04 mai 2023

“Fuck them, RFK Jr. !”

Commençons par un conseil au candidat Robert Francis Kennedy Junior. Il est de C.J. Hopkins, de ‘The Great Advice’ repris par ‘ZeroHedge.com’ et il nous a posé un problème de traduction puisque la phrase servant d’anthième dans sa diatribe est « Fuck it, Fuck them », et l’on sait que ‘to fuck’ est un verbe aux multiples facettes de traduction. Nous avons en choisi une qui traduise (sic) l’esprit et l’odeur de la chose :

« Faites-les chier. De toutes les façons, ils ne vous laisseront pas gagner. Ils vont vous diffamer, vous salir, vous diaboliser, déformer tout ce que vous dites et, d'une manière générale, mentir sur ce que vous êtes, ce en quoi vous croyez et ce que vous représentez. Quoi que vous fassiez, ils vont vous dépeindre comme un fanatique anti-vax, un harceleur brutal, un adepte des théories du complot. Si vous atténuez vos propos et essayez de “combler le fossé” et de “mettre fin à la division”, ils vous mangeront au déjeuner et s'assiéront ensuite pour se curer les dents avec vos os...

» Alors, foutez la merde et faites-les chier. Dites la vérité.

» Pas la vérité blanchie et prête à l'emploi. Pas la vérité édulcorée pour la consommation courante.

» Non, la vérité. La vérité laide, sans fard. La vérité qui fait peur, qui a l'air folle.

» La vérité qui fâche, qui divise, qui n'est pas censurée.

» Oui, il y a un "fossé". Un grand fossé. Un abysse. Un schisme. Un gouffre. Un abîme. Une fissure béante, béante et infranchissable. Une faille de la taille du Grand Canyon dans les fondations de la société. Une rupture dans le tissu même de la réalité… »

Il semble que RFK Jr. soit plutôt incliné à suivre les conseils de Hopkins. Son interview (texte et vidéo) donné au site ‘Unherd’, portant notamment et sans retenue sur la crise ukrainienne, est explosif par rapport à la narrative officielle. D’une façon assez paradoxale, comme on l’entend dire chez nombre d’adversaires de gauche de la politique US en Ukraine, Kennedy a qualifié Poutine de “gangster”, de “voyou” et de “tyran” et l’attaque de l’Ukraine d’« invasion barbare et illégale » tout en expliquant minutieusement comment et pourquoi Poutine avait été quasiment forcé d’agir comme il l’a fait...

Note de PhG-Bis : « Nous sommes dans une époque où quasiment tout le monde est confronté à cette sorte de contradiction dans les jugements. PhG lui-même n’est pas épargné lorsqu’il se trouve au côté de gens qui condamnent absolument ce qui fit le cadre politique de sa jeunesse innocente et nostalgique. L’important est qu’à un moment ou l’autre on admette cette contradiction et que l’on s’en explique sans se trahir soi-même. »

On reprend ci-dessous un résumé de l’interview de RFK Jr. tel que RT.com l’a donnée. Bien que russe, RT.com n’a pas eu à forcer la note pour restituer le caractère très “subversif” (en termes invertis, selon toujours cette même règle d’une époque ou règne l’inversion du conformisme censureur de l’intervention, en même temps que le réseau ne s’attardait pas trop, – on est russe ou on ne l’est pas, – sur les jugements expéditifs de Kennedy sur Poutine et sur l’attaque de l’Ukraine. L’histoire et les événements, depuis 1989, qui ont mené à cette guerre, sont minutieusement restitués par le démocrate Robert F. Kennedy Junior.

« Au lieu d'écouter les avertissements du président russe Vladimir Poutine concernant les “lignes rouges”, les États-Unis les ont franchies à plusieurs reprises, a déclaré Robert F. Kennedy Jr. dans une interview publiée mercredi. Le démocrate candidat à la présidence des États-Unis a également déclaré que Washington aurait dû soit inviter Moscou au sein de l'OTAN, soit démanteler l'alliance anti-russe après la guerre froide.

« “Nous aurions dû écouter Poutine pendant de nombreuses années. Nous nous sommes engagés auprès de la Russie, auprès de Gorbatchev, à ne pas déplacer l'OTAN d'un pouce vers l'est. Puis nous y sommes allés et nous avons menti”, a déclaré M. Kennedy au média UnHerd.

» Au lieu de proposer d'intégrer la Russie à l'Occident, comme de nombreux diplomates l'avaient demandé en 1991, les États-Unis ont élargi l'OTAN jusqu'à leurs frontières. “Quel est l'objectif de l'OTAN si ce n'est de s'opposer à la Russie ? Si vous vous adressez à la Russie de manière hostile dès le départ, il est évident que sa réaction sera hostile en retour”, a déclaré M. Kennedy.

» Il a décrit ce qui s'est passé à Kiev en 2014 comme “essentiellement un coup d'État” soutenu par les États-Unis, rappelant le fameux appel téléphonique dans lequel Victoria Nuland “choisissait à la louche un nouveau cabinet” hostile à Moscou.

