que plus de la moitié d’entre elles n’ont pas l’intention de revenir en Ukraine. Les enfants étudient dans des écoles allemandes, polonaises, autrichiennes, françaises ou néerlandaises. Les mères ont immédiatement trouvé du travail. La politique d’accueil européenne a d’abord semblé être un miracle de générosité, mais elle s’avère aujourd’hui être une malédiction”. Selon Ella Libanova, démographe réputée de l’Académie nationale des sciences, cela se répercute sur le taux de fécondité, qui a chuté à 0,7 %, l’un des plus bas du monde”.
“Ce sont des données que nous, journalistes“, conclut Cremonesi,”vérifions tous les jours. Tous les centres urbains autour du Donbass sont semi-déserts : il ne reste que les personnes âgées, les malades et les pauvres. Mais le problème est national. La plupart de mes meilleurs employés ont rapidement trouvé du travail en Pologne et en France. Nos industries ne fonctionnent pas, il n’y a pas de marché. Aucun d’entre eux ne reviendra”, déclare Sergei, un entrepreneur en informatique qui possède des bureaux dans tout le pays. Il lui arrive de rencontrer des soldats et des officiers qui racontent qu’ils sont restés seuls. “Ma femme et nos deux enfants de cinq et sept ans sont partis pour l’Allemagne dès les premiers jours de la guerre. Depuis, nous sommes de moins en moins en contact. Et voilà que j’apprends qu’elle s’est trouvé un nouveau compagnon”, raconte Alexei, un capitaine de 40 ans cantonné près de Bakhmut. Le conflit va augmenter le nombre de divorces. Les femmes quittent les hommes, mais même les soldats trouvent parfois de nouvelles compagnes”, explique Jiulia Komar, une psychologue qui s’occupe des difficultés familiales. Le débat est ouvert sur la question des retours possibles. Une étude récente du HCR estime que 76 % des réfugiés ont l’intention de rentrer. Mais les experts ukrainiens restent très sceptiques. Dans les deux prochains mois, notre gouvernement élaborera un programme de soutien aux retours, en essayant d’impliquer les partenaires européens”, déclare le professeur Demenchuk. Il espère que cela se fera “le plus tôt possible“”
Prigogine en fou déplacé de manière très calculée sur l’échiquier
Il se confirme que le putsch manqué de Prigogine avait été anticipé depuis un moment par Moscou. Le transfert des hommes de Wagner vers la Biélorussie est comme un déplacement sur l’échiquier anticipé plusieurs coups à l’avance : les hommes de Wagner font désormais partie de la dissuasion conventionnelle biélorusse face au Kriegsspiel que mènent en ce moment Américains et Polonais :
“Après la tentative de mutinerie en Russie, des milliers de combattants de Wagner sont partis pour le Belarus. La base militaire de la compagnie militaire privée est située près du village de Tsel, où Prigojine a enregistré la société “Concord Management and Consulting”.
Aujourd’hui, Wagner poursuit une coopération active avec les forces armées de Biélorussie. Récemment, les combattants de Wagner ont partagé leur expérience du combat avec les militaires de la 38e brigade d’assaut aéroportée séparée des forces d’opérations spéciales. Cette brigade est stationnée à Brest, à la frontière polonaise.
Lors de ses récents entretiens avec son homologue russe, Loukachenko a déclaré en plaisantant que les combattants de Wagner avaient demandé à les envoyer en excursion à l’ouest, à Varsovie, à Rzeszow. Il y a un aérodrome près de Rzeszow, qui est devenu une grande plaque tournante de l’OTAN pour le transfert d’armes vers l’Ukraine.
En fait, Loukachenko a révélé l’objectif principal du transfert de la compagnie militaire privée en Biélorussie et a désigné le casus belli. Les tâches de Wagner comprennent non seulement la formation des militaires biélorusses, mais aussi la création d’une force de frappe pour contrer les pays de l’OTAN souhaitant soutenir Kiev sur le champ de bataille.
