La
date de 3102 av. J.-C. qui marque le début du Kali Yuga représente une
réalité cosmologique liée à une altération des influx planétaires. Ce
n'est pas une date arbitraire. Elle est ressentie partout dans le monde.
Les différences dans son évaluation proviennent des méthodes de calcul.
C'est l'époque du déluge de Sumer. Le calendrier hébraïque conservé par
certaines sectes, débute en 3760. Le calendrier des Maya d'Amérique
commence en 3313. Après les événements qui marquent le début de chaque
période s'établit une sorte de climat caractéristique qui, pour le Kali
Yuga, est une atmosphère de tensions, de rivalités, de conflits,
d'invasions, de guerres, etc.
Les conceptions perverses, hostiles à la tradition de sagesse et d'harmonie entre les espèces apparues durant le Dvâpara Yuga, vont, dès le début du Kali Yuga, s'imposer avec violence. C'est alors qu'a lieu l'irruption des barbares aryens, évoquée dans la Grande Guerre du Mahâbhârata, et l'imposition du Védisme. Nous voyons en même temps se développer le Jaïnisme, religion moraliste et athée.
C'est au milieu du Yuga que s'amorcent les conditions qui vont mener au déclin final. Le Ve siècle avant notre ère va donc voir se manifester avec force les idéologies qui seront la cause de la décadence de l'humanité. [...]
C'est durant le Dvâpara Yuga, l'âge du doute et du développement économique, qu'étaient apparues, avec les civilisations sédentaires et urbaines des formes de religion protectrices de l'ordre social conservateur et puritain. Mais c'est seulement au milieu du Kali Yuga que nous assistons à la réalisation de la prédiction des Purâna. L'enseignement d'Arihât (le "destructeur des gens pieux") sous la forme du Bouddhisme et du Jaïnisme ainsi que de l'Ajîvikisme réformé, s'attaque à l'ancienne tradition shivaïte extatique, orgiastique et mystique, et en même temp, aux structures ritualistes et hiérarchiques de la société védique.
"Les trois religions réformées Bouddhisme, Jaïnisme et Ajîvikisme présentent beaucoup de points communs.
Toutes les trois rejetaient le polythéisme des Aryens, les sacrifices et les théories monistes des mystiques des Upanishad. Les puissances surnaturelles furent reléguées à une position inférieure et même négligeable. Les trois nouvelles religions représentent une reconnaissance d'une loi naturelle de l'univers. Les idées de leurs fondateurs peuvent être comparées à celles de leurs contemporains approximatifs de l'Ionie. " (A. L. Basham, "History and Doctrines of the Ajîvikas", p. 6.)
Les réformes religieuses du milieu du Kali Yuga vont mettre en évidence le conflit du mysticisme et du moralisme, de la religion de la nature et de l'amour s'opposant à celle de la cité et des vertus civiques.
Nous pouvons, dans l'Inde, comme ailleurs, suivre, au cours du Kali Yuga, l'alternance, l'opposition et parfois même la complémentarité des deux tendances.
C'est à partir du Dvâpara Yuga que se sont développées dans les sphères limitées de ce qu'on appelle l'intelligentsia des cités, les tendances matérialistes qui s'opposent au Shivaïsme dionysiaque, religion de la nature hostile à la religion des villes centrée sur l'homme. Le Jaïnisme, religion essentiellement moraliste ainsi que les formes de l'Hindouisme qui en sont dérivées, telles que le Bouddhisme et le Vishnouisme représentent encore aujourd'hui dans l'Inde, les religions des classes citadines et commerçantes.
Un
développement analogue à celui de l'Inde eut lieu dans tous les
territoires occupés par les Aryens. L'héritage des Pélasges et des
Crétois vaincus est à la base du développement de la civilisation
hellénique. Les sources indo-sumériennes d'Hésiode et d'Homère ont été
démontrées. Les cultes dionysiaques apparentés au shivaïsme se mêlèrent à
la religion aryenne dans l'antiquité grecque et romaine comme en Inde.
