26 mai 2023

Nitrate : vive la vie !

Très tôt, à l’âge de 17 ans, j’ai dû me faire une raison. J’étais révisionniste écologique. Insubordonné.
Voici pourquoi.


Le nitrate, c’est NO3–

C’est, avec NH4+ (l’ammonium) les deux seuls ions comportant de l’azote (N) qui sont assimilables par la plante. Ce sont deux ions naturels, naturellement présents dans l’environnement, dans la terre et produits par la biologie du sol. Une fois dans la plante, ils sont transformés notamment en acides aminés, précurseurs des protéines.

Ces deux éléments constituent donc les « briques élémentaires » indispensables à la vie. Du point de vue agricole ou agronomique, et si on se place du point de vue d’un microbiologiste, c’est la même chose, le nitrate est un activateur de croissance. C’est ça qui va donner à la plante son tonus, aux feuilles la couleur vert foncé, le charnu des cerises ou la pulpe des fruits, la teneur en protéines du blé. Bref, le nitrate, c’est bon.

Le nitrate est aussi un activateur de croissance parce que dans notre estomac, il donne un coup de booster à l’ensemble de nos bactéries qui nous aident à la digestion. Nous ingérons du nitrate, nous nous en mettons d’ailleurs plein l’œsophage quand nous mangeons nos radis ou que nous avalons nos laitues. Qui a dit qu’il ne fallait pas manger de légumes ?

Dans le sol, le nitrate est produit naturellement par la décomposition de la matière organique. L’azote qui se trouve piégé dans les molécules plus complexes se transforme lentement et libère le nitrate et l’ammonium.

Tout l’art agricole, tout l’art agronomique est, entre autres de faire en sorte que la plante puisse disposer de tous les éléments dont elle a besoin, au moment où elle en a besoin. Ça tombe bien puisque pour le nitrate, au printemps, les températures augmentant, la vie biologique du sol s’intensifie (la chaleur est aussi un activateur de croissance) la production naturelle de nitrate s’accroit et les plantes disposent d’une meilleure alimentation azotée.

Cet élément est tellement important qu’il est considéré, à juste titre comme étant le principal élément fertilisant permettant l’obtention de rendements importants.

Il faut donc sans cesse compenser les prélèvements de nitrate par les plantes par des apports : soit directement avec des lisiers (oui, c’est plein de nitrates, entre autres), ou maintenir une bonne dose de matières organiques dans les sols avec des fumiers, de la paille broyée, des déchets organiques compostés, ou par des apports de nitrates issus des engrais dits « chimiques » (c’est-à-dire provenant de la pétrochimie) sous forme d’ammonitrate (NH4-NO3).

Il y a eu une époque (jusque dans les années 90) où les paysans épandaient massivement de l’ammonitrate ou de l’urée (CO(NH2)2). Les céréaliers du bassin parisien dont l’activité n’est pas liée à de l’élevage sont obligés de continuer à utiliser cette molécule. Leurs sols s’appauvrissent en matières organiques depuis plus de quarante ans de pratiques agricoles « exportatrices » du point de vue du sol. Il faut donc compenser.

Pour rappel, l’ammonitrate, c’est ce composé qui a causé l’explosion de l’usine d’AZF en septembre 2001 (quelques jours après les attentats du 11 septembre) ainsi que l’explosion du port de Beyrouth en août 2020. Bien entendu, ce composé n’explose pas tout seul. Il faut autre chose, mais ce n’est pas le sujet ici.

Alors on a accusé le nitrate et on continue de le faire d’ailleurs, d’être la cause de toutes les pollutions, notamment en Bretagne : les algues dans la baie de St Brieuc, la pollution des nappes phréatiques, l’impact du nitrate sur la santé et notamment le fait que l’excès de nitrate donne la maladie « bleue » des bébés. Quand on veut tuer son chien…

Qu’en est-il exactement ? Est-ce que le nitrate est responsable de tous ces maux ?

