« On a demandé au secrétaire de répondre aux commentaires faits lors de la conférence par l’amiral Daryl Caudle, chef du commandement des forces de la flotte américaine. Selon le journaliste, M. Caudle craignait que la marine n’en vienne à devoir décider si elle devait s’armer elle ou armer l’Ukraine. La marine en est-elle déjà arrivée à ce point ?
Del Toro a répondu : « En ce qui concerne les livraisons de systèmes d’armes pour le combat en Ukraine… Oui, c’est toujours une préoccupation pour nous. Et nous suivons cela de très, très près. Je ne dirais pas que nous en sommes encore là, mais si le conflit se poursuit pendant six mois ou un an de plus, la chaîne d’approvisionnement continuera certainement d’être soumise à des pressions difficiles. »
Le secrétaire d’État à la Marine a déclaré que la secrétaire adjointe à la Défense, Kathleen Hicks, travaillait » en étroite collaboration avec l’industrie [de la défense], afin de l’inciter à déterminer quels sont les défis ou les obstacles qui l’empêchent d’augmenter ses propres taux de production« .
« Il est évident que ces entreprises disposent d’une importante source de revenus pour l’avenir », a déclaré M. Del Toro. « Elles doivent maintenant investir dans leur main-d’œuvre, ainsi que dans les investissements en capital qu’elles doivent réaliser au sein de leurs propres entreprises pour augmenter leurs taux de production. »
L’échange ci-dessus ne laisse aucun doute sur le fait que l’évaluation officielle du secrétaire d’État à la Marine concernant la crise militaro-industrielle américaine en Ukraine est désastreuse, ce qui signifie que ce dont le New York Times avait longuement parlé fin novembre ne peut plus être attribué à la « propagande russe » comme les trolls de la « NAFO » l’ont prétendu. Il est clair que l’on s’achemine vers un scénario à somme nulle dans lequel les États-Unis devront choisir entre répondre à leurs propres besoins minimaux en matière de sécurité nationale ou les sacrifier pour l’Ukraine.
Del Toro est dans le coup en tant que fonctionnaire en poste qui comprend manifestement à quel point la situation devient rapidement sérieuse, contrairement à l’ancien secrétaire à la défense Robert Gates et à la secrétaire d’État Condoleezza Rice qui se sont récemment joints à deux hauts responsables ukrainiens pour demander une augmentation de l’aide militaire américaine à l’Ukraine. Ni ces deux-là, ni l’actuel ministre ukrainien de la défense, Alexey Reznikov, ni l’ambassadeur d’Ukraine au Royaume-Uni, Vadim Prystaiko, n’estiment que les quelque 100 milliards de dollars que les États-Unis ont déjà accordés à Kiev sont suffisants.
Tous les quatre mettent donc imprudemment en danger les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis, comme le comprend son secrétaire d’État à la marine en exercice, puisqu’ils font pression pour que ce pays sacrifie la satisfaction de ses propres besoins minimaux pour servir ceux de l’Ukraine. Cette observation devrait donner à tous les Américains sans exception l’occasion de réfléchir à la question de savoir s’il vaut vraiment la peine de continuer à perpétuer artificiellement cette guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie ou s’il faut plutôt rechercher la paix.
Andrew Korybko
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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