A l'appel de l'intersyndicale, une cinquième journée de grèves et de manifestations contre le projet du gouvernement a été organisée dans de nombreuses villes de France ce 16 février, tandis que les débats piétinent à l'Assemblée nationale.
La CGT a dénombré 1,3 million de manifestants en France ce 16 février. Le chiffre national des autorités n'était pas encore diffusé.
C'est en tout cas le chiffre le plus faible depuis le début de la mobilisation le 19 janvier : samedi dernier, la mobilisation avait rassemblé «plus de 2,5 millions» de manifestants selon la centrale syndicale et 963 000 selon la police.
Selon la préfecture de police, 37 000 manifestants battaient le pavé à Paris, ce 16 février. D'après la même source, ils étaient 93 000 à s'être mobilisés dans la capitale le 11 février.
Quelque 300 000 personnes manifestaient à Paris pour la cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé la CGT, alors que le chiffre des autorités n'était pas immédiatement disponible.
A Rennes, selon Ouest France, des manifestants «ont réussi à pénétrer sur les voies et bloquent la circulation des trains».
Retrouvez la vidéo de la manifestation parisienne.
A Brest, les manifestants se sont arrêtés «quelques instants devant la permanence du député» macroniste Jean-Charles Larsonneur, selon un journaliste de Télégramme.
Selon un journaliste du Figaro, le cortège semble plus «clairsemé» à Bordeaux.
Selon le ministère de l'Education, 7,67% des enseignants sont en grève. Ces chiffres ne comptent que les professeurs de la zone C (académies de Paris, Créteil, Versailles, Montpellier et Toulouse), les autres étant en vacances scolaires.
Le cortège est parti à Montpellier.
Avant de «mettre à l'arrêt» la France le 7 mars, les syndicats organisent ce 16 février leur cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, espérant maintenir une pression sur les députés dont les débats à l'Assemblée pourraient faire l'impasse sur le report de l'âge légal d'ici au 17 février à minuit, échéance fixée par le gouvernement pour en terminer avec ce volet de discussions.
En pleine période de vacances scolaires, à l'exception de l'Ile-de-France et de l'Occitanie, la participation aux grèves s'annonce en nette baisse, avec des perturbations limitées dans les transports : quatre TGV sur cinq sont en circulation et le trafic est quasi-normal dans le métro parisien. Néanmoins, 30% des vols à Paris-Orly sont annulés.
Après la journée du 11 février, qui a mobilisé plus de 2,5 millions de personnes d'après les syndicats et 963 000 selon les autorités, l'affluence pourrait être moindre dans les cortèges. La police dit attendre entre 450 000 et 650 000 personnes dans la rue, dont 40 000 à 70 000 à Paris. Une fois n'est pas coutume, les leaders des huit principaux syndicats manifesteront à Albi (Tarn), symbole de cette France des villes moyennes et petites, très mobilisée contre la réforme.
«Nous souhaitons braquer le projecteur sur l'un des traits marquants de ce mouvement social. Il y a une France du travail qui veut affirmer qu'elle existe, qu'il n'y a pas que les métropoles», a souligné le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger. A Albi, ville de 50 000 habitants, au moins 6 000 personnes ont manifesté le 11 février. Forts de l'opposition constante d'environ sept Français sur dix à la réforme selon les sondages, et d'une pétition qui a franchi le cap symbolique d'un million de signatures, les syndicats entendent «maintenir la pression sur les députés», selon le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.
Faute de réussir à infléchir l'exécutif, l'intersyndicale a adressé un courrier aux parlementaires, hormis ceux du Rassemblement national (RN), pour leur demander de rejeter la réforme «et plus particulièrement son article 7», qui porte le recul de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans.
L'horloge tourne à l'Assemblée
Le temps est compté pour les députés qui, après plusieurs jours d'empoigne, abordent la dernière ligne droit de leurs débats jusqu'à l’heure couperet de l'examen du texte avant sa transmission au Sénat. Pour accélérer, la gauche a décidé de retirer de nombreux amendements mais il en reste encore près de 11 000 à discuter, dont une bonne partie avant l'article 7.
Il existe «une majorité possible dans l'hémicycle pour voter contre», veut croire le député PS Philippe Brun, qui espère «passer au vote le plus vite possible» sur ce point clé. Le chef du groupe communiste André Chassaigne décèle pour sa part «une alliance de fait» entre la majorité et les oppositions pour ne pas arriver au vote. Selon lui, le gouvernement «n'est pas sûr de lui», surtout depuis le rejet de l'article 2 sur l'index seniors, le 14 février. Il existe par ailleurs «un malaise» chez les députés Les Républicains et à gauche, certains insoumis craignant qu’un vote favorable sur l'article 7 «porte un coup au mouvement social».
En outre, le RN a déposé le 15 février au soir une motion de censure, afin de savoir qui est «pour ou contre la réforme», la gauche ayant d'ores et déjà annoncé qu'elle ne la voterait pas. De son côté, le président Emmanuel Macron a ironisé en Conseil des ministres sur des oppositions qui «n'ont plus de boussole».
Vote ou pas, les syndicats se réservent pour la journée du 7 mars, l'intersyndicale ayant appelé à «mettre la France à l'arrêt ». Cette action serait soutenue par 58% des Français selon un sondage Elabe pour BFM TV. D'autres actions sont prévues le lendemain lors de la journée internationale des droits des femmes, et les principales organisations de jeunesse annoncent une journée de mobilisation nationale le 9.
Des grèves reconductibles pourraient suivre à partir du 7 mars : les syndicats de la RATP les ont déjà annoncées, ainsi que la CGT éboueurs.
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