Selon Loukachenko, l’une des brigades polonaises est déjà déployée à 40 km de Brest, l’autre à environ 100 km de Grodno.
Début juillet, le commandement général des forces armées polonaises a fait part de la décision de transférer 1 000 militaires et près de 200 unités d’équipement des 12e et 17e brigades mécanisées vers la partie orientale de la Pologne.
L’ambassadeur des États-Unis en Pologne a annoncé que des exercices d’aviation polono-américains se tiendront près de Varsovie le mois prochain.
Le ministère polonais de la défense a également annoncé le déploiement d’un nouveau bataillon de sapeurs dans la ville d’Augustow, dans le corridor de Suwalki. Ce corridor de 100 kilomètres, situé entre la Biélorussie et la région russe de Kaliningrad, est considéré comme l’endroit le plus vulnérable du flanc oriental de l’OTAN. La Pologne y renforce sa présence militaire, car elle craint que la Lituanie ne soit coupée du monde en cas d’hostilités.
Poutine a averti que les dirigeants polonais s’attendent à créer une sorte de coalition et à intervenir dans le conflit en Ukraine sous la protection de l’OTAN. Leur véritable objectif est de récupérer, comme ils le pensent, leurs territoires historiques dans l’ouest de l’Ukraine. “Il est de notoriété publique qu’ils rêvent également des terres biélorusses”, a-t-il affirmé, menaçant que “le déclenchement d’une agression contre la Biélorussie entraînera une agression” contre la Russie.“
M.K. Bhadrakumar décrypte la tentation polonaise et les annonces de Poutine et Loukachenko
“Le problème de la guerre en Ukraine est qu’elle n’a été que de la poudre aux yeux. Les objectifs russes de “démilitarisation” et de “dé-nazification” de l’Ukraine ont pris une allure surréaliste. Le discours occidental selon lequel la guerre se déroule entre la Russie et l’Ukraine, où la question centrale est le principe westphalien de la souveraineté nationale, s’est progressivement étiolé, laissant un vide.
On se rend compte aujourd’hui que la guerre est en fait entre la Russie et l’OTAN et que l’Ukraine a cessé d’être un pays souverain depuis 2014, lorsque la CIA et les autres agences occidentales – l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, la Suède, etc.
Le brouillard de la guerre se dissipe et les lignes de combat deviennent visibles. Au niveau des autorités, une discussion franche s’engage sur la fin du jeu.
La vidéoconférence du président russe Vladimir Poutine avec les membres permanents du Conseil de sécurité à Moscou vendredi dernier et sa rencontre avec le président biélorusse Alexandre Loukachenko à Saint-Pétersbourg dimanche deviennent certainement le moment décisif. (…)
Il ne fait aucun doute que les deux événements ont été soigneusement chorégraphiés par les responsables du Kremlin et qu’ils visaient à transmettre plusieurs messages. La Russie est convaincue d’avoir dominé le front de bataille, d’avoir écrasé l’armée ukrainienne et d’avoir relégué la “contre-offensive” de Kiev dans le rétroviseur. Mais Moscou prévoit que l’administration Biden pourrait avoir en tête un plan de guerre encore plus ambitieux.
Lors de la réunion du Conseil de sécurité, M. Poutine a “déclassifié” les rapports des services de renseignement qui parviennent à Moscou de diverses sources et qui font état de manœuvres visant à insérer un corps expéditionnaire polonais dans l’ouest de l’Ukraine. Poutine l’a qualifié d'”unité militaire régulière bien organisée et équipée qui sera utilisée pour des opérations” en Ukraine occidentale “en vue de l’occupation ultérieure de ces territoires”.
En effet, le revanchisme polonais a une longue histoire. Poutine, lui-même féru d’histoire, en a longuement parlé. Il s’est montré stoïque en déclarant que si les autorités de Kiev devaient acquiescer à ce plan américano-polonais, “comme le font généralement les traîtres, c’est leur affaire. Nous n’interviendrons pas”.
