À ceux qui se demanderaient (et ils sont sûrement
nombreux) quelles sont ces fameuses « valeurs de la République » dont
nous parle sans cesse le courageux et efficace Gérald Darmanin, Joachim
Bouflet offre ici, indirectement, une réponse précise, complète et
argumentée. Son livre, Le Charnier de la République, publié par
les toujours excellentes Éditions Salvator, s'intéresse à la période de
la Grande Terreur à Paris, en juin et juillet 1794. Du 14 juin au 27
juillet 1794, précisément, près de 1.300 personnes ont été guillotinées,
le plus souvent après des parodies de jugement. Un grand nombre
d'innocents, parfois arrêtés à cause d'une simple homonymie avec des «
suspects » qui n'avaient, eux-mêmes, rien fait de mal.
Joachim Bouflet est méthodique, rigoureux. Il est remonté aux sources de la bienfaisante idéologie républicaine : « Le vaisseau de la République ne peut arriver au port que sur une mer rouge de sang »,
disait, en 1793, Bertrand Barère, rapporteur du Comité de salut public.
Comme quoi la Révolution, ce sont encore ses partisans qui en parlent
le mieux. Pendant ces six semaines immondes, des femmes enceintes, des
vieillards infirmes, des jeunes filles gracieuses, des garçons à peine
majeurs sont condamnés pour des conspirations imaginaires. Les
procureurs de ces tribunaux d'exception ont des faces de gargouille,
sont laids et sales, éructent, rabaissent tout : le plus connu est
Fouquier-Tinville, mais l'auteur nous en fait découvrir d'autres, tout
aussi cauchemardesques. C'est un tableau atroce de ce que la nature
humaine peut produire de plus minable et de plus abominable.
Pour accueillir les dépouilles de ces victimes
innocentes, la République a dû faire preuve d'une répugnante ingéniosité
: à deux pas de la place du Trône-Renversé (aujourd'hui place de la
Nation), une fosse commune est creusée. Le gouvernement républicain
tentera de faire oublier sa soif de sang inextinguible, mais ce
cimetière restera dans l'Histoire : c'est Picpus. Sous cette terre qui
recouvrit tant de simples « citoyens », ceux à qui on avait écrit une
Déclaration des droits mais qu'on maltraitait bien davantage que sous la
monarchie, il y eut des pères tués avec leurs enfants, il y eut des
royalistes et des indifférents, et même des républicains idéalistes. Il y
eut des poètes, comme Antoine Roucher et André Chénier. Il y eut enfin,
pour les lecteurs de Bernanos, les fameuses carmélites de Compiègne,
inspiratrices des dialogues du même nom, qui montèrent à l'échafaud en
chantant des cantiques.
Il faut lire ce livre bref, impeccablement documenté, qui
remet le régime républicain à sa juste place, proche de la fosse
commune. Joachim Bouflet n'en est pas à sa première enquête sur une
imposture : il a démonté le mythe de Marthe Robin dans un ouvrage
irréfutable. Il s'attaque désormais à cette autre « fraude mystique »
qu'est la foi en la République, quel que soit le numéro qu'elle porte et
les hommes, d'État ou de paille, qui prétendent la gouverner.
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