Récemment, le fil de discussion le plus populaire sur Reddit était "Pourquoi les américains ne protestent-ils pas comme ils le devraient?", avec 27.000 vues et 5.000 commentaires. Les commentateurs donnaient de nombreuses raisons afin de ne pas protester, alors qu'ils auraient eu toutes les raisons de le faire. Mais ce qui manquait, c'est vision globale du fait que toute protestation en Amérique du Nord et dans la péninsule d'Europe occidentale est maintenant inutile.
Il y a des raisons évidentes. La péninsule d'Europe occidentale n'est plus le bon endroit pour protester, dans la mesure où tout l'endroit est maintenant dirigé depuis Washington, et que les dirigeants locaux ne sont plus que des pantins dociles et interchangeables. Mais protester à Washington est aussi inutile, parce que les personnalités publiques contre lesquelles on pourrait protester ne sont pas les responsables : John Kennedy n'était pas désireux de se lancer dans une guerre totale au Vietnam et s'est fait descendre ; Bill Clinton n'était pas désireux de bombarder la Yougoslavie pour la soumettre et s'est fait mater à cause de Lewinski. Il en va de même pour les Européens : Dominique Strauss-Kahn avait des idées indépendantes sur l'euro et a été faussement accusé et arrêté pour avoir agressé une femme de chambre ; finalement, l'affaire a été abandonnée, mais à ce moment-là, sa réputation et sa carrière étaient ruinées.
Qui est vraiment responsable ? Vous méritez d'être puni juste pour avoir osé posé la question ! Ceux qui savent, savent. Ceux qui n'ont pas besoin de savoir, n'ont pas à savoir ! Il y a plus de 40 ans, j'ai eu la vision suivante : "L'Amérique n'est pas un pays, l'Amérique est un country club." L'adhésion a ses privilèges et les non-membres ont juste le droit de récupérer les balles de golf perdues, de servir des martinis ou de faire des massages, ils n'ont pas le droit à la parole !
Aucune des raisons données par les lecteurs de Reddit n'identifiait la cause profonde, et je souhaiterai combler cette lacune.
Qui est vraiment responsable ? Vous méritez d'être puni juste pour avoir osé posé la question ! Ceux qui savent, savent. Ceux qui n'ont pas besoin de savoir, n'ont pas à savoir ! Il y a plus de 40 ans, j'ai eu la vision suivante : "L'Amérique n'est pas un pays, l'Amérique est un country club." L'adhésion a ses privilèges et les non-membres ont juste le droit de récupérer les balles de golf perdues, de servir des martinis ou de faire des massages, ils n'ont pas le droit à la parole !
Aucune des raisons données par les lecteurs de Reddit n'identifiait la cause profonde, et je souhaiterai combler cette lacune.
À l'époque où j'ai obtenu mon diplôme d'un lycée américain, il y a une quarantaine d'années, quelques-uns de mes amis russes diplômés avec moi, pensaint la même chose : faire de l'auto-stop jusqu'en Alaska, pour chasser, pêcher et cultiver des plantes. Certains n'ont même pas pris la peine d'obtenir leur diplôme, car ils n'avaient aucune intention de travailler dans cette farce qu'était l'Amérique. Je me souviens notamment de l'un d'entre eux, qui a abandonné ses études, puis donné des cours particuliers d'algèbre et de trigonométrie à ceux qui n'avaient pas suivi. (Il avait auparavant fréquenté une école soviétique, faisant de lui un mathématicien de haut niveau par rapport à ses pairs scolarisés aux États-Unis.) Je suis resté à Boston et nous nous sommes séparés, mais j'ai moi aussi cherché une route moins fréquentée et j'ai fini par m'installer et vivre d'argent public, payé par le gouvernement pour mesurer le spin anormal des muons, faire des recherches sur la désintégration des protons, détecter les neutrinos des supernovas et d'autres activités inutiles, mais amusantes. J'ai eu plusieurs carrières par la suite, mais après environ 20 ans d'emploi rémunéré, j'en ai vraiment eu marre, j'ai acheté un voilier, j'ai emménagé à bord avec ma femme, le chat et, éventuellement, notre fils. J'ai vendu la maison et la voiture, et je suis parti naviguer. Cela a été amusant un moment, une solution provisoire, mais la finalité était de retourner en Russie. Ainsi, à la fois pour moi et pour mes camarades de classe russes, la réponse à "l'Amérique - aime-la ou laisse-la !" était un "Laissez-la!" sans équivoque, que ce soit pour l'Alaska russe occupé par les États-Unis (le bail de 99 ans a expiré en 1966) ou pour la Russie proprement dite.
