Pour un conflit d’intérêts non mentionné avec un laboratoire pharmaceutique lors d’une émission de télévision à laquelle il avait participé en 2017, le virologue lyonnais Bruno Lina, membre du conseil scientifique, a été averti par l’ordre des médecins.
Figure éminente de la virologie à Lyon et membre du conseil scientifique du gouvernement, le "Monsieur covid-19" lyonnais vient de se voir notifier un avertissement par la chambre disciplinaire nationale de l’ordre des médecins. Le professeur Lina, attaché à l’hôpital de la Croix-Rousse, faisait l’objet d’une plainte déposée en 2017 par une association de malades.
Une plainte déposée par une association de malades
E3M (Entraide aux Malades de Myofasciite à Macrophages) lui reprochait de ne pas avoir mentionné un conflit d’intérêts avec un laboratoire pharmaceutique producteur de vaccins contre le papillomavirus humain, qui était le sujet d’une émission de "C’est dans l’air" à laquelle il avait participé sur France 5 le 5 janvier 2017. L’association soutenait également que Bruno Lina avait "manqué de la prudence requise par le code de la santé publique" en déclarant "non fondées les controverses sur les vaccins" contre cette maladie.
Après un rejet de sa plainte en 2018 par l’ordre des médecins de Rhône-Alpes, l’E3M avait fait appel de la décision devant la chambre disciplinaire nationale de l’ordre des médecins. De son côté, en septembre 2020, le professeur Bruno Lina avait "rejeté" la requête de l’association en expliquant que celle-ci n’était pas fondée, car "aucun lien avec l’industrie pharmaceutique n’existe qu’il aurait du déclarer au moment de sa participation à l’émission", avant d’ajouter qu’il ne recevait "personnellement aucune somme des sponsors du GEIG". Par ailleurs, concernant la qualité des vaccins contre le papillomavirus humain, il assurait n’avoir fait que "relayer la position de la communauté médicale".
Coupable de ne pas avoir mentionné des liens avec un laboratoire
Deux ans plus tard, l’ordre des médecins a enfin rendu son verdict sur cette affaire en publiant sa décision le 18 juillet dernier, comme le relève Le Quotidien du médecin. Celle-ci est partagée.
L’ordre des médecins n’a pas retenu le grief au sujet de ses propos sur la qualité des vaccins contre le papillomavirus, qu’il estimait ne pas présenter de problèmes de qualité en expliquant "c’est un problème franco-français […] il n’y a aucun signe disant qu’il y a un problème". Celui-ci estime que le professeur Lina "ne peut être regardé comme ayant manqué de la prudence requise […], dès lors qu’il résulte de l’instruction que la myofasciite à macrophages consécutive à l’injection des vaccins contenant des sels d’aluminium, a été essentiellement décrite en France et qu’aucune relation n’est scientifiquement démontrée entre celle-ci et des signes cliniques observables".
En revanche, sur le sujet d’un potentiel conflit d’intérêts non évoqué lors de l’émission, l’ordre des médecins a estimé qu’en sa qualité de président du conseil scientifique du Groupement d’expertise et d’information sur la grippe (GEIG), qui est financé par l’industrie pharmaceutique et qui entretient donc des liens avec de nombreux laboratoires pharmaceutiques, Bruno Lina aurait dû en parler à l’antenne. D’autant que dans sa déclaration publique d’intérêt le professeur avait déclaré des liens avec le laboratoire GlaxoSmithKline, producteur du vaccin Cervarix, qui était alors commercialisé en France contre le papillomavirus. À ce titre, l’ordre des médecins a prononcé un avertissement à son égard.
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