Le milieu du Kali Yuga est partout marqué par de grands bouleversements. En Europe nous assistons au déferlement des barbares celtes. C'est l'époque de la destruction d'Athènes, d'Urarthu, de Babylone, de l'invasion de l'Egypte par les Perses. En Italie, Rome se développe au dépens des Etrusques. Nous pouvons constater, dans les différentes parties du monde, l'apparition simultanée de doctrines si voisines les une des autres qu'elles semblent toutes provenir d'une même source qui, selon les Indiens, serait le Jaïnisme de Pärshvä (817-778), le prédécesseur de Mahâvîra. Tous ces mouvements religieux et philosophiques sont de caractère moraliste et puritain, croient à la transmigration, s'opposent également au polythéisme et aux pratiques extatiques.
Zoroastre (mort en 553), peu avant l'occupation de l'Indus par Cyrus (533), avait réformé la religion perse (proche du polythéisme védique) et adopté la théorie jaïna de la transmigration et d'une rétribution des actions après la mort. Xenophane, un Grec d'Asie Mineure (vers 540), s'oppose au polythéisme et à l'anthropomorphisme. En Grèce les Gymnopédistes nus, qui étaient des missionnaires jaïna, exerçaient une grande influence. Pythagore enseigne la transmigration et fonde une confrérie l'année même où Gautama (le Bouddha) se fait moine (530). Il s'inspire des théories du Sâmkhya, alors que l'école des Cyniques est vraisemblablement un écho de l'enseignement des Ajîvika.
En Chine, le cinquième siècle est l'époque de la naissance du Taoïsme (Lao-Tse, 604-531) et du Confucianisme (Confucius, 551-479) dont les idées sont très proches de certaines conceptions indiennes. Le Grand Système du Tao, qui cherche à épouser le mouvement naturel de l'univers, apparaît à l'origine basé sur une version poétique des conceptions du Sâmkhya et du Yoga. Les mots Yin et Yang correspondent à Yoni et Linga. Les pratiques respiratoires et la recherche du soleil et de la lune à l'intérieur du corps rappellent Idâ et Pingalâ, les voies lunaire et solaire du souffle du Yoga. Les pratiques sexuelles (garder l'essence spermatique et s'efforcer d'absorber l'essence féminine) sont identiques à celles du Yoga. La notion d'immortalité conçue comme une transmutation dans laquelle "montés sur un nuage blanc le Sage ou l'Empereur jaune arrivent dans la région des dieux" est analogue à celle du Shivaïsme. Nous retrouvons les sept sages, le refus de l'ascèse, les pratiques de longue vie (l'Ayurvéda, science de longue vie indien).
Confucius, né en 551, dix ans après Gosâla et mort cinq ans après lui (479), était un agnostique qui s'opposait au Taoïsme et voulait résoudre par la morale toutes les difficultés du monde. Il était, selon Max Weber : "un rationaliste dégagé de toute métaphysique, de toute tradition religieuse qui... a construit une morale fondée sur la nature de l'homme et les besoins de la société." Sa rencontre avec Lao-Tse aurait eu lieu en 517. C'est apparemment l'influence jaïna qui fait apparaître dans le Taoïsme ultérieur la notion de transmigration.
Avec le développement des sociétés urbaines, industrielles, capitalistes, les formes des enseignements d'Arihat, moralistes, matérialistes et athées, se sont infiltrées dans toutes les religions ultérieures, y compris l'Hindouisme et le Shivaïsme modernisés. Nous en retrouvons l'influence dans le Zoroastrisme, le Confucianisme, le Judaïsme, le Christianisme, Islam et jusque dans le Marxisme, la dernière des religions du Kali Yuga.
Après
la destruction des cités de l'Indus par les Aryens, l'écriture disparut
officiellement de l'Inde pendant plus d'un millénaire. Les textes
scientifiques, philosophiques et religieux de l'ancienne civilisation
furent préservés par des organisations monastiques secrètes.