Les raisons données dans le fil Reddit, expliquant pourquoi les Américains ne protestent pas, montrent l'état dégradé de la vie quotidienne américaine, précisant qu'il y a autant de raisons de protester que de ne pas le faire. Mais ils ne présentent pas la cause profonde, sur laquelle je reviendrai plus tard. Voyons premièrement les raisons que les Américains donnent eux-mêmes.
Les raisons données dans le fil Reddit, expliquant pourquoi les Américains ne protestent pas, montrent l'état dégradé de la vie quotidienne américaine, précisant qu'il y a autant de raisons de protester que de ne pas le faire. Mais ils ne présentent pas la cause profonde, sur laquelle je reviendrai plus tard. Voyons premièrement les raisons que les Américains donnent eux-mêmes.
La plupart des gens arrivent à peine à joindre les deux bouts, d'un chèque de paie à l'autre, et le système est structuré de telle sorte que la perte d'un emploi entraîne immédiatement la perte d'un logement, d'une assurance maladie et, en général, l'éjection de son milieu social habituel. De nombreuses personnes sont obligées d'avoir plus d'un emploi ou de faire des heures supplémentaires, tandis que les horaires de travail aux États-Unis sont conçus de telle manière qu'ils sapent la force d'une personne beaucoup plus qu'un emploi similaire en Europe ou ailleurs. De nombreuses personnes doivent faire des trajets d'au moins une heure aller et une heure retour et conduire elles-mêmes au lieu de se reposer ou de se détendre en cours de route. Ils n'ont généralement que la moitié de nos temps de pause, non rémunérés, pour manger. Ils n'ont pas la possibilité de s'absenter du travail pour quelque raison que ce soit, même pour consulter un médecin. De nombreux emplois ne permettent aucun « jour de maladie » au cours de la période de probation initiale de six mois. Il n'y a pas de congés payés, ni de congés maternité ou de paternité payés. Les mères peuvent être licenciées rien que pour être restées à la maison s'occuper de leur enfant malade. La liste de ces indignités semble interminable, mais les gens n'ont d'autre choix que de continuer à travailler, persistant dans un état de rage réprimée permanente, qui ronge progressivement leur âme. Les gens vivent dans le stress permanent des factures impayées et craignent de tomber malades et, par conséquent, de faire faillite et devenir des sans-abri avec les membres de leur famille, qui dépendent d'eux, mais malgré cela, ils doivent maintenir un comportement professionnel et joyeux, jusqu'à ce que la fausseté de la situation imprègne et empoisonne leur psychisme. Le résultat final est que la plupart des gens sont tout simplement trop affaiblis pour manifester.
Ce sont toutes de très bonnes raisons pour sortir manifester, mais également d'excellentes raisons d'éviter de le faire. En plus de l'inutilité de la protestation évoquée plus haut, la police américaine, mieux armée et mieux équipée que certains militaires, est une caste à part de la société américaine. Les policiers se fréquentent principalement entre eux et ont une mentalité marquée de "nous contre tous". La plupart du temps, ils peuvent tirer et tuer en toute impunité, mais de temps en temps, un George Floyd se présente à eux et fait atterrir l'un d'eux en prison, pendant 22,5 ans. Ils sont censés attraper les criminels, ce qui est difficile et dangereux. Mais les procureurs peuvent décider de refuser de porter plainte contre les criminels arrêtés, les juges peuvent les libérer, même ceux qui sont condamnés à une peine de prison sont libérés, parce que les prisons débordent. Une telle incertitude ne manque pas de les remplir de rage contre le monde entier qui les entoure. Même sans ces vicissitudes nouvellement fabriquées, les policiers n'ont jamais été bien portants, avec des taux très élevés d'alcoolisme, de divorce et de suicide. Libérez une telle police, mentalement instable, lors d'une manifestation, même parfaitement pacifique, et il y a toutes les chances que des personnes finissent par mourir.
