Une puissante tempête solaire qui a balayé la Terre lundi 27 février a forcé SpaceX à retarder le lancement de Starlink depuis la Floride et a temporairement interrompu les opérations de plusieurs plates-formes pétrolières canadiennes, car les signaux GPS devenaient imprécis.
SpaceX a finalement lancé un premier lot de 21 satellites Internet Starlink de deuxième génération, à 18h13 HE (23 h 13 GMT), lundi après la tempête géomagnétique, classée par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis comme forte (G3) se soit calmée. Le lancement a eu lieu environ 4h30 heures après l'heure de lancement initialement prévue.
SpaceX coopère avec la NOAA depuis un accident survenu en février de l'année dernière, qui a vu la société perdre un lot de 40 satellites après les avoir lancés directement dans une tempête géomagnétique relativement modeste.
Commentaire : Cela ne semble pas être un « accident », car SpaceX avait probablement pris ses précautions ; ce qu'ils n'ont pas fait et qu'ils n'ont probablement pas pu entièrement expliquer, c'est à quel point l'atmosphère est en train de changer. Notez qu'il s'agissait d'une tempête géomagnétique relativement faible, mais l'impact qu'elle a eu semble avoir été beaucoup plus important que prévu, comme c'est le cas avec cette récente tempête.
Lorsque d'énormes quantités de particules solaires chargées atteignent notre planète, les interactions de ces particules avec la haute atmosphère terrestre font gonfler l'atmosphère. Lorsque cela se produit, la densité des gaz à des altitudes plus élevées augmente et les engins spatiaux subissent plus de traînée. Étant donné que SpaceX lance le vaisseau Starlink à très basse altitude, puis utilise la propulsion embarquée du satellite pour élever son orbite, cette traînée supplémentaire s'est avérée trop contraignante pour le vaisseau spatial malheureux.
Depuis cet incident de 2022, la société a non seulement accordé une plus grande attention aux prévisions météorologiques spatiales, mais a également fourni des données provenant des capteurs embarqués de Starlink pour aider la NOAA à améliorer ses modèles de prévision météorologique spatiale.
La tempête G3 qui a causé le retard de lancement de lundi était le résultat d'une combinaison de facteurs. Ces derniers jours, des courants de vent solaire rapide se sont dirigés vers la Terre, à partir d'un trou coronal, qui est essentiellement une ouverture dans le champ magnétique du soleil. En plus de cela, deux éjections de masse coronale (CME), d'énormes éclats de plasma solaire, ont émergé d'une région active, ou d'une tache solaire, au cours du week-end et ont atteint notre planète en vagues rapides dimanche et lundi (26 et 27 février).
La tempête solaire a engendré un destival d'aurores boréales partout en Amérique du Nord et en Europe, avec des observations signalées dans le Dakota du Sud, le Wisconsin et même la Californie.
Des chasseurs d'aurores ont également réussi à capturer l'arrivée des aurores polaires du sud au-dessus de la grande ville la plus à l'ouest de l'Australie, Perth.
SpaceX n'était pas la seule entreprise impactée par la tempête géomagnétique. Le géologue d'exploration canadien Chris Mason a rapporté sur Facebook qu'une plate-forme de forage en Saskatchewan, où il est actuellement, a dû temporairement arrêter ses opérations en raison de la tempête solaire.
"Je suis géologue de forage depuis près de 30 ans, et hier soir / ce matin, c'était la première fois que nous suspendions brièvement les opérations de forage en raison d'une tempête solaire", a déclaré Mason dans le message. "L'électronique de l'outil qui nous indique la direction et l'inclinaison du forage recevait tellement d'interférences de la tempête que ses lectures n'étaient pas fiables."
Mason a ajouté que plusieurs plates-formes dans la région ont été touchées.
Commentant la publication sur son compte Twitter, la physicienne solaire américaine et experte en météorologie spatiale, Tamitha Skov, a expliqué que les plates-formes étaient affectées par la perturbation des signaux GPS, qu'elles utilisent pour un guidage précis.
"La forte tempête solaire en cours a un impact sur le GPS et a même provoqué la suspension temporaire des plates-formes de forage, en raison du manque de fiabilité des signaux GPS,, et en raison des GIC (courants induits géomagnétiquement dans le sol)", a déclaré Skov dans le tweet. "Des événements comme ceux-ci se produiront plus souvent à mesure que nous allons vers le maximum solaire."
Les aurores boréales, ainsi que les perturbations telles que celles vécues par SpaceX et les compagnies pétrolières au Canada, vont probablement devenir plus régulières au cours des deux prochaines années, à mesure que le cycle solaire, le flux et le reflux de 11 ans de génération de taches solaires, les éruptions solaires et CME, tendent vers le maximum solaire.
Plus tôt cette année, l'Agence spatiale européenne a signalé que certains de ses satellites en orbite basse perdaient de l'altitude en raison de l'atmosphère qui se dilate. Le cycle solaire actuel, le 25e depuis le début de la tenue des registres, s'annonce également beaucoup plus fort que ce que la NOAA et la NASA avaient initialement prévu.
La tempête de lundi appartenait à la troisième catégorie la plus forte, selon le système de classification à cinq niveaux de la NOAA. Les tempêtes G3 peuvent se produire jusqu'à 200 fois par cycle solaire et peuvent causer des problèmes mineurs aux réseaux électriques et aux engins spatiaux en orbite, ainsi que des perturbations des signaux satellites et des signaux radio.
Les tempêtes G4 et G5, plus puissantes, ne se sont pas encore produites au cours de ce cycle. Alors qu'un G4 est encore relativement courant, avec une centaine vers la Terre à chaque cycle solaire, la classe G5, la plus sévère, n'arrive qu'environ quatre fois par cycle. Les tempêtes G5 peuvent provoquer des pannes de courant généralisées et même endommager les transformateurs de puissance.
Dans des tempêtes aussi puissantes, les opérateurs d'engins spatiaux pourraient complètement perdre leurs satellites, car l'atmosphère dilaté affecterait leurs trajectoires. Les experts craignent que l'environnement proche de la Terre, avec un nombre croissant de satellites opérationnels, ainsi que des fragments de débris spatiaux, ne devienne extrêmement vulnérable lors d'une tempête G5. La perte de contrôle sur les satellites en fonctionnement et la perte de la localisation des débris spatiaux pourraient entraîner des collisions et déclencher une nouvelle augmentation de la quantité de débris qui encombrent l'espace proche de la Terre.
Le temps orageux géomagnétique actuel devrait cependant s'atténuer dans les prochains jours, selon l'autorité météorologique spatiale britannique, le Met Office. Une grande tache solaire, appelée AR3234, fait néanmoins toujours face à notre planète, et une autre émerge dans le nord-est du soleil, de sorte que des tempêtes supplémentaires, pour la plupart mineures, pourraient apparaître, a déclaré le Met Office.
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