Il s'agit de l'accident de train le plus meurtrier de l'histoire du pays. Le chef de gare de Larissa, arrêté mercredi, a "avoué une erreur".
Des scènes "apocalyptiques". Une collision entre un train de voyageurs et un convoi de marchandises a fait au moins 46 morts près de Larissa, en Grèce, dans la nuit du mardi 28 février au mercredi 1er mars, selon un nouveau bilan des pompiers. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de l'accident. Elle a déjà mené à l'arrestation d'un chef de gare. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de cet accident, le plus meurtrier de l'histoire du pays.
Une collision frontale entre deux trains
L'accident est survenu vers 23h30 (heure locale), mardi, près de la vallée de Tempé. Un train de voyageurs reliant Athènes et Thessalonique, la deuxième ville du pays, est entré en collision frontale avec un convoi de marchandises qui faisait le trajet inverse. Le premier transportait 342 passagers, dont un grand nombre d'étudiants revenant d'un week-end prolongé.
Selon les premiers éléments de l'enquête, les deux trains se trouvaient sur la même voie. Le choc a détruit les deux locomotives et provoqué le déraillement des trois premiers wagons du train de voyageurs, pulvérisés par la violence de l'impact. Un incendie s'est alors déclenché dans le wagon-restaurant, avec des températures atteignant 1.300 degrés, selon les pompiers grecs.
Des équipes de pompiers et de secouristes arrivés sur place ont fait état de scènes "apocalyptiques". "Des personnes couvertes de sang couraient partout en demandant de l'aide. Des gens jonchaient les champs après avoir été éjectés des fenêtres brisées", a raconté le président du syndicat des employés des premiers soins sur la chaîne de télévision publique ERT.
Au moins 46 personnes sont mortes
Les deux conducteurs des trains sont morts sur le coup. Au total, au moins 46 personnes ont été tuées, selon un bilan provisoire des pompiers. La plupart d'entre elles se trouvaient dans les premiers wagons. De nombreux corps ont été carbonisés et certains passagers ne pourront être identifiés que grâce à des échantillons d'ADN.
Des dizaines d'autres personnes ont été blessées et transportées à Larissa. Le maire de la ville a parlé de "flots d'ambulances amenant des brûlés, des amputés, tout ce qu'on peut imaginer".
Quelque 500 personnes ont poursuivi les opérations de secours dans la nuit de mercredi à jeudi. "Le temps joue contre nous", a expliqué un porte-parole des pompiers. "Plus le temps passe, moins les chances [de retrouver des survivants] sont grandes", a-t-il ajouté.
Un chef de gare a été arrêté pour "homicides par négligence"
Les autorités grecques ont immédiatement ouvert une enquête sur l'accident, le plus meurtrier de l'histoire du pays. Elle doit notamment permettre de déterminer comment le train de voyageurs a pu être autorisé à emprunter la même voie qu'un convoi de marchandises
Venu sur les lieux de la catastrophe, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a affirmé mercredi que "tout montre que le drame est dû, malheureusement, principalement à une tragique erreur humaine". Il a décrété un deuil national de trois jours.
Le chef de gare de Larissa a été arrêté mercredi après une déposition au commissariat. Cet homme de 59 ans, poursuivi pour "homicides par négligence" et "lésions corporelles involontaires", a "avoué une erreur" lors d'une audition par la justice, jeudi matin. S'il est reconnu coupable, il encourt la prison à vie.
Des manifestations pour dénoncer la vétusté du réseau ferroviaire
Le ministre des Transports, Konstantinos Karamanlis, a présenté sa démission, mercredi, alors qu'une polémique enfle sur l'état du réseau ferroviaire, que des experts jugent vétuste. Le président de l'union des conducteurs de trains a ainsi affirmé à ERT que "toute [la signalisation] se fait manuellement, les systèmes électroniques ne fonctionnant plus depuis 2000". Dénonçant un manque de sécurité sur la ligne reliant les deux principales villes du pays, il a assuré à l'AFP qu'"aucun système de sécurité, télécommande et feu de circulation ne fonctionne".
En 2017, la société des chemins de fer grecs (anciennement Trainose, devenue Hellenic Train) avait été achetée par la société italienne publique Ferrovie dello Stato italiane (FS), dans le cadre d'un vaste programme de privatisations. Contacté par l'AFP, FS n'a pas fait de commentaires dans l'immédiat.
Des habitants ont manifesté mercredi à Larissa, avec notamment des banderoles "La privatisation tue". Des rassemblements ont également eu lieu à Athènes, devant le siège de la compagnie Hellenic Train.
Le nouveau ministre des Transports a présenté jeudi ses excuses aux familles des victimes, alors qu'il prenait ses fonctions. "Je veux leur dire (...) que tout va faire l'objet d'investigations", a déclaré Giorgios Gerapetritis à la presse, cité par le quotidien grec Kathimerini (article en anglais). Il a déclaré que le gouvernement allait mettre en place un comité d'experts pour enquêter "de façon transparente" sur les causes de la collision.
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