Pour obtenir la victoire dans le conflit armé le plus effroyable de l’histoire de l’humanité, l’URSS a été contrainte de payer un prix effarant en termes de vies humaines. Plus de 27 millions de ses habitants sont morts, et de vastes étendues allant de la Baltique à la mer Noire ont été littéralement calcinées par les combats.
L’Allemagne nazie a réussi à impliquer des ressources humaines et matérielles venues de presque toute l’Europe dans sa lutte contre l’Union soviétique. Aux côtés de la Wehrmacht combattaient des troupes italiennes, roumaines, hongroises et finlandaises, ainsi que des contingents militaires d’Espagne, de Slovaquie et de Croatie, ainsi que des volontaires venus de France occupée, des pays du Benelux et de Scandinavie.
Plusieurs fois pendant la guerre, l’URSS a été au bord de la défaite. À l’automne 1941, les Allemands étaient aux portes de Moscou, et à l’été 1942, ils étaient à deux doigts de priver le pays du « sang de la guerre » – le pétrole.
Ce n’est qu’après son triomphe dans la bataille de Stalingrad que l’Union soviétique a pu respirer un peu plus sereinement. Cependant, le pays devrait endurer encore deux ans et demi d’une guerre sanglante.
À travers nos articles, vous découvrirez comment l’Armée rouge a remporté sa brillante victoire, quelles dures leçons elle a dû tirer pour y parvenir et quelles batailles fatidiques se sont déroulées sur le territoire de l’URSS, de l’Europe orientale, méridionale et centrale, en observant les événements à travers le regard de chefs militaires de haut rang et de soldats ordinaires des différents camps.
1941: Catastrophe pour les troupes soviétiques et échec de la guerre éclair allemande
Le 22 juin 1941, à 4 heures du matin, les troupes allemandes envahissent le territoire de l’Union soviétique dans le cadre de l’opération Barbarossa, développant l’offensive en direction des trois principales villes du pays : Moscou, Leningrad et Kiev. L’ennemi a réussi à créer la surprise aux niveaux opérationnel et tactique lors de son offensive.
Des moyens de communications radio en nombre très insuffisant, la mauvaise organisation du travail du quartier général et du commandement des troupes, la cohérence lacunaire des unités, leur absence d’expérience de combat et les erreurs commises par le commandement soviétique ont entraîné de lourdes défaites pour l’Armée rouge.
Malgré la résistance acharnée des troupes soviétiques, la Wehrmacht avance inexorablement : le 24 juin, Vilnius tombe, le 28 juin, Minsk subit le même sort ; le 1er juillet, les Allemands prennent Riga, le 8 septembre, le blocus autour de Leningrad se referme, et le 15 du même mois, un énorme « chaudron » se forme autour de Kiev. Il semblait que rien n’empêcherait les Allemands de prendre Moscou ; mais aux abords de la capitale, un fiasco complet les attendait.
1942 : L’URSS est au bord de la défaite
À la suite d’une soudaine contre-offensive à grande échelle des troupes soviétiques près de Moscou, l’ennemi abasourdi est repoussé à plusieurs centaines de kilomètres de la ville. Les dirigeants du pays ont décidé que le moment était venu de prendre l’initiative militaire entre leurs mains. Cependant, comme les événements ultérieurs l’ont montré, il était encore trop tôt pour faire une croix sur les Allemands.
Au cours de l’hiver-printemps 1942, l’Armée rouge a tenté de passer à l’offensive sur toute la longueur du front, mais, ayant dispersé ses forces, elle n’a obtenu qu’un succès limité. Bien que les Allemands aient été partiellement contraints de quitter leurs positions, ils ont conservé une position stratégique dans la région de Rjev, à partir de laquelle la Wehrmacht pouvait encore menacer Moscou. Ils ont en outre déjoué les tentatives de briser le blocus de Leningrad et occupaient la majeure partie de la péninsule de Crimée.
L’offensive de mai dans la région de Kharkov a tourné à la catastrophe pour l’URSS – environ 200 000 soldats soviétiques se sont retrouvés dans un « chaudron ». C’est en grande partie à cause de cette défaite que la guerre éclair allemande dans le sud du pays a obtenu un second souffle.
1943 : La grande rupture
Lors de la bataille de Stalingrad, l’Armée rouge a réussi à transformer une défaite assurée en brillante victoire. Elle a non seulement vaincu un important groupe allemand, mais aussi infligé aux alliés des nazis (italiens, roumains et hongrois) une défaite écrasante.
Soumis à la pression des troupes soviétiques, les Allemands se sont retirés des rives de la Volga et du Caucase (renonçant définitivement à mettre la main sur le pétrole soviétique) et ont quitté le saillant de Rjev, mettant fin à la menace qui pesait sur Moscou. De plus, profitant de la situation, l’Armée rouge a finalement percé le blocus de Leningrad.
Après la stabilisation du front soviéto-allemand au printemps, les parties ont commencé à se préparer à une bataille décisive dans la région de Koursk. L’opération Citadelle, une offensive lancée pendant l’été, a été la dernière tentative de Hitler de reprendre l’initiative militaire sur le front de l’Est.
1944 : Blitzkrieg soviétique
Après leur triomphe près de Koursk, les troupes soviétiques ne pouvaient plus être arrêtées. Au début de l’année 1944, elles ont finalement levé le blocus de Leningrad, et au printemps, elles achevaient la libération de la Crimée et de presque toute de la rive droite du Dniepr en Ukraine. Le 26 mars, les soldats de l’Armée rouge ont atteint la frontière entre l’URSS et la Roumanie.
À l’été 1944, l’Armée rouge a démontré à la Wehrmacht qu’elle avait tiré les amères leçons de 1941 et qu’elle pouvait désormais elle-même utiliser la stratégie de la blitzkrieg. Le 23 juin, soit près de trois ans après le déclenchement de l’invasion allemande de l’URSS, une vaste offensive, également connue sous le nom d’opération Bagration, a commencé en Biélorussie.
En seulement deux mois, l’Armée rouge a rapidement avancé de 550 à 600 km vers l’ouest, détruisant 17 divisions allemandes et libérant tout le territoire de la Biélorussie ainsi qu’une partie importante de l’est de la Pologne. Les pertes allemandes totales s’élevaient à un demi-million de soldats.
1945 : Dans « l’antre de la bête fasciste »
Au début de la dernière année de la Seconde Guerre mondiale, l’Armée rouge menait de violentes batailles urbaines à Budapest, préparant la libération de Varsovie et l’offensive en Prusse orientale. Très mal en point en 1944, l’ennemi n’était pourtant pas encore vaincu. Malgré la perte d’importantes régions industrielles et de presque tous leurs alliés clés, les Allemands étaient déterminés à lutter jusqu’au bout.
Début février, lors de l’offensive Vistule-Oder, les troupes du 1er Front biélorusse du maréchal Gueorgui Joukov ont atteint les environs de Berlin – il ne restait plus que 70 km pour atteindre la capitale du Troisième Reich. Alors que les préparatifs d’une attaque décisive sur la ville étaient en cours, les Allemands ont lancé la dernière offensive à grande échelle de la guerre.
Environ 400.000 soldats allemands et hongrois ont participé à l’opération Réveil du printemps dans la région des lacs Balaton et de Velence en mars 1945, mais n’ont pu enfoncer les défenses soviétiques que sur quelques dizaines de kilomètres. Après l’échec de l’offensive allemande, la route de Vienne était ouverte pour l’Armée rouge.
Boris Egorov
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