La grève des éboueurs joue les prolongations. Au Havre, à Aubervilliers et dans d'autres secteurs franciliens : les arrêts de travail reprennent. Le mouvement s’éternise à tel point qu’il semble vouloir durer jusqu’en... 2024.
Fort de cette perspective, un de mes amis, qui est humoriste, m'a avancé ceci comme étant à coup sûr patent : « La Mairie de Paris va proposer d’ajouter une nouvelle épreuve aux Jeux Olympiques : le saut de poubelles ».
Le saut de sacs de poubelles, plus exactement. Une discipline qui est d’ailleurs déclinable. En effet, pourquoi ne pas organiser un 100 mètres haies de sacs-poubelle ? Ou un lancer de sacs en rotation ? Et quid du lever de barres chargées de chaque côté avec des containers de poubelles ?
Voilà en tout cas de quoi assurer, notamment aux Parisiens, entraînés de façon particulièrement intensive ces dernières semaines, une belle moisson de médailles d’or.
En dépit des réquisitions préfectorales, qui ont vu l’intervention des forces de l’ordre pour contraindre les éboueurs à reprendre leur métier aussi difficile qu’indispensable, l'amoncellement des sacs-poubelle sur les trottoirs parisiens se poursuit donc de plus belle.
Et il est tel, cet amoncellement, que quiconque veut y circuler à pied doit être capable de les enjamber. Mais gare aux écarts ! Ce serait la disqualification directe, la chute, l'entorse. Parce qu’en plus du saut de poubelles, il faut également composer avec les rats. Car attention ! Ils sont partout et ils sont balaises. Depuis des années, à Paris, on les croit dopés.
Peut-être que madame Anne Hidalgo devrait leur prévoir des tribunes pour les prochains Jeux Olympiques. Nul doute que l'omniprésence en masse de ces mammifères devrait être prise en considération par les zootorités.
On note que, jeudi 6 avril dernier, de gentils dératiseurs municipaux ont déposé sur le parvis de l'Hôtel de Ville un échantillon du résultat de leur dur labeur : une centaine de cadavres « de rats à poils ras pour la plupart », selon leur délégué syndical, Rabah Brahim.
Tant qu’il ne s’agit pas de surmulots... Brahim a précisé que son « service a perdu 60 agents en dix ans ». Vu ce qui se promène dans les parcs parisiens, on se demande bien pourquoi.
« On aimerait être aligné sur les éboueurs et sur les égoutiers », a-t-il déclaré à propos des conditions de départ à la retraite. Là encore, de splendides records olympiques se préparent, à l’arrière d’un camion benne, à 63 ou 64 ans, un matin glacial d’hiver...
Quant au métier de dératiseur, sa pénibilité est avérée. Mais elle n’est pas prise en compte dans le cadre d'une réforme menée sans nuance et imposée à marche forcée. Le panache macroniste, sans aucun doute.
Et justement, quelles belles perspectives en Macronie ! Les chanceux qui ne seront pas morts après avoir été mordus par un rat enragé et cannibale interhumain auront tout le loisir de défaillir de toute façon par épuisement à la tâche.
Obligés de travailler jusqu’à 64 ans pour tenter (en vain) de bénéficier d’une retraite à taux plein, ils voient au loin une sorte de ligne d’arrivée sans cesse repoussée. Nombre de nos concitoyens ont compris que celle-ci était désormais inatteignable, et tellement injuste, dans de décentes conditions de santé. Ce ne sont plus les Jeux Olympiques du travail, c’est The Long Walk.
Pas étonnant que les mobilisations s'enchaînent dans la rue et risquent de s'amplifier jusqu'en 2024. Le gouvernement s'en inquiète. Il commence à minauder auprès des syndicats avec un système de primes à destination des salariés de la SNCF.
Objectif ? Faire en sorte que ces derniers s'abstiennent de faire grève durant les prochains Jeux Olympiques organisés à Paris l'année prochaine. Mais sur les réseaux sociaux fleurit déjà un mot d'ordre à l'ambition élevée, soit faire retirer la loi des retraites :
« Pas de retrait, pas de JO »
Voilà un mot d'ordre qui pourrait intéresser d'autres professions, dont les éboueurs et les dératiseurs cités plus haut. Ou les hommes et femmes de ménages dans les hôtels chargés d'accueillir les nombreux touristes qui viendront voir les épreuves. Ou des ouvriers de chantier chargés de construire quelques bâtiments d'infrastructure sportive, qui sait ?
C'est fou comme on en a besoin, des métiers avec pénibilité, quand on y pense.
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