12 avril 2023

Le plus grand krach, -92 % d’ici l’été, selon Dent Investissement

« Que je sois pendu. Que le grand crique me croque si je mens ! »

Je suis tombé de ma chaise quand j’ai vu cette prévision et j’en ai mangé mon chapeau !

A côté je fais figure d’optimiste béat et de grand naïf économique !

La question est donc de savoir si nous allons avoir le plus « grand krach de votre vie (Nasdaq -92 %, BTC -95 %) d’ici mi-juin ».

Pour répondre à cette question, je vous propose d’analyser les propos du type en question et de voir si cela tient la route.

Au passage, j’insiste un poil pour que vous lisiez l’article sur la « contraction du crédit », ils sont liés et cela vous aidera à mieux mettre en perspective les sombres prévisions d’Harry.

Oui, Harry Dent, « économiste, fondateur de HS Dent Investment Management et auteur de plusieurs livres à succès, a averti dans un entretien avec David Lin publié vendredi que le plus grand krach de notre vie « va se produire entre aujourd’hui et la mi-juin environ ».

Il s’est montré particulièrement alarmiste, jugeant que « les gens vont savoir qu’il ne s’agit pas d’une correction importante, mais d’un krach majeur, un krach que vous n’avez jamais vu de votre vivant », prédisant que cela se produira d’ici environ 2 mois.

« Nous ne reverrons pas cela. Nous ne verrons pas une économie de bulles, nos enfants ne verront probablement même pas une économie de bulles dans des dizaines et des dizaines d’années… Cela n’arrive qu’une fois dans une vie tout au plus » a-t-il expliqué.

Bon ça y est normalement vous tremblez de peur.

Vous êtes gagné par l’effroi.

Vos jambes tremblent.

Et votre patrimoine se hérisse.

Regardons les éléments qu’il soumet à notre sagacité pour étayer sa prévision.

« Selon lui, le plus grand krach qui se prépare est celui qu’aurait dû avoir lieu en 2008-2009, notant que le S&P 500 avait chuté de 57 % à l’époque. « Environ un an et demi après le début de ce krach, les banques centrales sont intervenues et ont commencé à imprimer de l’argent à des rythmes sans précédent… Cette récession n’a donc pas vraiment réussi à éliminer la plus grande bulle d’endettement de l’histoire », a expliqué M. Dent ».

Ce qu’il dit là est vrai.

Indéniable.

En 2008, le monde aurait du s’effondrer et l’économie se faire balayer par une énorme récession dont les banques centrales n’ont pas voulu. Elles ont changé les règles du jeu en pleine partie et elles ont inondé la planète d’argent. Taux bas ou négatifs, et liquidités open bar pour tout le monde.

Résultat, la « destruction créatrice » n’a pas eu lieu et les bulles ont repris de plus belle pour gonfler encore plus jusqu’à aujourd’hui.

Dent s’attend à un effondrement de 86 % pour le S&P 500 et de 92 % pour le Nasdaq.

« Or, il a estimé que « ce n’est que la première vague de baisse », et a expliqué que « nous avons déjà entamé la prochaine vague de baisse qui pourrait amener le Nasdaq jusqu’à 8 000 », et prévoyant que « c’est à ce moment-là que les gens se rendront compte qu’il ne s’agit pas d’une correction importante, mais d’un krach majeur, un krach que vous n’avez jamais vu de votre vivant et même les milléniaux ne verront pas de krach plus important que celui-ci ».

L’économiste a par ailleurs mis en garde contre le fait que « nous sommes sur le point d’atteindre la troisième vague », soulignant qu’il ne croit pas que la Réserve fédérale sera en mesure de l’arrêter.

Il a en effet expliqué que la Réserve fédérale a trop stimulé l’économie et qu’elle doit maintenant « resserrer fortement », alors que « l’économie sous-jacente est faible depuis 2008 et ne se renforcera que dans quelques années », un cocktail fatalement négatif pour l’économie ».

La contraction du crédit !

Le propre d’une économie de bulle c’est d’être alimentée et portée par le recours facile au crédit abondant et pas cher.

Quand vous retirez le crédit abondant et pas cher, vous créez une contraction majeure du crédit et donc vous faites exploser les bulles accumulées depuis des années maintenant.

La question maintenant est de savoir si ce que dit Dent peut produire une baisse de 86 % pour le S&P et de 92 % pour le Nasdaq.

Est-ce possible ?

Oui. Enfin en théorie.

Mais la destruction de valeur que cela impliquerait pousserait sans doute les banques centrales à l’intervention car de telles chutes de valorisation mettraient le système financier au sens large à genoux, sans oublier que ce serait la destruction des retraites par capitalisation des Américains.

Nous pouvons donc raisonnablement nous dire qu’à -50 % de baisse des marchés boursiers ou immobiliers, la FED comme la BCE se mettraient à rebaisser les taux et à stimuler à nouveau l’économie qui serait alors en plein marasme entre déflation et terrible récession.

Disons que je trouve cette prévision excessive et que pour le moment ce n’est pas mon scénario central.

Après si Taïwan se fait envahir par la Chine, que l’on coupe brutalement la mondialisation en soumettant la Chine aux mêmes sanctions que la Russie, alors toutes les valeurs de la mondialisation baisseront évidemment d’au moins 50 % en perdant le marché chinois.

Pour que ce scénario noir se matérialise, il faudrait à mon sens plusieurs autres facteurs pour multiplier les effets négatifs des hausses de taux et de la contraction de crédit que les banques centrales peuvent tout de même piloter en cessant la hausse des taux, puis en les baissant si nécessaire.

Une bonne correction oui.

Un krach même avec un -30 % ou -40 %, c’est possible (et ce serait sans doute un bon point d’entrée sur les marchés boursiers).

A ce stade un effondrement de 90 % des cours reste non pas impossible, mais pas le scénario le plus probable.

A surveiller donc.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

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