Selon les propres chiffres de l’agence des réfugiés des Nations Unies, la majorité des personnes qui sont réfugiées, au niveau mondial — aujourd’hui mais également sans interruption depuis le début du XXIème siècle — ont fui des pays qui subissaient des sanctions, des coups d’États et/ou des invasions décidés par le gouvernement des États-Unis.
Le dernier rapport annuel en date produit par le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies est paru sous le titre « Tendances globales des déplacements forcés en 2021« , et il indique que « 69 % des réfugiés provenaient de seulement cinq pays » qui sont : la Syrie (6,9 millions), le Venezuela (4,6 millions), l’Afghanistan (2,7 millions), le Sud-Soudan (2,4 millions) et le Myanmar [pays abusivement dénommé « Birmanie » par l’Occident néo-colonial en contradiction avec la volonté de ses habitants, NdT] (1,2 millions). Le « graphique n°7 » du rapport, titré « Personnes déplacées au-delà des frontières par le pays hôte | fin 2021 » montre que les pays ayant reçu le plus de réfugiés pour cette année étaient : la Turquie (3 759 800), la Colombie (1 843 900), l’Ouganda (1 529 900), le Pakistan (1 491 100), l’Allemagne (1 255 700), le Soudan (1 103 900), le Bangladesh (918 900), le Liban (845 900), l’Éthiopie (821 300) et l’Iran (798 300). Le rapport indique que « 72 % [des réfugiés] ont été hébergés par des pays voisins » mais que les exceptions étaient tout aussi notables. Par exemple, le « graphique n°13 », sous le titre « Principaux pays pour les enregistrements individuels de nouveaux demandeurs d’asile | 2021 » montre que le premier pays de cette liste (et ces nombres ne comptent QUE les réfugiés officiellement enregistrés dans ces nations et entrés au cours de cette même année, PAS le total des personnes « déplacées » et qui s’y trouvent à présent) est les États-Unis, avec 188 900 personnes, l’Allemagne avec 148 200 personnes, le Mexique avec 131 400 personnes. D’autres, parmi les dix premiers, sont la France, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Italie.
Le « Graphique n°14 », titré « Pays principaux à l’origine des principales demandes d’asile | 2021 » montre, comme dix premiers : l’Afghanistan (125 600), le Nicaragua (111 600), la Syrie (110 000), le Venezuela (92 400), Haïti (67 000), le Honduras (59 800), la République Centrafricaine (47 800), l’Irak (37 700), la République Démocratique du Congo (34 500) et la Somalie (32 100).
Le « Graphique n°16 », titré « Flux principaux de nouvelles demandes d’asile enregistrées et reconnaissances de réfugiés en groupe | 2021 » montre que la plupart des nouveaux réfugiés aux États-Unis provenaient pour 2021 du Venezuela et du Honduras ; en Allemagne, ils provenaient de Syrie ; au Mexique, ils provenaient d’Haïti et du Honduras ; en France ils provenaient d’Afghanistan ; en Espagne ils provenaient du Venezuela ; et au Royaume-Uni ils provenaient des « Autres Pays » (des pays qui n’hébergeaient pas des réfugiés en grand nombre).
En contraste avec le rapport de 2019 et son « Graphique n°4 », sous le titre « Flux principaux de réfugiés nouvellement enregistrés et nouveaux demandeurs d’asiles en 2018 » qui listait, dans l’ordre, les principaux « Pays d’origine » comme la Syrie, le Venezuela, le Sud-Soudan, la République Démocratique du Congo, l’Afghanistan, l’Irak, le Salvador, le Guatemala, le Honduras, et le Mexique. La plupart des réfugiés syriens se trouvaient en Turquie, la plupart des vénézuéliens au Pérou ; la plupart des sud-soudanais au Soudan ; la plupart des congolais en Ouganda ; la plupart des afghans en Turquie ; la plupart des irakiens en Turquie ; et la plupart des réfugiés en provenance du Salvador, du Guatemala, du Honduras et du Mexique se trouvaient aux États-Unis.
Le prochain rapport annuel de l’UNHCR devrait être publié au mois de juin 2023 et couvrir l’année 2022.
Pour se faire une idée de la situation avant tout ceci, au début du siècle, on peut considérer l’édition de 2004, « Tendances globales des réfugiés pour 2003« , qui montre que les dix premiers « Pays d’origine des réfugiés, 2003 » étaient (en indiquant le nombre total à la fin de cette année, qui étaient réfugiés en provenance dudit pays) : l’Afghanistan (2 136 000), le Soudan (606 200), le Burundi (531 600), la République Démocratique du Congo (453 400), les Palestiniens (427 800), la Somalie (402 200), l’Irak (368 400), le Vietnam (363 200), le Liberia (353 300) et l’Angola (323 600).
Pour revenir au 6 juillet 2019, j’avais fait paraître un article sous le titre « Hypocrisies sur le sujet des réfugiés« et documenté le fait que le gouvernement étasunien avait sous-traité, surtout avec Al Qaeda en Syrie (mais également avec les séparatistes kurdes dans le Nord-Est de la Syrie) son opération de renversement d’Assad en Syrie, et travaillé avec la Turquie pour faire affluer des djihadistes du monde entier vers la Syrie pour qu’Al Qaeda les encadre dans cette opération de coup d’État. Qui plus est, même les sondages organisés par les États-Unis montrent que la vaste majorité des Syriens savait que les choses se passaient de cette manière et étaient tout à fait opposés à Al Qaeda ainsi qu’au gouvernement étasunien, dont ils avaient bien compris que le second parrainait la première.
Bien sûr, on peut raisonnablement s’attendre à ce que le rapport de l’UNHCR à paraître en juin 2023 va montrer que l’Ukraine se retrouve en haut de la liste des pays ayant produit le plus grand nombre de réfugiés en 2022, par suite de l’invasion par la Russie de l’Ukraine, qui découlait (après que les premières tentatives menées par la Russie pour négocier avec le gouvernement étasunien pour parvenir pacifiquement à un règlement respectant les intérêts de sécurité nationale de la Russie au sujet de l’Ukraine, à la frontière russe, ont tous échoué) du coup d’État mené par les États-Unis en Ukraine en 2014, planifié par l’administration Obama depuis au moins juin 2011.
À la lumière de tous ces éléments, une question se pose, est-ce que les médias d’information ont assez indiqué quelle était la principale cause des problèmes de réfugiés dans le monde, et comment le résoudre ? Au sein des nations, on trouve beaucoup de résistance du public pour accepter de nouveaux réfugiés. L’attitude du public serait-elle différente si des articles comme celui que vous êtes en train de lire établissaient clairement dans la conscience du public la cause principale de la plupart de ces déplacements de réfugiés ? Est-ce que les politiques nationales de l’UE et des États-Unis se verraient affectées si cette cause était dénoncée publiquement ? Devrait-elle l’être ?
Eric Zuesse
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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