Surprise totale ! Alors que le Tour de France à Casseroles Tintinnabulantes de Macron se poursuit sous les bravos d’une foule en délire, les récentes déclarations de plusieurs membres du gouvernement laissent entendre que des efforts allaient être vigoureusement entrepris pour éplucher les comptes publics.
C’est ainsi qu’on apprend que le gouvernement prétend à présent s’inspirer des travaux du Sénat pour lutter contre la fraude fiscale et sociale : fini le laxisme, fini les cadeaux du fisc, fini les petits arrangements, on va voir ce qu’on va voir !
C’est forcément vrai puisque c’est Mickey Le Porte Parole pardon Gabriel Attal qui le dit et qu’il estime cette fraude sociale à 8 milliards d’euros par an tout en admettant, En Même Temps, qu’elle reste difficile à chiffrer précisément, et qu’il convient donc de s’y attaquer pour remettre un peu d’ordre dans les comptes publics. Le contribuable (et futur électeur ?) y tient semble-t-il beaucoup et notre fine brochette de commis républicains vient tout juste de le réaliser.
Dans ces commis froufroutants, on retrouve évidemment l’inénarrable Bruno Le Maire qui annonce lui aussi, de façon tonitruante et en ondes, qu’on va lutter contre la fraude sociale à grands renforts de phrases chocs dans lesquelles il dénonce les transferts de ces aides sociales vers le Maghreb ou ailleurs.
Le ministre est peut-être habile : indépendamment de savoir si elles seront suivies d’un quelconque effet, au moins ses déclarations seront-elles remarquées et commentées. Et d’ailleurs, sans surprise, toute la gauche s’effraie la bouche ouverte et les yeux écarquillés d’un tel amalgame entre Maghreb d’un côté et la fraude sociale en France de l’autre. Pour un Jean-Luc Mélenchon qui n’oublie pas de rappeler qu’il est Pied Noir, tout ceci est une diversion avant une inévitable bordée d’heures les plus sombres tralala.
Pour sûr, pour cette gauche de l’effroi et des bras en l’air, tout ceci ne peut que faire le lit de l’extrême droite ; après tout, c’est la droite, puis la droite de la droite, puis la droite dure, puis l’extrême droite qui n’ont eu de cesse de dénoncer les octrois de plus en plus généreux d’aides et de subsides à des personnes de moins en moins vérifiées, et comme chacun sait que ce que dit l’extrême-droite est faux, xénophobe, complotiste, antivax et poutinolâtre ou pas loin, il va de soi que dénoncer la fraude sociale ne peut être que faux, xénophobe, complotiste, antivax et pour tout dire, probablement un peu poutinolâtre.
De surcroît, chacun sait que cette fraude sociale (gentille et compréhensible) n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des fraudes fiscales (méchantes et impardonnables) dont on ne connaît pas non plus le montant mais qui, En Même Temps, lui serait dix fois supérieure.
Lorsqu’on reprend une lichette de ce sang-froid que Mélenchon tente de vendre sans en montrer le moindre échantillon sur lui-même, on trouve que cette agitation de tout ce que le pays contient de Bonnes Âmes À Gauche est très proche de celle qui s’empara de la France en 2019 lorsqu’une enquête détaillée et approfondie avait commencé à éplucher la fraude sociale en France, ses tenants, ses aboutissants, et qui avait poussé un certain Charles Prats à produire un livre (que je vous encourage toujours à vous procurer, au passage).
Polémiques et cries d’orfraie pour se rendre compte quelques mois plus tard qu’en pratique, les estimations de fraudes étaient… sous-évaluées.
Eh oui : la fraude est bien plus massive que n’osent l’annoncer les services concernés (qui sont directement responsables de l’état des lieux désastreux) et, bien évidemment, les ministres de tutelle qui se sont refilé la patate chaude depuis des décennies sans rien faire tant tout ceci n’était ni dans leur intérêt, ni dans les programmes politiques agités devant leurs électeurs.
On peut dès lors se demander pourquoi les freluquets actuels se sentent obligés de se pencher un peu sur la question, alors que des élections sont (théoriquement) encore loin et que le problème n’apparaissait pas si prégnant il y a encore un an…
De la même façon, on se doit de noter la soudaine prise en compte de l’état général de nos comptes publics avec les récentes interventions d’un frétillant Bruno Le Maire (il est vraiment de toutes les gesticulations, ce fier pruneau de Bercy) qui déclare ainsi, sans rire, que “la France veut accélérer le redressement de ses comptes publics” (comme si elle avait commencé et que des résultats étaient déjà palpables).
En fait, il est difficile de ne pas rapprocher cet empressement soudain voire cette quasi-précipitation à scruter (voire redresser ! Quelle audace !) nos comptes publics du pas de charge avec lequel fut mené la réforme des retraites ces derniers mois.
Il devient difficile de ne pas voir comme une volonté de plus en plus crispée d’essayer de ménager les comptes publics, ce qui, après le règne du prince Koikilenkouth, fait quelque peu sourire.
Et si l’on poussait l’imagination un peu plus loin, on pourrait même se dire que si la France était au bord de la faillite la plus retentissante, avec un assèchement brusque, rapide et cataclysmogène de nos comptes publics, on n’aurait pas procédé autrement.
Plus exactement, on doit se rappeler que le budget de l’État est pour moitié financé par de la dette fraîche obtenue par un roulement de la dette ancienne, et que tout ceci est à la condition expresse que les taux d’emprunt de cette dette ne soient pas trop forts sous peine de ne pas pouvoir rembourser.
Avec l’inflation actuelle et les petites tensions observées sur les marchés, ces taux n’ont malheureusement pas cessé de monter. Depuis 2022, où les OAT de référence (à 10 ans) français tournait autour de 0%, ils ont gentiment grimpé jusqu’à plus de 3% et la tendance ne montre aucun signe de fléchissement.
Autrement dit, ces gesticulations gouvernementales ressemblent de plus en plus à la prise de conscience confuse mais refroidissante que les prochains mois, les prochaines semaines (100 jours ?) pourraient être soudainement bien plus compliquées que prévu si on ne trouve pas rapidement des économies drastiques à faire.
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