Mais, a ajouté M. Poutine, “la Biélorussie est unie à la Russie par un lien confédéral, et lancer une agression contre la Biélorussie reviendrait à lancer une agression contre la Fédération de Russie. Nous y répondrons avec toutes les ressources dont nous disposons”. M. Poutine a averti que ce qui se prépare “est un jeu extrêmement dangereux, et les auteurs de tels plans devraient réfléchir aux conséquences”.
Dimanche, lors de sa rencontre avec M. Poutine à Saint-Pétersbourg, M. Loukachenko a repris le fil de la discussion. Il a informé Poutine des nouveaux déploiements polonais près de la frontière biélorusse – à seulement 40 km de Brest – et d’autres préparatifs en cours – l’ouverture d’un atelier de réparation pour les chars Leopard en Pologne, l’activation d’un aérodrome à Rzeszow sur la frontière ukrainienne (à environ 100 km de Lvov) pour l’utilisation d’armes transférées par les Américains, de mercenaires, etc.
Loukachenko a déclaré : “C’est inacceptable pour nous. L’aliénation de l’Ukraine occidentale, le démembrement de l’Ukraine et le transfert de ses terres à la Pologne sont inacceptables. Si les habitants de l’Ukraine occidentale nous le demandent, nous leur apporterons notre soutien. Je vous demande [à Poutine] de discuter et de réfléchir à cette question. Naturellement, j’aimerais que vous nous souteniez à cet égard. Si le besoin d’un tel soutien se fait sentir, si l’Ukraine occidentale nous demande de l’aide, alors nous fournirons une assistance et un soutien aux habitants de l’Ukraine occidentale. Dans ce cas, nous les soutiendrons de toutes les manières possibles”.
M. Loukachenko a ajouté : “Je vous demande de discuter de cette question et d’y réfléchir. Il est évident que j’aimerais que vous nous souteniez à cet égard. Avec ce soutien, et si l’Ukraine occidentale demande cette aide, nous fournirons sans aucun doute une assistance et un soutien à la population occidentale de l’Ukraine”.
Comme on pouvait s’y attendre, Poutine n’a pas répondu, du moins pas publiquement. M. Loukachenko a caractérisé l’intervention polonaise comme équivalant au démembrement de l’Ukraine et à son absorption “en pièces détachées” dans l’OTAN. M. Loukachenko a été direct : “Cette démarche est soutenue par les Américains. Il est intéressant de noter qu’il a également demandé le déploiement de combattants Wagner pour contrer la menace qui pèse sur le Belarus.
L’essentiel est que Poutine et Loukachenko aient tenu une telle discussion publiquement. Il est clair que tous deux se sont exprimés sur la base de renseignements. Ils anticipent un point d’inflexion à venir.
C’est une chose que le peuple russe soit bien conscient que son pays combat de facto l’OTAN en Ukraine. Mais c’est une toute autre chose que cette guerre puisse dégénérer en guerre avec la Pologne, une armée de l’OTAN que les États-Unis considèrent comme leur partenaire le plus important en Europe continentale.
En s’attardant longuement sur le revanchisme polonais, qui a un passé controversé dans l’histoire moderne de l’Europe, Poutine a probablement calculé qu’en Europe, y compris en Pologne, il pourrait y avoir une résistance aux machinations qui pourraient entraîner l’OTAN dans une guerre continentale avec la Russie.
De même, la Pologne doit elle aussi hésiter. Selon Politico, l’armée polonaise compte environ 150 000 hommes, dont 30 000 appartiennent à une nouvelle force de défense territoriale qui sont des “soldats du week-end qui suivent une formation de 16 jours suivie de cours de recyclage”.
