Bien que la France soit, on le sait, un pays de cocagne où coulent le
miel et le lait (à tel point qu’on vient de tous les points du monde
pour y planter une tente ou un bébé, littéralement), il
arrive parfois que certains aspects soient un peu plus tendus que
d’autres. Ainsi, en matière de logement, le Français moyen a bien du mal
à trouver chaussure à son pied…
À tel point d’ailleurs qu’on évoque à présent une véritable crise dans le domaine de l’immobilier : non seulement, les prix sont hauts (ce n’est pas nouveau) mais en plus, les taux d’emprunts sont remontés en flèche limitant brutalement l’accession à la propriété d’un nombre croissant de Français.
Heureusement, le gouvernement – qui entend les petits couinements du peuple et sait se montrer à l’écoute de tous les lobbies bien en fonds – n’a pas manqué d’appréhender récemment la question en lançant non pas un Grenelle ni un numéro vert (traditions républicaines) mais un “Conseil national” (autre tradition, moins récente mais tout aussi employée qu’utile) dont les conclusions ont été soigneusement étudiées.
Pourtant, la situation n’est pas exactement rose et pourrait laisser penser qu’elle ne ménage guère de marges de manœuvre.
Ainsi, le nombre de nouveaux chantiers de constructions immobilières est en chute libre. Avec seulement 16 912 programmes commerciaux lancés en France au premier trimestre 2023, on atteint un plus bas depuis 2010. Les ventes aux particuliers ont en outre reculé de 52,3%.
Ainsi, la location montre elle aussi des signes de faiblesse : entre l’accroissement des contraintes pour rendre un bien éligible à la location (notamment sur le plan énergétique), et le resserrement des conditions de crédit qui imposent aux actuels locataires de le rester, en passant par l’absence de nouveaux logements disponibles (eh oui : la construction est aussi en baisse), tous les ingrédients sont réunis pour que le marché locatif gèle. Ce n’est pas comme si cela n’avait pas été prévu…
Bref, les mal-logés en France (qui représentent actuellement 4,1 millions de personnes) ne sont pas prêts de s’évaporer autrement que dans les statistiques finement ouvragées présentées dans la propagande d’État…
On aurait donc pu s’attendre, à la suite de ce Conseil national, à un effort marqué en faveur des propriétaires ou des constructeurs.
Que nenni, c’est même le contraire : le gouvernement, superbement représenté par ce frétillant renflement gris de Bruno Le Maire, a estimé nécessaire pour ses finances de supprimer le “dispositif Pinel”. Pour rappel, il s’agit d’une réduction d’impôts sur les biens neufs construits dans le collectif et mis en location sous certaines conditions de prix.
Cette suppression, au moment où les taux d’emprunt explosent à la hausse, accroît encore davantage les difficultés pour les jeunes désirant accéder à la propriété privée.
Couplée avec la réduction drastique du PTZ (prêt à taux zéro) – qui est, lui, prolongé jusqu’en 2027 mais avec un champ d’application bien plus resserré (et qui ne concerne plus les maisons individuelles), tout ceci devrait se traduire par une nette baisse de la mise en vente de logements neufs. Les professionnels du secteur évoquent 200.000 logements neufs perdus (ce qui reviendrait à 60 milliards d’euros d’activité en moins sur le territoire, et environ 150.000 emplois supprimés).
Et pour les Français les plus “chanceux” qui auront le privilège de subir la capitale, le nouveau PLU parisien va ajouter un peu de sel sur ces amusantes plaies fiscales et immobilières : au-delà des 40% de logements sociaux qui promettent à la ville de rendre certains de ses quartiers encore plus sensibles
émotifs, l’équipe municipale promet de fournir 300 hectares d’espaces
verts supplémentaires ce qui, compte-tenu de l’historique de la Dream
Team actuellement au pouvoir, peut faire froid dans le dos. L’objectif
d’avoir “40% de l’espace public désimperméabilisé d’ici 2050”
(comprenez : on va joyeusement faire sauter l’asphalte) permettra de
parfaire un tableau vitaminé où les surmulots y trouveront leur compte.
Dans cette trajectoire déjà délicieuse, le récent projet d’une interdiction des chaudières à gaz sur tout le territoire (prends ça, Poutine !) ressemble presque à la proverbiale cerise sur un gâteau de réjouissances immobilières appétissantes : pour l’un des pays les moins polluant du monde et dont l’impact, en matière de CO2 ou du reste, est absolument microscopique, saborder ainsi tout un secteur marchand et des emplois par milliers est une belle preuve du sens du sacrifice des autres par nos dirigeants.
L’État n’a pas arrêté de s’introduire dans le marché de l’immobilier en accroissant chaque année le nombre de lois contraignantes pour les propriétaires, en donnant toujours plus de latitudes aux locataires et en compliquant la vie des promoteurs, des constructeurs et de tous les professionnels du domaine par une bureaucratie maintenant complètement hors de contrôle.
Pire encore, l’État est directement responsable des tensions tant sur les taux des crédits bancaires (pour rappel, c’est l’État qui est censé avoir le contrôle de la monnaie) que sur le taux d’inflation suite à une série historique de décisions géopolitiques débiles et de distribution prodigue d’argent gratuit des autres qu’il imprime comme jamais. Il s’emploie à présent, comme un pompier pyromane hystérique, à en compenser les effets par une série de mesures parfaitement inappropriées en temps et en ampleur.
Pour compenser les effets de bords de plus en plus grands de ses politiques (les pires étant le contrôle des loyers, garantie politique équivalente à un bombardement en terme de résultats sur l’immobilier), le même État s’emploie maintenant à bricoler toujours plus loin et toujours plus fort les lois existantes dans une fuite en avant sans retour : responsable du problème, ses solutions l’aggravent à chaque coup.
Forcément, ça va bien se passer.
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