De nombreux Américains blâment la police pour les mutilations, les fusillades et des disparitions de dirigeants de manifestations. Il y a une blague pas très drôle, selon laquelle les chances d'attraper une balle tirée par la police, ou de disparaître, augmentent de façon exponentielle avec la quantité de mélatonine de la peau : manifester en noir est une très mauvaise idée ! Ceux qui ont la chance de survivre et d'être arrêtés, peuvent être condamnés à une peine de prison, ce qui peut désormais détruire la vie de quelqu'un. Les avocats compétents sont à peu près aussi abordables que le tourisme spatial, refuser de plaider coupable à de fausses accusations et exiger un procès équitable est souvent traité comme s'il s'agissait d'une infraction aggravante, et les juges ont une grande latitude pour canaliser leurs démons intérieurs.
De nombreux Américains blâment la police pour les mutilations, les fusillades et des disparitions de dirigeants de manifestations. Il y a une blague pas très drôle, selon laquelle les chances d'attraper une balle tirée par la police, ou de disparaître, augmentent de façon exponentielle avec la quantité de mélatonine de la peau : manifester en noir est une très mauvaise idée ! Ceux qui ont la chance de survivre et d'être arrêtés, peuvent être condamnés à une peine de prison, ce qui peut désormais détruire la vie de quelqu'un. Les avocats compétents sont à peu près aussi abordables que le tourisme spatial, refuser de plaider coupable à de fausses accusations et exiger un procès équitable est souvent traité comme s'il s'agissait d'une infraction aggravante, et les juges ont une grande latitude pour canaliser leurs démons intérieurs.
Ceux qui sont marginalisés pour avoir protesté et sont arrêtés et emprisonnés, sont alors « annulés ». Mais vous n'avez pas à faire beaucoup d'efforts pour être « annulé » : la technologie pour « annuler » quelqu'un aux États-Unis est très développée. Une fois "annulés", les gens n'apparaissent plus comme faisant partie de la société, et pas seulement les individus mais les familles entières. J'ai moi-même rencontré ce phénomène par hasard : juste quelques publications sur Internet qui défient la pensée dominante ont suffi à réduire mes opportunités d'emploi. "Qu'est-ce que mes opinions ont à voir avec l'amélioration des performances d'un widget ?" ai-je demandé. La réponse a été : "les investisseurs pourraient rechigner, et le conseil d'administration n'aime pas ce genre de chose." Et si vous n'avez plus l'air bien vis-à-vis des investisseurs ou des administrateurs, alors vos collègues commencent à vous traiter comme si vous étiez un lépreux, votre "réseau", qui est très important pour trouver de bonnes pistes d'emploi se tarit, vous êtes pratiquement terminé.
Autant d'excellentes raisons à la fois pour protester (Qui veut vivre comme un esclave des riches ?) et pour ne pas protester (Qui veut souffrir pour rien ?). Mais je crois que la cause fondamentale pour laquelle les Américains ne manifestent pas est quelque chose de tout à fait différent. Le meilleur moyen d'empêcher les esclaves de se révolter est de les convaincre qu'ils ne sont pas des esclaves, et le meilleur moyen d'y parvenir est de remplir leur esprit de faux espoirs de devenir un jour propriétaires d'esclaves. Cela, dans l'Amérique contemporaine, a été fait avec une efficacité et une finesse étonnantes. Au cœur de la technique se trouve le culte d'État opérationnel de l'Amérique, qui est le culte de Mammon. Inculqué dès le plus jeune âge par des dictons tels que "Il n'y a pas de repas gratuit", "Le seul fromage gratuit se trouve dans les pièges à souris", et "L'argent, c'est tout ce qui reste à la fin de la journée" et des pratiques telles que payer les enfants pour faire des corvées, l'argent étant placé au premier plan. En Amérique, tout, l'art et la culture, la religion, la vie de famille, même l'amour, est imbibé et dégoulinant de lucre.