Reconstitués et traduits en sanskrit lors du réveil de l'ancien
shivaïsme au début de l'ère chrétienne, ils suscitèrent une prodigieuse
renaissance qui dura jusqu'aux invasions islamiques du XIIIe siècle.
Ces textes révèlent des connaissances sur la nature de l'univers, l'origine de la matière et de la vie, sur l'astrophysique, la biologie, l'évolution, les rapports de la pensée et du langage qui rejoignent, voire dépassent les conceptions les plus audacieuses des sciences modernes.
C'est auprès des représentants de l'ancien shivaïsme qu'Alain Daniélou a pu réunir les éléments de ce livre qui présente le plus étonnant document sur la genèse, l'histoire et le destin de l'humanité.
Les conceptions perverses, hostiles à la tradition de sagesse et d'harmonie entre les espèces apparues durant le Dvâpara Yuga, vont, dès le début du Kali Yuga, s'imposer avec violence. C'est alors qu'a lieu l'irruption des barbares aryens, évoquée dans la Grande Guerre du Mahâbhârata, et l'imposition du Védisme. Nous voyons en même temps se développer le Jaïnisme, religion moraliste et athée.
C'est au milieu du Yuga que s'amorcent les conditions qui vont mener au déclin final. Le Ve siècle avant notre ère va donc voir se manifester avec force les idéologies qui seront la cause de la décadence de l'humanité. [...]
C'est durant le Dvâpara Yuga, l'âge du doute et du développement économique, qu'étaient apparues, avec les civilisations sédentaires et urbaines des formes de religion protectrices de l'ordre social conservateur et puritain. Mais c'est seulement au milieu du Kali Yuga que nous assistons à la réalisation de la prédiction des Purâna. L'enseignement d'Arihât (le "destructeur des gens pieux") sous la forme du Bouddhisme et du Jaïnisme ainsi que de l'Ajîvikisme réformé, s'attaque à l'ancienne tradition shivaïte extatique, orgiastique et mystique, et en même temp, aux structures ritualistes et hiérarchiques de la société védique.
"Les trois religions réformées Bouddhisme, Jaïnisme et Ajîvikisme présentent beaucoup de points communs.
Toutes les trois rejetaient le polythéisme des Aryens, les sacrifices et les théories monistes des mystiques des Upanishad. Les puissances surnaturelles furent reléguées à une position inférieure et même négligeable. Les trois nouvelles religions représentent une reconnaissance d'une loi naturelle de l'univers. Les idées de leurs fondateurs peuvent être comparées à celles de leurs contemporains approximatifs de l'Ionie. " (A. L. Basham, "History and Doctrines of the Ajîvikas", p. 6.)
Les réformes religieuses du milieu du Kali Yuga vont mettre en évidence le conflit du mysticisme et du moralisme, de la religion de la nature et de l'amour s'opposant à celle de la cité et des vertus civiques.
Nous pouvons, dans l'Inde, comme ailleurs, suivre, au cours du Kali Yuga, l'alternance, l'opposition et parfois même la complémentarité des deux tendances.
C'est à partir du Dvâpara Yuga que se sont développées dans les sphères limitées de ce qu'on appelle l'intelligentsia des cités, les tendances matérialistes qui s'opposent au Shivaïsme dionysiaque, religion de la nature hostile à la religion des villes centrée sur l'homme. Le Jaïnisme, religion essentiellement moraliste ainsi que les formes de l'Hindouisme qui en sont dérivées, telles que le Bouddhisme et le Vishnouisme représentent encore aujourd'hui dans l'Inde, les religions des classes citadines et commerçantes.
