Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s’est rendu à Washington la semaine dernière, la tête dans les épaules, pour proposer un accord infâme. La Grande-Bretagne post-Brexit cherche à conclure un pacte commercial bilatéral très convoité avec les États-Unis et, pour s’attirer les faveurs de l’Oncle Sam, elle propose d’intensifier son rôle de provocateur en chef dans la guerre par procuration contre la Russie.
Le président américain Joe Biden et Sunak ont prononcé les platitudes habituelles sur la “relation spéciale” entre leurs deux pays lors de la visite de deux jours du premier ministre britannique à Washington. Sunak a ajouté une nouvelle épithète onctueuse, qualifiant les États-Unis et la Grande-Bretagne d'”alliance indispensable” au monde.
Le conflit en Ukraine, la Russie, la Chine et les questions commerciales ont figuré en tête de l’ordre du jour du sommet de la Maison Blanche.
Biden et Sunak ont dévoilé une “Déclaration atlantique” promettant une coopération plus étroite entre les États-Unis et la Grande-Bretagne dans les domaines de l’économie, de la sécurité, de l’armée et de l’intelligence artificielle.
Toutefois, les États-Unis n’ont pas pris d’engagement concret en faveur d’un nouvel accord commercial bilatéral. Lorsque la Grande-Bretagne a quitté l’Union européenne en 2020, ce départ historique de ce bloc commercial était calculé dans le but d’obtenir un accord commercial spécial avec les États-Unis.
Le gouvernement conservateur s’est engagé auprès des électeurs britanniques à conclure un pacte commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni lors des dernières élections générales de 2019. Or, près de quatre ans plus tard, Londres n’est pas près de s’arrimer au radeau américain après s’être détachée de l’UE. Cette situation de dérive a provoqué des bouleversements économiques et politiques sans précédent en Grande-Bretagne.
Sunak est le troisième premier ministre britannique avec lequel Joe Biden a eu affaire en tant que président, ce qui reflète l’instabilité politique de la Grande-Bretagne provoquée par ses tribulations post-Brexit.
La conclusion d’un accord commercial avec les États-Unis est une priorité pour Londres. Alors que Washington, sous l’administration Biden, adopte des politiques économiques plus protectionnistes, la Grande-Bretagne souhaite obtenir des concessions pour accéder à l’économie américaine.
Cette situation délicate rend le rôle de Londres en tant qu’homme de main de Washington plus dangereux qu’à l’accoutumée. Afin d’obtenir des faveurs économiques, la Grande-Bretagne est plus que jamais disposée à intensifier les hostilités impériales des États-Unis à l’égard de la Russie et de la Chine. Ces hostilités sont motivées par le propre déclin impérial de Washington en tant que “seule superpuissance” et “hégémon mondial“.
Lors de sa rencontre à la Maison Blanche, Sunak a présenté la Grande-Bretagne et les États-Unis comme les deux principaux soutiens militaires de l’Ukraine dans la guerre contre la Russie. Il a également déclaré que la Grande-Bretagne jouerait un rôle de premier plan dans la consolidation de la nouvelle alliance militaire – AUKUS – entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis. Cette alliance, qui implique la fourniture de sous-marins à propulsion nucléaire à l’Australie, vise explicitement à faire face à la Chine dans la région Asie-Pacifique. Dans une tentative affectée de paraître profond, Sunak a déclaré que la sécurité de l’Atlantique était “indivisible” de la sécurité de l’Asie-Pacifique.
Dans le conflit ukrainien des 16 derniers mois, la Grande-Bretagne s’est distinguée comme le provocateur en chef de l’OTAN. Alors qu’il était à Washington, Sunak s’est vanté de la fourniture par la Grande-Bretagne de chars de combat, de missiles à plus longue portée et de la formation des pilotes ukrainiens sur les avions de combat F-16 de fabrication américaine qui seront bientôt livrés.
Le Premier ministre britannique s’est aussi docilement donné pour mission d’inciter les autres membres européens de l’OTAN à accroître leur soutien militaire (c’est-à-dire à acheter les armes du Pentagone) à l’Ukraine. Pour le plus grand plaisir de Washington, sans aucun doute.
La guerre en Ukraine atteint un stade plus dangereux de confrontation directe de l’OTAN avec la Russie. La “guerre non déclarée” que l’on connaît jusqu’à présent risque de se transformer en un conflit généralisé entre des États dotés de l’arme nucléaire.
Pendant que Sunak se rendait à la Maison Blanche – il s’agissait de sa quatrième rencontre avec M. Biden en quatre mois – le régime de Kiev, soutenu par l’OTAN, entamait sa contre-offensive, prévue de longue date, contre les forces russes. Des chars fournis par l’OTAN ont été détruits lors des premiers combats.
Les missiles de croisière Storm Shadow récemment fournis par la Grande-Bretagne – d’une portée de 300 km, la plus longue de tous les missiles de l’OTAN fournis jusqu’à présent – ont pris pour cible le territoire russe. Certaines armes britanniques ont touché des centres civils, faisant des victimes.
Londres a également fourni des obus d’artillerie à l’uranium appauvri à l’armée ukrainienne, ce que Moscou a furieusement condamné, estimant que cela revenait à “lâcher des bombes sales“.
La Grande-Bretagne a envoyé le plus grand nombre de forces spéciales parmi les 31 États membres de l’OTAN pour aider l’Ukraine sur le terrain.
Après le Brexit, la Grande-Bretagne se trouve dans un dilemme qu’elle a elle-même créé. Elle a perdu de l’influence au sein de l’UE, le plus grand bloc commercial du monde, mais les rêves vaniteux de Londres de “Global Britain” ne se sont pas concrétisés. Loin de là. L’économie et la société britanniques s’effondrent sous le poids de la pauvreté, des inégalités et de la corruption (comme l’épouse multimilliardaire de Sunak qui ne paie pas ses impôts en Grande-Bretagne).
Les États-Unis, malgré toute la rhétorique sur les “relations spéciales“, n’ont pas lancé de bouée de sauvetage à la Grande-Bretagne sous la forme d’un accord commercial bilatéral sur mesure. À la dérive, Londres est une entité dangereuse (plus dangereuse que d’habitude, en tout cas). Les contraintes économiques sont susceptibles d’inciter la Grande-Bretagne à solliciter davantage l’Oncle Sam pour qu’il joue son rôle d’exécuteur impérial.
La perfide Albion a déjà joué un rôle déterminant dans l’orchestration de plusieurs provocations à l’égard de la Russie au cours du conflit ukrainien. Pour les bellicistes de Washington qui veulent pousser à la confrontation avec la Russie et la Chine, le bouledogue britannique est dans une condition idéale pour servir de chien d’attaque encore plus vicieux.
Il est risible de constater que Biden a qualifié sa rencontre avec Sunak de première rencontre entre Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill à la Maison Blanche pour planifier l’invasion de l’Europe le jour du débarquement. L’arrogance et la déformation délirante de l’histoire sont stupéfiantes.
“Je suis persuadé que le Royaume-Uni et les États-Unis continueront à mener le monde vers plus de paix, de prospérité et de sécurité pour tous“, a déclaré Biden.
Réalité : la Grande-Bretagne et les États-Unis bellicistes mènent le monde à l’abîme.
Finian Cunningham
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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