Le danger du nitrate dans l’alimentation :

A part des déclarations, il n’existe pas de preuves que le nitrate soit la cause de maladies. Je dirais presque : au contraire. Tout d’abord quelques chiffres :

Le taux maximal accepté de nitrate dans l’eau est de 50mg/l. C’est une eau nitratée. C’est rarement observable hormis dans les eaux de surface après une pluie de printemps sur des sols nus. Et ce n’est pratiquement jamais enregistré.

Or, si vous consommez des radis, de la laitue, vous allez ingérer des quantités de nitrate dans votre petite ration que plusieurs litres d’eau à la plus forte teneur acceptée ne parviendraient pas à couvrir.

Comme je l’indiquais plus avant, le nitrate est un activateur de croissance, notamment pour les micro-organismes et donc ceux qui se trouvent dans notre intestin. Le nitrate agirait ainsi de manière favorable au développement de la flore intestinale et aurait un effet bénéfique sur l’éviction des ulcères à l’estomac.

Qui a dit qu’il ne fallait pas consommer des légumes ?

La pollution des nappes phréatiques :

Le nitrate lessive. C’est un fait. Le lessivage, c’est la capacité qu’a un élément chimique à être emmené par l’eau. Le nitrate est très soluble dans l’eau et à chaque pluie, on considère qu’un millimètre de pluie fait descendre le nitrate d’un cm dans le sol. Or, comme c’est un élément qui est un facteur limitant pour la production agricole et donc les rendements, personne n’a intérêt à favoriser le lessivage de cet élément. Les bonnes pratiques agricoles permettent de limiter le lessivage, notamment en favorisant la présence de matière organique et de nitrates en insérant la culture des légumineuses dans l’assolement.

Mais ne l’empêche pas.

Alors au printemps, les températures remontant, l’activité biologique augmentant, le sol produit naturellement plus de nitrates. S’il vient une pluie et a fortiori sur un sol nu, le nitrate lessive et s’en va. Si on ajoute à ça le fait que bon nombre de parcelles ont été drainées, le nitrate s’en va encore plus vite.

Mais il ne s’en va pas dans les nappes profondes, il s’en va à la rivière. Le nitrate ne s’accumule pas dans les nappes phréatiques.

La présence de nitrates dans les eaux de surface n’est pas un indicateur de pollution, c’est un indicateur de lessivage. Et vu la non-nocivité de la molécule, si on trouve du nitrate, il faut alors rechercher d’autres molécules qui auraient pu lessiver avec. Or, ça, on n’en parle jamais. Pourtant, pour la santé humaine, ce sont ces autres molécules qui sont potentiellement impactantes. Nous allons y revenir.

Précision sémantique pour la suite :

Le nitrate étant un élément naturel, le fait d’en retrouver dans le milieu à des teneurs supérieures à la normale ne constitue pas une pollution. Si cette présence induit une prolifération de végétaux, on ne parle pas de pollution, mais d’un processus d’eutrophisation.

Les algues dans la baie de St Brieuc : 

Pour que les algues prolifèrent, il faut minimum trois choses :

  • Du nitrate
  • Du phosphate
  • De la chaleur et de la lumière

Le nitrate, nous l’avons vu est principalement d’origine agricole et est acheminé dans les océans par les eaux de surface.

Les vieux mytiliculteurs de Planguenoual, au cœur de la baie de St Brieuc rapportent qu’il y a une quarantaine d’années, il était fréquent de fertiliser les zones de bouchot avec de l’ammonitrate. Ces activateurs de croissance permettaient un développement plus rapide des micro-algues qui bénéficiaient aux moules et aux huitres, ces usines à filtrer l’eau.

Encore aujourd’hui, les ostréïculteurs de Marennes-Oléron viennent élever leurs huitres dans la baie de St Brieuc puis à l’approche des fêtes de fin d’année les ramènent quinze jours dans les claires de la Seudre, d’où ils pourront ensuite estampiller nos bivalves favoris de « fines de claire ». Ce qu’ils recherchent, c’est une eau riche. Et c’est ce qu’ils trouvent dans la baie de St Brieuc, justement, alimentée par les nombreuses rivières bordées par une activité d’élevage dense.

Mais pas que.