Autant d'excellentes raisons à la fois pour protester (Qui veut vivre comme un esclave des riches ?) et pour ne pas protester (Qui veut souffrir pour rien ?). Mais je crois que la cause fondamentale pour laquelle les Américains ne manifestent pas est quelque chose de tout à fait différent. Le meilleur moyen d'empêcher les esclaves de se révolter est de les convaincre qu'ils ne sont pas des esclaves, et le meilleur moyen d'y parvenir est de remplir leur esprit de faux espoirs de devenir un jour propriétaires d'esclaves. Cela, dans l'Amérique contemporaine, a été fait avec une efficacité et une finesse étonnantes. Au cœur de la technique se trouve le culte d'État opérationnel de l'Amérique, qui est le culte de Mammon. Inculqué dès le plus jeune âge par des dictons tels que "Il n'y a pas de repas gratuit", "Le seul fromage gratuit se trouve dans les pièges à souris", et "L'argent, c'est tout ce qui reste à la fin de la journée" et des pratiques telles que payer les enfants pour faire des corvées, l'argent étant placé au premier plan. En Amérique, tout, l'art et la culture, la religion, la vie de famille, même l'amour, est imbibé et dégoulinant de lucre.
Dans le film russe "Brother 2" de 2000, l'amère vérité sur l'Amérique est énoncée à peu près comme suit : "En Amérique, seul l'argent compte, tout le reste est une blague." Alors qu'en Russie le statut d'une personne dépend de nombreux facteurs, tels que le niveau d'instruction, la réussite professionnelle, le service rendu au pays, la popularité et le respect et même le nombre d'enfants que l'on a (plus il y en a, mieux c'est), en Amérique, à de très rares exceptions près, le statut est beaucoup plus simple et dépend d'un seul facteur : le nombre de chiffres dans la valeur nette d'une personne. John Steinbeck est souvent cité comme ayant écrit ce qui suit : "Je suppose que le problème est que nous n'avons pas de prolétaires autoproclamés. Tout le monde étant un capitaliste temporairement embarrassé." Ce n'est pas que chaque Américain s'attend à devenir riche, c'est que chaque Américain qui ne s'enrichit pas a le sentiment d'avoir été battu équitablement et conformément aux règles tordues que les gens en Amérique doivent suivre pour devenir riches.
Il existe un mythe souvent répété, selon lequel l'Amérique est le pays le plus riche de la planète. Cependant, si vous regardez la qualité du système éducatif, ou la taille de la population carcérale, ou la prévalence de la toxicomanie et des homicides, la mortalité infantile, la qualité des chemins de fer, la prévalence et la qualité des transports en commun, l'état des aéroports, la qualité du logement, le niveau de sans-abrisme, la quantité de soins dentaires à la disposition de la population, c'est un pays très pauvre, beaucoup plus pauvre que la Chine ou la Russie et pas du tout susceptible de les rattraper. C'est à eux de voir....
Il existe un mythe souvent répété, selon lequel l'Amérique est le pays le plus riche de la planète. Cependant, si vous regardez la qualité du système éducatif, ou la taille de la population carcérale, ou la prévalence de la toxicomanie et des homicides, la mortalité infantile, la qualité des chemins de fer, la prévalence et la qualité des transports en commun, l'état des aéroports, la qualité du logement, le niveau de sans-abrisme, la quantité de soins dentaires à la disposition de la population, c'est un pays très pauvre, beaucoup plus pauvre que la Chine ou la Russie et pas du tout susceptible de les rattraper. C'est à eux de voir....