Encore une fois, la puissance militaire de la Pologne ne se traduit pas par une influence politique en Europe, car les forces centristes qui dominent l’UE se méfient de Varsovie, (…)
La Pologne a surtout des raisons de s’inquiéter de la fiabilité de Washington. À l’avenir, la préoccupation des dirigeants polonais sera, paradoxalement, que Donald Trump ne revienne pas à la présidence en 2024. Malgré la coopération avec le Pentagone dans le cadre de la guerre en Ukraine, les dirigeants polonais actuels restent méfiants à l’égard du président Joe Biden, tout comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban.
Tout bien considéré, il est donc logique que les coups de sabre de Loukachenko et la leçon de Poutine sur l’histoire européenne puissent être considérés comme un avertissement à l’Occident en vue de moduler une fin de partie en Ukraine qui soit optimale pour les intérêts de la Russie. Un démembrement de l’Ukraine ou une extension incontrôlable de la guerre au-delà de ses frontières ne serait pas dans l’intérêt de la Russie.
Mais les dirigeants du Kremlin tiendront compte de l’éventualité que les folies de Washington, dues à son besoin désespéré de sauver la face après une défaite humiliante dans la guerre par procuration, ne laissent pas d’autre choix aux forces russes que de traverser le Dniepr et d’avancer jusqu’à la frontière polonaise pour empêcher l’occupation de l’Ukraine occidentale par ce que l’on appelle le Triangle de Lublin, une alliance régionale à l’orientation anti-russe virulente comprenant la Pologne, la Lituanie et l’Ukraine, formée en juillet 2020 et encouragée par Washington.
Les réunions consécutives de M. Poutine à Moscou et à Saint-Pétersbourg éclairent la pensée russe quant à trois éléments clés de la fin de la partie en Ukraine. Premièrement, la Russie n’a pas l’intention de conquérir le territoire de l’Ukraine occidentale, mais elle insistera pour avoir son mot à dire sur la manière dont les nouvelles frontières du pays et le futur régime se présenteront et agiront, ce qui signifie qu’un État antirusse ne sera pas autorisé.
Deuxièmement, le plan de l’administration Biden visant à arracher la victoire à la défaite est voué à l’échec, car la Russie n’hésitera pas à contrer toute tentative continue des États-Unis et de l’OTAN d’utiliser le territoire ukrainien comme tremplin pour mener une nouvelle guerre par procuration, ce qui signifie que l’absorption de l’Ukraine “en pièces détachées” dans l’OTAN restera un fantasme.
Troisièmement, et c’est le plus important, l’armée russe aguerrie, soutenue par une puissante industrie de défense et une économie robuste, n’hésitera pas à affronter les pays membres de l’OTAN limitrophes de l’Ukraine s’ils empiètent sur les intérêts fondamentaux de la Russie, ce qui signifie que les intérêts fondamentaux de la Russie ne seront pas pris en otage par l’article 5 de la Charte de l’OTAN.
De la contre-offensive ukrainienne à une contre-offensive russe?
Depuis le début de la contre-offensive, les Ukrainiens essaient de se rapprocher de Bakhmout. Ils s’acharnent à tenter une percée dans la région de Zaporojie.
Point sur southfront.org au 20 juillet :
“Les dernières réserves des nouvelles brigades mécanisées des forces armées ukrainiennes sont déjà déployées sur les lignes de front. Environ deux tiers des forces de réserve sont déjà impliquées dans les hostilités et la plupart d’entre elles sont déployées dans la région de Zaporojie, où l’armée ukrainienne n’a remporté aucun succès stratégique.
Par exemple, les 116e, 117e et 118e brigades ont renforcé l’offensive sur le front de Zaporojie. Les forces de la “Garde offensive”, dont on vante les mérites, combattent déjà à leurs côtés. Il s’agit d’une réserve de détachements de la Garde nationale, de gardes-frontières et d’unités de police, créée spécifiquement pour l’offensive d’été. En fait, les huit brigades de la Garde sont déjà sur le front.