En effet, la baie est également la zone d’épandage de la grosse agglomération briochine de Plérin à Yffiniac.

L’ensemble des communes de cette zone est en effet un fantastique fournisseur de nitrates (mais pas que) puisqu’une partie significative des eaux ne sont pas traitées et partent directement à la mer. Le premier élevage hors-sol des Côtes-d’Armor, c’est l’agglomération de St Brieuc.

Alors maintenant qu’on a parlé du nitrate revenons au phosphate...

Le phosphate, c’est autre chose. Indispensable à la photosynthèse (il faut reprendre les cours de biologie moléculaire que j’avoue avoir oubliés dans le détail et replonger dans les cycles de Krebs et de Calvin pour constater que le phosphate est un élément chimique indispensable à toute production végétale). (Pour les puristes, rechercher dans votre logiciel de recherche favori la molécule NADP. Le P, c’est le phosphate).

Le phosphate présent en grande quantité dans les eaux côtières ne vient pas de l’agriculture. Impossible. C’est un élément qui est, certes nécessaire à la plante, qui peut être fourni sous forme d’amendement par les paysans, mais qui est piégé dans le complexe argilo-humique du sol. Il ne lessive pas. Le phosphate qui se retrouve dans les eaux vient d’ailleurs. Mais de ça, on n’en parle pas. Pourtant, il est aussi nécessaire que le nitrate. Alors, pourquoi, dans les discours écolos il n’est mis en avant que le nitrate, seul élément chimique qui provient de l’agriculture ? Oubli intentionnel ou volonté de nuire à l’agriculture ou aux agriculteurs ?

Le phosphate qui court dans les rivières vient des produits de nettoyage utilisés par les ménages et par les industries. C’est-à-dire que l’ensemble de la population d’un bassin versant est responsable de la présence de phosphate : nos lessives, nos savons, nos shampoings en contiennent. Et nous les rejetons à chaque fois que nous vidons nos éviers, que notre machine à laver essore notre linge ou que vous shampouinez votre voiture ou votre chien.

Si St Brieuc est le premier élevage hors-sol des Côtes d’armor, Paris et son agglomération constituent le premier élevage hors-sol Français avec ses quelque dix millions de bipèdes.

La comparaison est choquante ? Que nenni. Les physiologies du porc et de l’humain sont étrangement comparables et, sans faire une grande erreur, on peut estimer que la quantité de déjection par kg de poids vif d’un citadin nourri trois fois dans la journée est du même ordre de grandeur que celui du cochon élevé en « batterie ». Le cochon, d’un point de vue écologique ne produira que du lisier et disposera de surfaces agricoles pour l’épandage réglementé de ses déjections. Le bipède que nous sommes produira en plus l’ensemble des déchets que nous envoyons dans les poubelles d’Anne Hidalgo, qui brulent si bien quand le parisien boude.

Par ailleurs, si on veut prolonger la comparaison, il faudrait ajouter le fait que nos déjections d’humains contiennent moult molécules que nous ingérons : hormones des pilules contraceptives qui se retrouvent immanquablement dans les eaux de la Seine, antibiotiques et autres neuros-perturbants que les citadins stressés s’envoient par pelletées dans la gueule pour calmer leur mal-être.

La grande station d’épuration d’Achères, dans les Yvelines, ne peut traiter au mieux que 60% des déjections qu’elle reçoit et, chaque nuit elle évacue le surplus directement dans la Seine en amont du barrage de Conflans-Ste Honorine. Pour ne pas asphyxier toute vie aquatique, les services de VNF (Voies navigables des France) baissent le barrage pour favoriser l’oxygénation de l’eau de la Seine, provoquant parfois la production de mousses et d’écumes qui, avec un vent favorable remontent jusqu’aux rives de Conflans.

Sur l’Oise, juste en aval de l’écluse de St Ouen, un collecteur évacue les lisiers produits par les habitants de cette zone citadine. Chaque année, EMCC, filiale de Vinci chargée du dragage, évacue huit à dix barges de merde, dont l’odeur et la consistance font curieusement penser aux meilleurs lisiers de nos élevages porcins armoricains.

