18 juin 2023

Bienvenue en stagflation !


L’info de la semaine : Après Berlin, c’est toute la zone euro qui entre en récession. Ça y est, la récession est arrivée en Europe ! La zone euro se retrouve en effet, techniquement, en récession avec le recul du PIB sur deux trimestres consécutifs : baisse de 0,1% d’octobre à décembre 2022 et à nouveau de 0,1% entre janvier et mars 2023, d’après les données d’Eurostat.
L’institut européen des statistiques espérait une stagnation (on en est là !) au dernier trimestre 2022, par rapport au trimestre précédent, et rêvait d’une croissance de… 0,1% au premier trimestre 2023 ! Le mirage s’est volatilisé aussitôt que l’on a appris l’entrée en récession de l’Allemagne, le « moteur économique de la zone euro » mis en panne par les Russes à qui l’on a interdit de nous vendre leur énergie… Make Papy Biden young again !

Avec cette baisse (imprévue si l’on en croit les institutions européennes), toutes les perspectives économiques européennes s’orientent désormais à la baisse : les anticipations de la Commission, laquelle projetait une croissance de 1,1% en 2023 dans les 20 pays de la zone Euro, ne sont plus maintenant que de lointains souvenirs. Le chiffre qui semble désormais faire consensus s’établit quelque part autour de +0,5% sur l’année entière, soit une révision à la baisse de 55%. De son côté, la BCE craint une spirale prix-salaires qui pourrait ancrer l’inflation dans la durée. Lors des neufs derniers mois, les taux ont été relevés de 375 pts de base (3,75 pts de %), avec un pas de 25 pb en mai qui était le plus faible du cycle. Après la nouvelle hausse des taux cette semaine, une dernière est attendue, probablement de même ampleur.

Pour comprendre l’impact de cette entrée en récession sur votre patrimoine, rejoignez notre chaîne « Stratèges en patrimoine » : j’y ai diffusé une vidéo exclusive entièrement dédiée à cette question et des développements sont à retrouver dans notre mensuel sur abonnement Finance & Tic.
Le chiffre de la semaine

+14,9%, l’inflation de l’alimentaire en France en glissement annuel

Veuillez regagner votre siège et attacher votre ceinture : l’économie française va traverser une nouvelle zone de turbulences, avec une hausse annuelle du prix des denrées alimentaires 3,27 fois plus élevée entre mai 2022 et mai 2023 (+14,9%) qu’entre mai 2021 et mai 2022 (+4,3%). Le message est clair : après l’énergie à l’automne 2021, c’est l’alimentation qui constitue désormais le principal moteur de la hausse de l’indice des prix à la consommation (IPC) en France. Pour les produits frais, l’inflation annuelle atteint même 16,6%. Encore plus concrètement, c’est le sucre qui remporte le record de la hausse la plus forte, avec +46 % en un an ! Suivent ensuite les légumes frais (+23,2 %), le beurre (+ 21,6%) et les œufs (+ 20,3%).

A titre de comparaison, l’inflation alimentaire aux Etats-Unis se situe aux alentours de 7,7%, en Allemagne de 16,8%, en Suisse de 5,4% et en Chine de 0,4%. A contrario, les secteurs les moins touchés en zone Euro sont les services de communication (+0,3%), la santé (+2,8%) et les transports (+3,1%).

Mais pourquoi cette flambée et où va-t-on ? En deux mots, c’est une perspective d’accalmie qui devrait s’offrir désormais à nous sous le triple effet du net recul depuis l’automne 2022 des prix de l’énergie, du léger raffermissement de l’euro (ce qui améliore notre capacité à importer moins cher) et de la fin, accélérée par Bercy (et un bon point, le premier, je crois, à Bruno Lumière© !), du rattrapage des marges par la grande distribution. Pour les curieux qui voudraient savoir s’ils vont à nouveau pouvoir déguster des oursins à la poêle : je développe ici.
 
La déclaration de la semaine

« Je ne crois ni à l’austérité, ni au laisser-faire en matière budgétaire. » Bruno Lumière©

Encore et toujours lui… En dépit du bon point que nous venons d’attribuer, de bonne grâce, à Bruno, sa dernière sortie, telle une Peugeot 103, pétarade pour peu de résultat : ainsi, son intervention dans C à vous a été l’occasion d’expliquer (j’espère que vous êtes bien assis) que son obsession est de « s’assurer que chaque euro d’argent public soit dépensé utilement pour la collectivité » et qu’il ne croit « ni à l’austérité, ni au laisser-faire en matière budgétaire ». Mais du coup, à quoi Bruno Lumière© croit-il ? Quel est son « en même temps » à lui ?

L’histoire ne dit pas s’il inclut dans son propos les 1000 Mds € de dette supplémentaire contractée depuis 2017, ni les dépenses, certes peu austères, de son microparti qu’une enquête du parquet de Paris vient d’épingler, à la suite d’un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. En cause ? Quelques factures de prestataires impayées depuis 2016 et qui pourraient donc relever d’un financement illégal de campagne…

Une chose demeure certaine en revanche : depuis au moins six mois, la courbe des promesses non tenues par Bruno s’allonge, à mesure que l’inflation ressentie progresse. Voilà bien un domaine où il se dilate sans faute.
 
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/06/17/bienvenue-en-stagflation-par-florent-machabert/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.