» “Si le Mexique faisait cela et commençait ensuite à tuer, – ils ont tué 14 000 Russes dans le Donbass, le gouvernement ukrainien, –  si le Mexique faisait cela aux Américains expatriés, nous envahirions dans la seconde”, a déclaré Kennedy, ajoutant que Poutine “nous a dit à plusieurs reprises : ce sont des lignes rouges, vous êtes en train de les franchir”.

» Les dirigeants américains devraient être capables de “se mettre à la place de l'autre”, comme l'a fait son oncle John F. Kennedy lors de la crise des missiles de Cuba en 1962, en éloignant la possibilité de la guerre nucléaire, contre l’avis de  tous ses conseillers.

» Kennedy a condamné “l’invasion barbare et illégale” de l'Ukraine et a qualifié Poutine de “gangster”, de “voyou” et de “tyran”, mais a déclaré que le conflit devait être réglé rapidement, car les États-Unis avaient déjà “sacrifié 300 000” Ukrainiens au combat. Alors que la Maison Blanche a présenté l'aide apportée à Kiev comme une mission humanitaire, “chaque mesure que nous avons prise a eu pour effet d'élargir le conflit et de maximiser l'effusion de sang”, a-t-il déclaré.

» “Soyons honnêtes : il s'agit d'une guerre des États-Unis contre la Russie, qui vise essentiellement à sacrifier la fleur de la jeunesse ukrainienne dans un abattoir de mort et de destruction au nom de l'ambition géopolitique des néoconservateurs”, qui souhaitent un changement de régime à Moscou. Il a ajouté que les personnes qui ont créé le problème n'étaient pas capables de le régler.

» Interrogé sur la solution qu'il proposait, Kennedy a déclaré que quelque chose comme les accords de Minsk, l'acceptation de maintenir l'Ukraine en dehors de l'OTAN et le retrait des lanceurs de missiles nucléaires des frontières de la Russie pourrait fonctionner. »

Le candidat RFK Jr. s’avère donc à la mesure de l’événement médiatique que constitue l’entrée , dans la course à la présidence d’un Kennedy, chronologiquement à une génération de distance, mais deux en facteur de temps depuis les Kennedy des années 1960. D’ores et déjà, cette candidature est en train de s’affirmer : en une semaine, le pourcentage des démocrates prévoyant de voter pour la désignation de Kennedy est passé de 12% à 19% (Biden restant stable à 60%).

Il est également remarquable de voir l’accueil fait chez les républicains populistes-trumpistes à cette candidature. Elle est résumée autour de la position de Steve Bannon, un trumpiste extrémiste maudit par toute la gauche institutionnelle comme fasciste notoire, qui a fait applaudir avec enthousiasme l’idée d’un “ticket” Trump-Kennedy, – rien que ça ! Et bien loin, vraiment bien loin des années soixante, lorsque les Kennedy étaient la bête noire à plusieurs têtes de la droite “pure et dure”...

« L'ancien conseiller de Trump, Steve Bannon, a déclaré avoir reçu une “standing ovation” de la part d'un public “MAGA pur et dur” lors d'un récent discours pour avoir lancé l'idée d'un ticket bipartisan Trump-Kennedy. “Bobby Kennedy serait, je pense, un excellent choix pour le président Trump” comme colistier, a déclaré M. Bannon cette semaine dans son émission ‘War Room’. »

... Tandis que, déjà, rôdent les ombres mortelles accompagnant les Kennedy, en même temps que le caractère exceptionnel de sa candidature. Eric Zuesse, l’historien d’une gauche extrême qui n’a pas les pesanteurs des marxistes-trotskistes et qui a fait de l’attaque contre la politiqueSystème son cheval de bataille, fait un long article sur Kennedy et l’interview cité ici, et cela en grand détail, avec notamment explications et mises au point des jugements de RFK Jr. portés sur Poutine. Le titre de l’article est ; « RFK Jr. sera probablement notre prochain président, ou bien il sera assassiné » ; et terminant ainsi :

« Il dit trop de vérités pour pouvoir raisonnablement se sentir en sécurité dans une foule d'étrangers. Il doit être extrêmement courageux pour avoir décidé de participé à cette campagne.

» Il lui faudra beaucoup de chance. Mais je pense que s'il survit à cette campagne, il battra probablement Joe Biden, puis n'importe quel républicain. Ensuite, il devra éviter toute proximité avec des étrangers pendant toute la durée de son ou de ses mandats à la Maison-Blanche. »

Mettant à part toutes ces possibilités de tragédie, – par ailleurs évidentes sinon écrasantes, – on observera que la seule présence de Kennedy avec le discours qu’il tient est bien un événement sensationnel propre à instiller une part importante de désordre en plus dans la situation politique US. Cela est déjà acté : la campagne-2024 sera à la fois extrêmement tragique et extrêmement bouffe. Jamais notre concept (tragédie-bouffe) n’ a été autant d’actualité, – mais cette fois, avec la possibilité que la tragédie elle-même atteigne à une dimension métahistorique en devenant inévitable... Nous voulons dire que si Kennedy fait sa campagne et si une tragédie survient comme celle qui frappa ses deux ainés, comme Zuesse le craint, ce sera toute l’Amérique qui s’enflammera.

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