Les pouvoirs médiatiques s’attaquent aux paysans, aux éleveurs, l’administration les écrase sous des tonnes de contrôles, de paperasses et de plans nitrates, mais alors pourquoi ne parle-t-on pas de ces centaines de communes qui ne respectent pas les législations liées à l’eau ? Pourquoi ne mettons-nous pas l’accent sur les citadins, eux-mêmes, qui produisent autant de déjections qu’un porc de quatre-vingts kilos avec en plus des molécules qui ont des effets négatifs sur la vie aquatique : perturbation dans la chaine alimentaire, féminisation des populations de poissons. A-t-on seulement réfléchi aux effets sur la santé humaine, sur le système reproducteur humain, sur la virilité masculine et sur la fertilité humaine ? Aucun lien direct n’est établi formellement et les lobbys de la chimie feront tout pour que jamais ces liens puissent être faits, mais la médecine observe cependant une baisse de la fertilité masculine, une baisse des capacités de mobilité des spermatozoïdes chez l’homme. Est-ce qu’on peut émettre quelques questionnements sur des liens éventuels entre ce que nous rejetons et ce que nous devenons ?

De là à trouver un lien entre les hormones que nous rejetons et qu’in fine nous ingérons et l’explosion de la culture woke et de la propagande LGBT & Co, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas. Mais quand même…

Vous l’avez lu plus haut, le monde vivant est complexe.

Ne l’aborder que du point de vue du nitrate est réducteur. Il faut considérer le cycle de l’azote au regard du cycle du carbone, qui s’alimente, interagissent l’un avec l’autre (sans parler des autres éléments qui disposent également de leurs propres cycles : Phosphore, potassium, calcium, pour ne parler que des plus célèbres. Mais acceptez le fait que cet article n’est rédigé que pour sensibiliser à la complexité du vivant. Nous simplifions ici par volonté pédagogique, en faisant l’hypothèse que la base de notre lectorat se sente aussi indigente et curieuse sur les questions agronomiques que Bernadette Soubirous devant une vidéo de Rocco Siffredi.

Or, le cycle du carbone est intimement lié à celui du nitrate (d’une manière beaucoup plus intime et plus durable dans le temps que dure le sentiment extatique que notre Bernadette citée plus haut ressentirait lors du visionnage de la vidéo mentionnée). (Que ne faut-il pas faire pour maintenir l’attention du lecteur ? Mettre un peu de porno dans un texte se voulant vulgarisateur semble la recette. N’est-ce pas Nono le champion, génuflexionneur de la Russie, adepte des renflements bruns et de la dilatation des corps ?).

Reprenons.
Et synthétisons :

Sans nitrates, point de culture. Point de rendement. Point d’accumulation de carbone dans les sols. Point d’alimentation.

En 1985, alors que je devais préparer un exposé sur le nitrate pour un cours de biologie, je m’en fus rencontré un spécialiste de la question à l’INRA de Rennes. Son travail consistait à surveiller les sols et ils procédaient à des carottages des sols, les analysait et observait ainsi l’évolution des molécules dans le temps. Voici alors ce qu’il m’expliqua et qu’au cours des années qui suivirent je ne pus que confirmer.

Le nitrate, me dit-il, ce n’est pas un problème. En Bretagne en particulier, le sous-sol est principalement granitique (le Massif armoricain est le seul vestige de l’ère primaire en Europe) et la durée de remplacement des eaux, y compris profonde est très rapide. Il l’estimait alors à deux ans.

En revanche, ajoutait-il, nous sommes beaucoup plus inquiets pour la situation dans le bassin parisien. En effet, le grand bassin parisien (délimité à l’ouest par le Massif armoricain et dont la limite peut être située à Fougères, à l’est par St Dizier, au nord par Lille et au sud par les contreforts du Massif central), la situation est plus préoccupante. Le sous-sol de cette grande surface est sédimentaire et, schématiquement, constituée de « piles d’assiettes » sédimentaires avec de grandes épaisseurs de calcaires. Les nappes phréatiques profondes se trouvent en dessous de cette couche multi-sédimentaire.