En particulier, les brigades “Kara-Dag”, “Spartan” et “Azov” sont déployées dans la région de Rabotino. Les (…) chefs d’Azov s’y sont également rendus depuis la Turquie. Cette fois, ils n’ont pas le choix de se rendre comme ils l’ont fait à Marioupol.
Malgré les renforts, les Ukrainiens ne remportent aucune victoire. Des groupes d’assaut appuyés par des véhicules blindés tentent toujours de percer la défense russe, subissant de lourdes pertes. Les soldats ukrainiens se rendent en masse. Les équipements militaires occidentaux brûlent dans les steppes.
Pendant ce temps, sur les fronts nord du Donbass, la situation de l’armée ukrainienne est encore pire. Les forces russes sont passées à l’offensive en s’approchant de Kupyansk et en détruisant les positions militaires ukrainiennes près de Svatovo et de Kremennaya.
Ces derniers jours, les unités russes n’ont cessé d’avancer, obligeant les unités ukrainiennes à défendre le bastion de Zarechnoe avec des forces supplémentaires. Au nord-est de Kupyansk, les forces russes ont récemment avancé d’un kilomètre en profondeur et jusqu’à deux kilomètres le long du front. La construction de fortifications est actuellement en cours dans les territoires libérés.
Les Ukrainiens ne s’attendaient pas à l’offensive russe et ont envoyé en toute hâte la 41e brigade de leurs réserves à Koupyansk. Selon le message, la 44e brigade devrait également s’y rendre prochainement.“
Selon le WallStreet Journal, les dirigeants occidentaux savaient que l’armée ukrainienne n”‘était pas prête à une contre-offensive mais ils ont forcé le cours des choses..
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De Kherson à Odessa
Selon Ahmed Adel : le 23 juillet, il a été révélé que l’armée russe avait détruit une quantité record de blindés fournis par l’Occident à l’Ukraine en seulement 24 heures, tout en repoussant la contre-offensive tant attendue de Kiev. Les forces russes ont éliminé au moins 15 chars Leopard de fabrication allemande et plus de 20 véhicules de combat d’infanterie Bradley de fabrication américaine en un seul engagement. Parallèlement, depuis le début de la contre-offensive ukrainienne, la première semaine de juin, Kiev a perdu plus de 26 000 soldats, ce qui confirme que l’attaque tant attendue n’était rien d’autre qu’un échec.
Audacieuses frappes russes le long du Danube
Dans la nuit du 23 au 24 juillet ; comme l’explique Andrew Korybko ; “La Russie a mené une frappe chirurgicale tôt lundi matin contre des cibles dans la ville de Reni, sur la rive ukrainienne du Danube, près de la triple frontière avec la Moldavie et la Roumanie. (…)
(…) La frappe chirurgicale de lundi matin était très importante car elle a envoyé plusieurs messages que les adversaires de la Russie feraient bien de prendre en compte. Tout d’abord, Reni est situé de l’autre côté du Danube, de l’autre côté de la Roumanie, membre de l’OTAN, ce qui démontre que la Russie frappera des cibles n’importe où en Ukraine et qu’elle peut le faire avec une précision maximale. Les ressources militaires et/ou terroristes basées à la frontière littérale de ce bloc, mais juste en dehors de la juridiction de l’article 5, ne peuvent plus considérer leur sécurité comme acquise.
Le deuxième message est que la Russie est déterminée à sévir contre les menaces à sa sécurité qui étaient auparavant intouchables parce que Kiev avait exploité l’accord sur les céréales pour protéger certains de ses actifs susmentionnés. (…)
Troisièmement, la frappe chirurgicale sur Reni a prouvé que la Russie disposait de renseignements exploitables sur le rôle du Danube dans le réseau logistique militaire de Kiev, ce que de nombreux observateurs soupçonnaient depuis un certain temps. (…)
Le quatrième message est que la Russie sait désormais que l’OTAN n’étendra pas son parapluie de défense aérienne sur une quelconque partie de l’Ukraine après qu’aucun effort n’a été fait pour arrêter sa frappe chirurgicale à Reni, à la frontière roumaine. Soit l’OTAN n’a pas vu les missiles s’approcher de sa zone de défense aérienne, soit elle les a détectés mais n’a pas tenté de les intercepter afin que la Russie ne pense pas qu’elle est prête à s’impliquer directement dans cette guerre par procuration. Quoi qu’il en soit, l’OTAN apparaît comme faible et la Russie se sent ainsi encouragée à poursuivre ses frappes près de ses frontières.
