Nos conseils patrimoniaux donnés hier face à la crise bancaire qui se propage aux USA ont suscité des interrogations. J’y réponds aujourd’hui point par point pour éclaircir ce qui me semble être les manœuvres d’urgence si vous détenez un patrimoine financier. Dans la pratique, et si les tendances actuelles se confirment, il vous reste trois mois utiles pour sauver les meubles. Pour y parvenir, nous vous conseillons de laisser “l’idéologie” de côté et de vous préoccuper sur le résultat de cette opération temporaire, qui n’interdit en rien de se repositionner autrement une fois la vague passée.
Nos conseils patrimoniaux d’hier ont suscité pas mal de questions, soit de compréhension, soit de “cohérence idéologique”. J’entreprends ici d’y répondre minutieusement pour dissiper les malentendus.
Débancariser or not débancariser ?
J’ai conseillé, en urgence de saturer les livrets réglementés avant que la crise n’éclate. L’intérêt de cette manœuvre est de placer vos économies sous la protection de la garantie de l’État. Certains m’ont posé des questions plus ou moins incongrues sur ce conseil de bon sens.
Par exemple, un lecteur a demandé si je préconisais de financer l’économie de la caste ? Précisément non, je vous suggère de retirer vos placements mal rémunérés d’aujourd’hui pour les mettre à l’abri, là où l’État vous rendra une partie de vos impôts en cas de problème.
En rien, cela ne signifie qu’il ne faut pas penser à débancariser vos avoirs. Simplement, la débancarisation est plus facile, en l’état, à pratiquer avec ses revenus courants qu’avec son “stock” d’épargne. Si vous y êtes parvenu, je vous en félicite (et cela m’intéresse que vous disiez comment). En revanche, si vous n’avez pas encore débancarisé votre épargne et qu’elle est placée sur un petit contrat d’assurance-vie (moins de 150.000€), vous risquez de subir un choc à partir de septembre. Entendez par là que, par précaution, rien n’exclut que votre assureur ne demande l’application de la loi Sapin II pour empêcher les rachats de contrat au milieu d’une tourmente financière.
Dans cette hypothèse, vous ne regretterez pas d’avoir, en urgence, préservé l’essentiel.
Les livrets réglementés, kesako ?
Dans les questionnements, plusieurs réactions se demandent quels sont les livrets réglementés. J’ai déjà consacré une longue explication à ce sujet. Je la reprends ici rapidement :
Vous pouvez retrouver la liste des livrets sur cette page gouvernementale.
Succinctement, je la reproduis ici en rappelant les règles de plafond applicables à chaque livret :
- Livret A, rémunéré à 3% (4% à partir du 1er août), plafonné à 22.950€ par personne, soit 49.900€ par ménage.
- Livret de développement durable (LDDS), rémunéré à 3%, plafonné à 12.000€ par personne, soit 24.000€ par ménage.
- Compte épargne logement (CEL), rémunéré à 2%, plafonné à 15.300€ par personne, soit 30.600€ par ménage.
- Livret d’épargne populaire (LEP), sous condition de revenus (en gros moins de 45.000€ par an pour une famille avec deux enfants), rémunéré à 6,1%, plafonné à 7.700€ par personne, soit 15.400€ par ménage.
Comme vous le voyez, si vous cochez à toutes ces cases et que vous êtes marié, vous pouvez placer jusqu’à 120.000€ sur des livrets réglementés, en prenant, bien entendu, le temps à chaque occasion de vérifier les règles du jeu. Mais le principal général est aussi favorable que l’assurance-vie : c’est l’exonération fiscale !
L’avantage des livrets réglementés
Dans l’ensemble, ces livrets présentent l’avantage qui nous intéresse : ils sont garantis par l’État. J’ai consacré un assez long papier à ce sujet, que je vous recommande de lire. L’essentiel est de retenir que l’État garantit 100.000€ par déposant et par banque. Il faut bien retenir que la garantie se fait par banque : si vous possédez 10 comptes dans dix banques différentes avec chacun 100.000€ de dépôts, l’État vous garantit 1 million…
Comme la garantie est par déposant, si vous êtes deux déposants dans votre ménage, la garantie est de 200.000€ par banque…
Donc, si vous disposez d’un contrat d’assurance-vie où vous avez placé 100.000€, et si vous n ‘avez pas encore saturé les livrets réglementés (c’est-à-dire atteint les plafonds de chaque livret), votre intérêt immédiat et urgent est de mettre le maximum d’argent sur ces livrets… ou, au pire, sur un compte courant, dans la limite cumulée de 200.000€ par banque pour votre ménage.
Il s’agit d’une position de repli provisoire et en urgence. Je ne vous encourage pas à vous bancariser à vie, et je ne vous encourage pas à mettre de l’argent à la banque s’il ne s’y trouve pas déjà. Je vous conseille seulement de parer aux plus pressés, étant entendu que les meilleures positions consistent à vous “jeter” sur les valeurs-refuge, ce qui, pour les débutants, peut être plus compliqué.
L’Etat peut-il vraiment garantir les dépôts et les livrets ?
Une objection qui revient souvent porte sur la capacité de l’Etat à garantir réellement les livrets. En cas de krach financier, l’Etat, dit-on, ne disposera de toute façon pas des moyens suffisants pour agir, puisque les réserves du fonds de garantie sont notoirement insuffisante pour y parvenir.
L’objection est juste en même temps qu’elle est assez absurde.
Les conseils sont forcément donnés selon une logique de prudence. Il se trouve qu’une loi prévoit la garantie des dépôts dans certaines limites et le bon sens est de se placer sous la protection de cette loi, plutôt que de ne pas le faire en prétendant qu’elle ne servira jamais à rien. Par précaution, c’est le choix du bon sens.
Nous sommes tous bien conscients des limites de ce choix : si le krach est historique, si un missile nucléaire hypersonique tombe sur New York, si une météorite anéantit Paris, nous sommes bien d’accord pour dire que la garantie de l’Etat n’aura plus forcément beaucoup de sens. Mais entre une faillite bancaire ponctuelle et une disparition de la planète, il existe une infinité de décimales, et la rationalité veut quand même que vous vous rangiez aux conseils de prudence.
L’État risque-t-il de confisquer l’épargne ?
Certains internautes craignent que l’argent des livrets réglementés ne soit finalement confisqué par l’État. C’est le genre d’argument qui me laisse désemparé. Personne ne peut jurer que ce genre de décision exceptionnelle ne pourra jamais arriver. Mais, en l’état, rien ne permet de l’annoncer, ni même de le soupçonner, ni même de le craindre.
Pour l’essentiel, je crois donc que, si vous n’avez pas le temps de vous former aux valeurs-refuges, et si vous disposez d’une épargne financière limitée, “se planquer” derrière les livrets réglementés jusqu’à la fin de l’année est un choix de bon sens et de précaution.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/05/05/saturiser-ses-livrets-reglementes-debancariser-que-faire-face-a-la-crise/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.