Pour la première fois depuis 2007, les taux sont passés au-dessus de 5 %. La Fed a toutefois ouvert la porte à une pause, alors qu’une quatrième banque est au bord de la déconfiture.
Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, a remonté, mercredi 3 mai, ses taux d’intérêt pour la dixième fois en un peu plus de un an, mais il n’a pas exclu une pause, à l’issue du comité de politique monétaire de la Fed. Tout s’est donc passé comme prévu, avec un loyer de l’argent qui a grimpé en un an de 0 % à plus de 5 %. La banque centrale continue de relever ses taux – de 5 % à 5,25 % – pour lutter contre une inflation persistante, même si elle a baissé (4,6 % en mars, hors énergie et alimentation).
N’était-ce pas la fois de trop ? Car, pendant que M. Powell combat l’inflation, les faillites bancaires se multiplient, avec la débâcle, depuis la mi-mars, de trois établissements victimes du resserrement du crédit. La dernière faillite en date est celle de First Republic, un établissement de San Francisco (Californie), repris en catastrophe par le géant J.P. Morgan, lundi 1er mai à l’aube. Certes, il est loisible de blâmer la mauvaise gestion et la mauvaise surveillance de ces banques, mais l’heure n’est plus à ces questionnements : elles sont victimes de la hausse des taux et de la panique des épargnants.
« Le système bancaire américain est solide et résilient », assurait mercredi la Fed dans son communiqué. Sauf que, deux heures plus tard, après la clôture des marchés, l’agence Bloomberg révélait qu’un autre établissement était dans la tourmente, la Pacific Western Bank. Après avoir perdu 5 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros) de dépôts sur 32 milliards à l’hiver 2022, cette petite banque sise à Beverly Hills, riche quartier de Los Angeles, est à la recherche de capitaux ou de repreneurs.
L’action a perdu mercredi soir jusqu’à 58 % de sa valeur dans les échanges informels après la clôture des marchés, valorisant la banque 330 millions de dollars, dix fois moins que début mars. Zions et Comerica, deux autres banques régionales, cédaient plus de 10 % après la clôture, et nul ne peut prétendre que la crise est maîtrisée.
Des « banques zombies »
L’économiste en chef de l’association des promoteurs immobiliers, Lawrence Yun, a jugé auprès de la chaîne CNBC que cette hausse des taux était « néfaste et non nécessaire ». Selon lui, les banques régionales « deviennent des banques zombies, incapables de prêter même aux bonnes entreprises, car elles sont davantage préoccupées par la restructuration de leur bilan afin d’assurer leur survie ».
Jusqu’à présent, M. Powell a refusé de corréler le niveau des taux à la crise bancaire. Il estime que les conditions financières pour les banques se sont améliorées – les investisseurs se réfugient vers les bons du Trésor sans risque et font baisser les taux de marché, ce qui réduit les coûts de financement pour les banques.
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