Enfin, cette frappe réussie signifie qu’aucune partie du réseau logistique militaire de Kiev n’est à l’abri, ce qui pourrait accroître l’avantage de Moscou dans la “course à la logistique”/”guerre d’usure” entre l’OTAN et la Russie, si elle maintient le rythme de ces attaques contre les ressources jusque-là intouchables de son adversaire. Dans ce cas, les pourparlers de paix pourraient reprendre plus tôt que prévu (…).
En gardant ces cinq messages à l’esprit, il ne fait aucun doute que la frappe chirurgicale de la Russie contre des équipements militaires et/ou terroristes à la triple frontière moldave, roumaine et ukrainienne est beaucoup plus importante qu’il n’y paraît à première vue. Non seulement la Russie a frappé plus près de l’OTAN que jamais, mais ce bloc n’a même pas essayé de l’arrêter, ce qui suggère qu’il est peu enclin à se laisser entraîner encore plus profondément dans cette guerre par procuration. Si la Pologne n’intervient pas unilatéralement d’ici la fin de l’été, les pourparlers de paix pourraient reprendre peu après”.
Derniers développements
Le 24 juillet, des agents ukrainiens ont tenté de toucher le Ministère de la Défense, à Moscou, avec des drones. Les lancers de drones et de missiles vers la Crimée sont quotidiens..(ici, ici, ici). Le 26 juillet 2023 : l’armée ukrainienne a tenté une nouvelle percée en direction de Zaporojie.
La désindustrialisation transatlantique met l’OTAN en infériorité de matériel face à la Russie
Selon Uriel Araujo : “En ce qui concerne les munitions, le problème est que les autorités américaines elles-mêmes estiment que Moscou est capable de produire “1 million de munitions d’artillerie de 152 mm par an”. Les États-Unis, en revanche, n’en produisent qu’un septième, selon Hal Brands.
À l’heure actuelle, les États-Unis eux-mêmes doivent acheter des munitions d’artillerie conventionnelles à leur allié sud-coréen. Dans ce que M. Brands décrit comme une “chasse aux munitions désespérée à l’échelle mondiale”, Washington a également cherché des munitions au Japon et “repositionné des munitions stockées en Israël vers l’Ukraine”.
Les stocks européens ne sont pas en meilleur état. Selon l’Institut international d’études stratégiques, les forces armées des États européens membres de l’OTAN sont “vidées de leur substance, en proie à des équipements inutilisables et à des stocks de munitions gravement épuisés”. Le journaliste et historien militaire de Bloomberg Max Hastings écrit qu’il y a plus d’un an, Berlin s’était engagé à consacrer 100 milliards d’euros à la reconstruction de ses forces usées. Or, jusqu’à présent, on estime que seul 1 % de cette somme a été dépensé. Le mois dernier, la stratégie de sécurité nationale allemande a souligné la faiblesse de l’économie allemande. Selon M. Hastings, la “volonté politique” de renforcer les forces armées est “absente” non seulement en Allemagne, mais aussi dans d’autres pays européens.
(…) Le problème de l’Europe va bien au-delà de l’épuisement des stocks d’armes : pour qu’elle puisse se réarmer, une réindustrialisation est indispensable, ce à quoi, ironiquement, Washington lui-même s’est constamment opposé par le biais de sa guerre de subventions contre le bloc européen”.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/07/26/guerre-dukraine-jour-515-pologne-une-envie-folle-dannexion-de-lukraine-occidentale/
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