L'Amérique est un pays pauvre, avec beaucoup de gens riches. Les riches vivent à l'écart, occupant des maisons seigneuriales dans des quartiers verdoyants et bien gardés, et il est révélateur que les professions les plus riches d'Amérique soient celles qui répondent aux besoins des riches : les médecins maintiennent les riches en vie et en bonne santé et les avocats les gardent riches et hors de prison. Étant donné que l'argent et la richesse sont la source de toutes les qualités possibles, et qu'en avoir beaucoup fait automatiquement de vous un gagnant, à l'inverse, le manque d'argent et de richesse fait automatiquement de vous un perdant. Vous êtes peut-être un poète ou un philosophe brillant, mais comme cela ne vous rend pas riche, vous êtes un perdant, conformément aux dictons populaires, tels que : "Si vous êtes si intelligent, pourquoi n'êtes-vous pas riche ?" et "L'argent parle et les conneries marchent". Puisque, dans le système judiciaire américain, s'en tirer avec un crime équivaut à ne pas l'avoir commis, ceux qui s'enrichissent par des activités criminelles sont jugés au même niveau que ceux qui l'atteignent par l'éducation et la réussite intellectuelle.
Le dernier ingrédient du puzzle est que les Américains doivent être compétitifs. Toute leur vie menant à leur succès ultime, ou à leur échec ultime, est un concours contre les autres. On leur apprend à encourager les gagnants et à détester les perdants. Que se passe-t-il alors lorsque les Américains perdent ? Leur haine se dirige vers l'intérieur. Privés de tout sens supérieur de la justice, supérieur à celui dispensé par le système judiciaire ou d'un sens supérieur de l'équité, supérieur à celui dispensé par les arbitres dans les sports de compétition ou les juges dans d'autres compétitions (le mot réel, qui en russe est spravedlívost', est tout à fait absent en anglais), les Américains ne se sentent pas méprisés. C'est simplement leur destin d'être des perdants, et c'est leur lot de maudire leur destin et de s'autodétruire tranquillement.
Le dernier ingrédient du puzzle est que les Américains doivent être compétitifs. Toute leur vie menant à leur succès ultime, ou à leur échec ultime, est un concours contre les autres. On leur apprend à encourager les gagnants et à détester les perdants. Que se passe-t-il alors lorsque les Américains perdent ? Leur haine se dirige vers l'intérieur. Privés de tout sens supérieur de la justice, supérieur à celui dispensé par le système judiciaire ou d'un sens supérieur de l'équité, supérieur à celui dispensé par les arbitres dans les sports de compétition ou les juges dans d'autres compétitions (le mot réel, qui en russe est spravedlívost', est tout à fait absent en anglais), les Américains ne se sentent pas méprisés. C'est simplement leur destin d'être des perdants, et c'est leur lot de maudire leur destin et de s'autodétruire tranquillement.
Il ne leur vient pas à l'esprit de se demander pourquoi un pays génère autant de perdants, mais c'est parce que "l'Amérique est le plus grand pays sur Terre". Je ne sais pas combien de fois je me suis retrouvé dans la situation suivante. Quelqu'un me raconte sans cesse ses épreuves et ses tribulations personnelles, s'attendant à de la commisération. Mais quand je précise que le problème n'est pas personnel, que "c'est ton pays qui craint, pas toi !" et lui explique exactement comment cela n'est pas comparable aux autres pays, cette personne recule d'horreur et la conversation se termine généralement par : "Eh bien, pourquoi ne retournez-vous pas tout simplement en Russie?" Ma réponse finale et définitive est, bien sûr, "Eh bien, c'est exactement ce que j'ai fait, mais merci pour l'excellente suggestion!"
Mais la plupart des Américains n'ont même jamais l'occasion d'avoir une telle conversation. Leur conception du reste du monde est formée par les médias de masse, qui flattent les États-Unis tout en dénigrant le reste du monde, et par l'écoute des immigrés, qui sont simultanément soumis à deux types de pression : la pression d'intégration, exigeant l'optimisme sur l'Amérique, et la pression de ne pas apparaître comme des perdants dans leur propre esprit pour avoir abandonné leur patrie. Cette dernière pression se traduit parfois par un abaissement de soi grotesque ; par exemple, certains immigrés russes, rongés par la nostalgie, passent des centaines d'heures sur Internet à chercher des nouvelles négatives de la Russie, puis les rapportent allègrement sur les réseaux sociaux.
