Le nombre de défaillances d'entreprises en France a fortement rebondi en 2022 après la chute observée durant la crise sanitaire, dépassant les 41.000 sur un an. Il reste néanmoins 20% en-deçà du niveau pré-Covid. Pour les mois à venir, tant la Banque de France que le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, ne s'attendent pas à une vague de faillites.
Si l'on veut voir le verre à moitié plein, on retiendra qu'en 2022 le nombre de défaillances d'entreprises reste 20% en-deçà du pré-Covid. Le pessimiste mettra quant à lui en avant les 41.020 défaillances contre 27.592 en 2021. Soit un bond de 48,6%. Pour la Banque de France, qui donne ces chiffres, « ce mouvement de normalisation est commun à tous les secteurs de l'économie et légèrement plus prononcé pour les PME hors tailles indéterminées ».
« Il n'y a pas de mur de faillites » (Bruno Le Maire)
L'optimiste se réjouira aussi que « la Banque de France ne s'attend pas à une vague de faillites dans les mois à venir », selon Emilie Quema, directrice des entreprises au sein de l'institution. Elle rejoint là l'analyse du ministre de l'Économie, Bruno Lemaire. Face à la flambée des prix de l'énergie, il a écarté mercredi l'hypothèse d'une explosion du nombre d'entreprises qui seraient contraintes de mettre la clé sous la porte. « Il n'y a pas de mur de faillites, Il y a une explosion des prix de l'électricité et du gaz qui est dure à vivre pour des milliers d'entrepreneurs, mais ils font face ».
« C'est difficile, nous les accompagnons, mais je ne laisserai pas dire que ça va s'accompagner d'une vague de fermetures, de faillites, parce que ce n'est pas le cas », a-t-il insisté, au lendemain de l'annonce de mesures de soutien spécifiques pour les boulangers. « Aujourd'hui, moins d'1% des entrepreneurs envisagent de fermer ou de ralentir leur production », a assuré Bruno Le Maire en se basant sur des chiffres de l'Insee.
Dans sa dernière enquête publiée fin octobre, la Confédération des petites et moyennes entreprises avance de son côté que 9% des dirigeants des TPE/PME « envisagent un arrêt de leur activité du fait de la hausse des prix de l'énergie ». Un chiffrage que le gouvernement « conteste », a indiqué Bruno Le Maire. « Vous pouvez donner l'exemple de Duralex ou de William Saurin », deux entreprises qui ont récemment annoncé une suspension ou un arrêt partiel de leur activité en raison de l'explosion des coûts de l'énergie, mais vous ne pourrez pas trouver de centaines d'exemples », a renchéri Bruno Le Maire.
Les défaillances ont plus que doublé dans l'hôtellerie restauration
Dans le détail, en décembre 2022 sur un an, les défaillances ont plus que doublé (105,7%) dans l'hébergement et la restauration. Ce secteur avait beaucoup bénéficié des aides durant la crise sanitaire, lorsque de nombreux établissements ont été contraints de fermer provisoirement leurs portes par le gouvernement.
L'industrie (+64,3%), le commerce et la réparation automobile (+54,4%) ont également enregistré de nettes hausses.
La remontée des défaillances est particulièrement marquée parmi les PME (+48,7%), surtout les très petites entreprises (+95,8%) et les petites entreprises (+92,2%). Elle l'est beaucoup moins au sein des entreprises de taille intermédiaire et des grandes entreprises (+20,8%).
Le moral des ménages en prend un coup
Le moral des ménages, face à ces difficultés des entrepreneurs qui vont pour la plupart devoir augmenter leur prix, reste déprimé malgré une légère détente de l'inflation. « Ils ressentent cette crise comme une crise extrêmement grave et ça peut se ressentir sur leur façon de consommer », relève Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
En décembre, l'indice qui synthétise l'opinion des ménages sur leur situation économique et celle du pays a baissé d'un point à 82 et reste très en-deçà de sa moyenne de longue période, qui est de 100, selon l'Institut national de la statistique. « Sur les perspectives de niveau de vie en France, on est presque à un plus bas historique depuis les années 70 », souligne Mathieu Plane. Le moral des ménages avait atteint un plancher historique en juillet 2022. Depuis, il était un peu remonté et ne se dégrade plus, aidé par une baisse de la crainte du chômage.
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