Contrairement à la Bretagne, qui a fait évoluer son modèle agricole en se spécialisant sur les productions animales et qui a mis en place des systèmes de production basés sur la polyculture-élevage, ces grandes zones agricoles de plaines sédimentaires ont abandonné l’élevage dès les années 60 pour développer un modèle agricole basé sur les céréales avec des assolements associant blé, maïs, orge, tournesol… Ce modèle s’est développé en favorisant l’augmentation des surfaces par exploitations, en utilisant la mécanisation agricole toujours plus performante et efficiente, en éliminant les haies (pour info, 25.000 km de haies sont détruites annuellement en France métropolitaine…). On retrouve ce type d’agriculture lorsqu’on quitte Paris soit en allant vers l’ouest dans la direction de Chartres, soit en allant vers l’est en traversant la champagne pouilleuse. Cette agriculture, outre le fait qu’historiquement a bénéficié de subventions européennes massives, utilise massivement et de manière historique un grand nombre de produits phytosanitaires, parmi lesquels, l’atrazine, herbicide peu cher, efficace et utilisé de 1960 jusqu’en 2001 de manière quasiment systématique.

Et là, il faut s’accrocher, parce que ce qui va suivre ne va pas plaire.
Du tout.


Encore aujourd’hui, nous ne connaissons pas les effets de l’atrazine sur la santé humaine. Nous ne connaissons pas l’évolution de la molécule dans les sols et nous connaissons encore moins l’effet des molécules recombinées avec l’atrazine sur la santé humaine.

Pourtant, dès 1985, l’INRA s’inquiétait lorsqu’elle observait le front des polluants (parce qu’ici, il s’agit bien de molécules artificielles, créées par l’homme – Geigy en l’occurrence), qui lessivait lentement dans les couches calcaires sédimentaires et se dirigeaient inexorablement vers les nappes phréatiques profondes, dans lesquelles les régies des eaux plongent leurs pompes pour alimenter les villes et notamment Paris.

En 1985, l’INRA estimait que le front des polluants allait atteindre la nappe profonde entre le milieu et la fin des années 90. Et comme il faut entre 50 à 70 ans pour renouveler l’entièreté de l’eau du bassin parisien, même si nous arrêtions alors de mettre des produits phytosanitaires à ce moment sur les plantes et de fait, dans nos sols, nous serions indemnes de ces produits dans notre eau du robinet que fin du siècle 21, dans une hypothèse optimiste. On peut mentionner l’Atrazine jusqu’en 2001, mais on pourrait aussi mentionner le glyphosate, la molécule active du Roundup ou encore bon nombre de produits phyto couramment utilisés de nos jours, ainsi que leurs dérivés dont nous n’avons aucune idée de ce qu’ils deviennent et de l’impact sur notre santé (puisque nous savons que les Monsanto et autres lobbys de la chimie dépensent de folles énergies pour que les recherches sur le sujet ne soient pas menées ou pour influencer leurs résultats). Il faut rappeler qu’en 2012, lors du « Grenelle de l’environnement, engagement avait été pris de réduire de moitié l’utilisation des produits phytosanitaires. Cinq années plus tard, leur utilisation en France métropolitaine s’était accrue de 39%… Les engagements n’engagent que ceux qui y croient. Les politiques annoncent des plans merveilleux. Les électeurs (oui, vous et moi qu’on prend pour des cons) gobent et revotent pour des gogos dont le talent ne réside que dans leur capacité à communiquer et à prendre justement les électeurs pour des connards crédules décérébrés. Et ça marche.

Alors voilà.