Il ne sert à rien que les Américains protestent. Cela n'a aucun sens qu'ils protestent contre le système, parce que c'est le système qu'ils connaissent et aiment. Pour eux, c'est un système parfaitement bon, qui rend beaucoup de gens riches encore plus riches. S'ils ne gagnent pas personnellement, c'est de leur faute ou de leur malchance ou quoi que ce soit, mais au moins ils peuvent toujours rêver d'être riches et de profiter de la richesse par procuration. Les quelques-uns d'entre eux qui pourraient avoir une idée que ce n'est pas tout à fait la façon dont les choses devraient être, commencent simplement à chercher d'autres endroits dans le monde, où leurs chances seraient meilleures. Les deux questions que j'entends le plus souvent de la part de ceux, dont l'aversion pour l'Amérique les pousse à chercher des pâturages plus verts, sont : Où dans le monde devrais-je déménager ? et où dois-je ranger mon argent ? L'idée qu'avant de pouvoir faire sa vie ailleurs, ils devraient changer, revoir leurs priorités et leurs perspectives, est tout simplement trop douloureuse.
Mais la plupart des Américains n'ont même jamais l'occasion d'avoir une telle conversation. Leur conception du reste du monde est formée par les médias de masse, qui flattent les États-Unis tout en dénigrant le reste du monde, et par l'écoute des immigrés, qui sont simultanément soumis à deux types de pression : la pression d'intégration, exigeant l'optimisme sur l'Amérique, et la pression de ne pas apparaître comme des perdants dans leur propre esprit pour avoir abandonné leur patrie. Cette dernière pression se traduit parfois par un abaissement de soi grotesque ; par exemple, certains immigrés russes, rongés par la nostalgie, passent des centaines d'heures sur Internet à chercher des nouvelles négatives de la Russie, puis les rapportent allègrement sur les réseaux sociaux.
Il ne sert à rien que les Américains protestent. Cela n'a aucun sens qu'ils protestent contre le système, parce que c'est le système qu'ils connaissent et aiment. Pour eux, c'est un système parfaitement bon, qui rend beaucoup de gens riches encore plus riches. S'ils ne gagnent pas personnellement, c'est de leur faute ou de leur malchance ou quoi que ce soit, mais au moins ils peuvent toujours rêver d'être riches et de profiter de la richesse par procuration. Les quelques-uns d'entre eux qui pourraient avoir une idée que ce n'est pas tout à fait la façon dont les choses devraient être, commencent simplement à chercher d'autres endroits dans le monde, où leurs chances seraient meilleures. Les deux questions que j'entends le plus souvent de la part de ceux, dont l'aversion pour l'Amérique les pousse à chercher des pâturages plus verts, sont : Où dans le monde devrais-je déménager ? et où dois-je ranger mon argent ? L'idée qu'avant de pouvoir faire sa vie ailleurs, ils devraient changer, revoir leurs priorités et leurs perspectives, est tout simplement trop douloureuse.
Ma conclusion est plutôt triste : non seulement l'Amérique est irréformable et irrécupérable, mais ses habitants le sont aussi. Au fil des ans, j'ai essayé d'aborder le problème sous tous les angles, en commençant par une préparation à l'effondrement de style soviétique, en organisant des communautés autosuffisantes semi-autarciques, en faisant des choix conscients et libérateurs sur l'utilisation de la technologie, mais en vain; apparemment, rien de ce que je proposais ne sentait le succès. Une vie avec un travail modeste, de l'amour, n'ont aucun intérêt pour quelqu'un qui veut juste une voiture qui roule très vite et consomme des tonnes d'essence. Et c'est ce que veulent la plupart des Américains. S'ils ne peuvent l'obtenir, ils se plaignent et ne protestent même pas, car ce serait idiot. Et cela est exactement comme les choses doivent-être en Amérique.
Dmitry Orlov
Source : https://boosty.to/cluborlov/posts/eb7a898f-2c2f-43c1-ad56-12a86f13f84a?from=email&from_type=new_post
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