08 janvier 2023

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Pourrait-il y avoir une calamité financière plus grave qu’une grave récession en 2023 ?

Malheureusement, la réponse est « oui » et elle pourrait nous accabler rapidement.

Cette calamité est la crise mondiale des liquidités qui nous guette. Avant d’examiner la dynamique d’une crise de liquidité mondiale, il est essentiel de faire la distinction entre une crise de liquidité et une récession.

Une récession fait partie du cycle économique. Elle se caractérise par une hausse du chômage, une baisse de la croissance du PIB, la liquidation des stocks, des faillites d’entreprises, une réduction des dépenses discrétionnaires des consommateurs, une baisse des investissements des entreprises, une hausse du taux d’épargne (pour ceux qui ont encore un emploi), une augmentation des pertes sur prêts et une baisse du prix des actifs (actions et immobilier).

Pourquoi une récession

La durée et l’intensité d’une récession peuvent varier considérablement. Et si les récessions ont certaines caractéristiques communes, elles ont aussi des causes diverses.

Parfois, la Réserve fédérale commet une erreur de politique monétaire et maintient les taux d’intérêt trop élevés pendant trop longtemps (ce qui semble être le cas actuellement).

Parfois, un choc d’offre externe se produit et provoque une réaction de récession. C’est ce qui s’est produit après l’embargo pétrolier arabe de 1973, qui a provoqué une grave récession de novembre 1973 à mars 1975.

Les récessions peuvent également survenir lorsque des bulles d’actifs éclatent, comme le krach boursier de 1929 ou l’éclatement de la bulle immobilière causée par la crise des caisses d’épargne et des prêts en 1990.

Quelle qu’en soit la cause, le déroulement d’une récession est assez classique. Les prix des actifs finissent par atteindre leur niveau le plus bas, les personnes disposant de liquidités partent à la recherche de bonnes affaires en Bourse, la liquidation des stocks prend fin et les consommateurs reprennent leurs dépenses discrétionnaires. Ces mesures provisoires conduisent finalement à une reprise et à un nouveau cycle d’expansion, souvent avec l’aide de la politique budgétaire.

Les crises financières mondiales sont totalement différentes. Elles apparaissent soudainement et de manière inattendue pour la plupart des acteurs du marché, bien qu’il y ait toujours des signes avant-coureurs pour ceux qui savent où regarder. Le grand public en prend généralement conscience lorsqu’une grande institution fait faillite, qu’il s’agisse d’une banque, d’un fonds spéculatif, d’un fonds opérant sur les marchés monétaires, ou encore d’un négociant en matières premières.

Effet domino et effet de levier

Si la défaillance initiale fait la une des journaux, le danger le plus grave est celui de la contagion. Les marchés des capitaux sont étroitement liés. Les banques prêtent aux fonds spéculatifs. Les fonds spéculatifs spéculent sur les marchés des actions, des obligations, des devises et des matières premières, directement et sous forme de produits dérivés.

Les fonds opérant sur les marchés monétaires achètent de la dette publique. Les banques garantissent certains instruments détenus par ces fonds. Les négociants primaires (les grandes banques) souscrivent des émissions de dette publique mais financent ces activités sur les marchés des pensions de titres, où les titres achetés sont mis en gage contre davantage de liquidités pour acheter d’autres titres dans de longues chaînes de garanties réhypothéquées.

Vous l’aurez compris. Les liens ne cessent de se multiplier.

La Réserve fédérale a imprimé 6 000 Mds$ dans le cadre de sa base monétaire (M0). Mais la valeur totale des produits dérivés de toutes les banques du monde est estimée à 1 trillion de dollars. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce chiffre, 1 trillion de dollars = 1 milliard de milliard de dollars. Cela signifie que la valeur totale des produits dérivés représente 167 fois la totalité de l’argent imprimé par la Fed.

Et la masse monétaire de la Fed est elle-même adossée à une petite tranche de seulement 60 Mds$ de capital. Ainsi, le bilan de la Fed a un effet de levier de 100 pour 1, et le marché des produits dérivés a un effet de levier de 167 pour 1 sur la masse monétaire de la Fed, ce qui signifie que le marché des produits dérivés a un effet de levier de 16 700 pour 1 en termes de capital de la Fed.

Vous êtes déjà anxieux ?

Les experts se demandent : et alors ? Ces chiffres ne sont pas nouveaux et ont même été plus tendus à certains moments dans le passé. Ce n’est pas parce que le système financier est fortement endetté et densément connecté qu’il est prêt à s’effondrer. C’est vrai. Toutefois, cela signifie que le système peut s’effondrer de manière catastrophique et inattendue à tout moment. Tout ce qu’il faut pour que le système s’effondre, c’est une défaillance brutale qui entraînerait rapidement la panique.