Le Kali Yuga dans le monde
Le milieu du Kali Yuga est partout marqué par de grands bouleversements. En Europe nous assistons au déferlement des barbares celtes. C'est l'époque de la destruction d'Athènes, d'Urarthu, de Babylone, de l'invasion de l'Egypte par les Perses. En Italie, Rome se développe au dépens des Etrusques. Nous pouvons constater, dans les différentes parties du monde, l'apparition simultanée de doctrines si voisines les une des autres qu'elles semblent toutes provenir d'une même source qui, selon les Indiens, serait le Jaïnisme de Pärshvä (817-778), le prédécesseur de Mahâvîra. Tous ces mouvements religieux et philosophiques sont de caractère moraliste et puritain, croient à la transmigration, s'opposent également au polythéisme et aux pratiques extatiques.
Zoroastre (mort en 553), peu avant l'occupation de l'Indus par Cyrus (533), avait réformé la religion perse (proche du polythéisme védique) et adopté la théorie jaïna de la transmigration et d'une rétribution des actions après la mort. Xenophane, un Grec d'Asie Mineure (vers 540), s'oppose au polythéisme et à l'anthropomorphisme. En Grèce les Gymnopédistes nus, qui étaient des missionnaires jaïna, exerçaient une grande influence. Pythagore enseigne la transmigration et fonde une confrérie l'année même où Gautama (le Bouddha) se fait moine (530). Il s'inspire des théories du Sâmkhya, alors que l'école des Cyniques est vraisemblablement un écho de l'enseignement des Ajîvika.
En Chine, le cinquième siècle est l'époque de la naissance du Taoïsme (Lao-Tse, 604-531) et du Confucianisme (Confucius, 551-479) dont les idées sont très proches de certaines conceptions indiennes. Le Grand Système du Tao, qui cherche à épouser le mouvement naturel de l'univers, apparaît à l'origine basé sur une version poétique des conceptions du Sâmkhya et du Yoga. Les mots Yin et Yang correspondent à Yoni et Linga. Les pratiques respiratoires et la recherche du soleil et de la lune à l'intérieur du corps rappellent Idâ et Pingalâ, les voies lunaire et solaire du souffle du Yoga. Les pratiques sexuelles (garder l'essence spermatique et s'efforcer d'absorber l'essence féminine) sont identiques à celles du Yoga. La notion d'immortalité conçue comme une transmutation dans laquelle "montés sur un nuage blanc le Sage ou l'Empereur jaune arrivent dans la région des dieux" est analogue à celle du Shivaïsme. Nous retrouvons les sept sages, le refus de l'ascèse, les pratiques de longue vie (l'Ayurvéda, science de longue vie indien).
Confucius, né en 551, dix ans après Gosâla et mort cinq ans après lui (479), était un agnostique qui s'opposait au Taoïsme et voulait résoudre par la morale toutes les difficultés du monde. Il était, selon Max Weber : "un rationaliste dégagé de toute métaphysique, de toute tradition religieuse qui... a construit une morale fondée sur la nature de l'homme et les besoins de la société." Sa rencontre avec Lao-Tse aurait eu lieu en 517. C'est apparemment l'influence jaïna qui fait apparaître dans le Taoïsme ultérieur la notion de transmigration.
Avec le développement des sociétés urbaines, industrielles, capitalistes, les formes des enseignements d'Arihat, moralistes, matérialistes et athées, se sont infiltrées dans toutes les religions ultérieures, y compris l'Hindouisme et le Shivaïsme modernisés. Nous en retrouvons l'influence dans le Zoroastrisme, le Confucianisme, le Judaïsme, le Christianisme, Islam et jusque dans le Marxisme, la dernière des religions du Kali Yuga.
Alain Daniélou.
*******
Le Destin du monde d'après la tradition shivaïte
Ces textes révèlent des connaissances sur la nature de l'univers, l'origine de la matière et de la vie, sur l'astrophysique, la biologie, l'évolution, les rapports de la pensée et du langage qui rejoignent, voire dépassent les conceptions les plus audacieuses des sciences modernes.
C'est auprès des représentants de l'ancien shivaïsme qu'Alain Daniélou a pu réunir les éléments de ce livre qui présente le plus étonnant document sur la genèse, l'histoire et le destin de l'humanité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.