Parler uniquement du nitrate, élément naturel et ne parler ni du phosphate ni des molécules artificielles revient à uniquement faire porter la responsabilité de la pollution des eaux uniquement sur l’éleveur. Et celui-ci est attaqué violemment. Jamais, la lumière n’est portée sur les industries chimiques ou sur la responsabilité de l’acteur citadin (toujours donneur de leçon, fantasmeur d’une vision de l’agriculture que lui-même est incapable d’assumer)…

Dans les années 1990, nous recevions à la maison (un hameau anonyme Breton) une lettre circulaire que l’association « eaux et rivières de Bretagne » envoyait à tous. Cette association bénéficiant de subventions pouvait se permettre de diffuser ses analyses, uniquement centrées sur le nitrate et ne ciblait uniquement que les paysans. J’avais été impressionné par l’agressivité de ces lettres et m’étais amusé à remplacer les termes « agriculteurs » ou « paysans » par d’autres mots : « arabes », « juifs », « nègres ». Si quelqu’un avait écrit ces textes avec ces mots de remplacement, à juste titre, il aurait été condamné pour appel à la haine. Mais pour les paysans, pour les éleveurs, Eaux et rivières de Bretagne pouvaient se le permettre. Et ça passait. On pouvait discriminer (pourquoi l’imparfait alors qu’on se le permet toujours aujourd’hui ?).

Ces gens « écolos », mieux nommés escrolos ont fait beaucoup de mal dans les campagnes Bretonnes. Combien de paysans n’en pouvaient plus d’être constamment accusés d’être des pollueurs ? Combien de femmes de paysans avaient honte et cachaient la profession de leur mari à leurs collègues quand elles travaillaient ailleurs qu’à la ferme ? Combien de couples n’ont pas pu résister, victimes de cette haine instillée dans l’opinion publique ? La haine anti-paysans que ces escrolos ont développée a été immense et ces gens continuent à diffuser leur venin. L’image de marque de l’élevage est définitivement ternie, la profession d’éleveur est considérée comme une infamie, les citadins ont tout compris et seul le nitrate est responsable de la mauvaise qualité de l’eau, des algues et notre modèle agricole est « dépassé ». Les seules choses qui ont en fait été dépassées sont l’ignominie, l’indécence, l’indigence du discours pseudo-écolo, l’irrespect vis-à-vis d’une profession, la haine du paysan.

Sur des arguments incomplets, occultant la complexité du vivant et des systèmes.

Ce qui est intéressant dans cette argutie escrolo, c’est que jamais, le discours n’a porté atteinte aux intérêts des industriels de la chimie. En mettant l’accent sur un élément chimique naturel (le nitrate) et en lui faisant porter la responsabilité de tous les maux, on occulte, on invisibilise les autres problèmes, qui pourtant, en termes de nocivité pour l’environnement et pour la santé humaine sont potentiellement bien plus significatifs.

Il est irresponsable de simplifier la biologie, l’agronomie. Il est tout autant irresponsable de ne réduire qu’à une seule variable, qu’à un seul élément la cause de tel ou tel désagrément environnemental.

Réduire le « réchauffement » climatique qu’au seul CO2 ou l’eutrophisation au seul nitrate cache mal une intention de réduire la production alimentaire et partant, réduire voire éliminer une culture paysanne de notre paysage.

On ne peut qu’être inquiet que les mesures, soit-disant environnementales n’aboutissent systématiquement qu’à la réduction des disponibilités alimentaires pour les populations et au contrôle total de notre consommation, en créant volontairement des pénuries.

Faire crever les gueux, par milliers, par millions, ces inutiles, c’est hélas l’objectif que ces néo-influenceurs écolos-citadins-bobos-bios semblent s’être assigné.

Ils reçoivent l’assentiment et le soutien des grands médias (et de leurs riches propriétaires). Ils sont la bonne conscience, ils préfigurent ce qui arrive dans un avenir proche et rien ne semble empêcher leur satanique développement.

Ce texte a été écrit il y a plusieurs mois et je n’avais jamais osé le proposer à la publication jusqu’alors.

Les évènements aux Pays-Bas liés à la volonté du gouvernement néerlandais de fermer des exploitations agricoles sur une argumentation totalement pétée liée au nitrate, les récentes déclarations de la Cour des comptes (M. Séguin, on vous regrette vraiment) jetant l’opprobre sur l’élevage bovin m’obligent à essayer de le publier, au risque d’être incompris. S’il est devant vos yeux, c’est que quelqu’un a accepté de le montrer, et je l’en remercie.

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