Des appels de marge sont émis sur les positions perdantes et un paiement immédiat est exigé. Les dépôts au jour le jour ne sont pas renouvelés et le remboursement est exigé. Tout le monde veut récupérer son argent immédiatement. Les actifs sont liquidés pour répondre aux obligations de remboursement, ce qui provoque l’effondrement des marchés boursiers et obligataires, ce qui entraîne encore plus de pertes et de liquidations parmi les banques et les traders.

Une crise, mais dans combien de temps ?

Soudain, tous les regards se tournent vers la Fed pour obtenir de l’argent facile et vers le Congrès pour obtenir des garanties et davantage de dépenses. Nous avons vu ce schéma se produire en 1994 (crise de la tequila au Mexique), en 1998 (crise LTCM en Russie) et en 2008 (crise Lehman Brothers-AIG).

Notez que deux de ces trois crises financières les plus récentes n’ont pas été accompagnées d’une récession. Il n’y a pas eu de récession en 1994 et aucune en 1998. Seule la crise financière mondiale de 2008 a coïncidé avec une grave récession.

Le fait est que les récessions et les crises financières sont toutes deux néfastes, mais qu’elles sont différentes et ne vont pas toujours de pair. Lorsqu’elles se produisent, comme en 2008, les actions peuvent facilement chuter de 50% ou plus. Nous pourrions être confrontés à une telle situation aujourd’hui. Cela nous amène à la question clé :

Si les marchés financiers sont presque toujours fortement endettés mais que les crises financières se produisent en moyenne tous les huit ans, quels signes les investisseurs peuvent-ils rechercher pour indiquer qu’une crise est imminente et que les conditions ne sont pas simplement normales pour les marchés financiers ?

L’un des signes d’alerte les plus puissants est une courbe de rendement inversée. Ce signal a été observé pour la dernière fois en 2007, juste avant la crise financière de 2008. Une courbe de rendement normale s’incline vers le haut de gauche à droite, reflétant des taux d’intérêt plus élevés pour des échéances plus longues. C’est logique.

Si je vous prête de l’argent pour dix ans, je veux un taux d’intérêt plus élevé que si je le prête pour deux ans, afin de compenser les risques supplémentaires liés à une échéance plus longue, tels que l’inflation, les changements de politique, les défauts de paiement, etc.

Lorsqu’une courbe de rendement est inversée, cela signifie que les échéances plus longues ont des taux d’intérêt plus bas. Cela arrive, mais c’est rare. Cela signifie que les acteurs du marché s’attendent à une adversité économique sous la forme d’une récession ou d’un risque de liquidité. Ils veulent verrouiller les rendements à long terme, même s’ils sont inférieurs aux rendements à court terme, car ils s’attendent à ce que les rendements soient encore plus bas à l’avenir.

En un mot, les investisseurs voient des problèmes à l’horizon.

Parmi les autres signes inquiétants, citons les fortes baisses des positions de réserve libellées en dollars dans les titres du Trésor américain de la Chine, du Japon, de l’Inde et d’autres grandes économies. Les observateurs naïfs y voient le signe que ces pays tentent de « se débarrasser des dollars » et n’aiment pas le rôle du dollar en tant que principale monnaie de réserve mondiale.

En réalité, c’est le contraire qui se produit. Ils sont désespérément à court de dollars, et vendent des bons du Trésor afin d’obtenir des liquidités pour soutenir leurs propres systèmes bancaires.

Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux signes indiquant qu’une crise mondiale des liquidités est imminente. Comme nous l’avons appris par le passé, ces crises de liquidité semblent apparaître du jour au lendemain, mais ce n’est pas la réalité. Il faut en fait un an ou plus pour qu’elles se développent jusqu’à ce qu’elles atteignent un stade critique, moment où elles font la une des journaux.

La crise Russie-LTCM de 1998 a commencé en juin 1997 en Thaïlande. La crise de 2008 de Lehman Brothers a commencé au printemps 2007 avec les pertes hypothécaires signalées par HSBC. Les signes avant-coureurs sont toujours présents bien avant la chute. La plupart des observateurs ne savent pas quels sont ces signes ou ne les regardent tout simplement pas.

Eh bien, moi, je les observe et ce que je vois, c’est la convergence rare d’une grave récession et d’une crise des liquidités en simultané, comme cela s’est produit en 2008.

Rédigé par Jim Rickards

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