08 janvier 2023

Bye bye Exxelia qui passe sous pavillon américain

 

Bruno Le Maire a tranché en faveur de l'attractivité de la France dans le dossier Exxelia (Crédits : Exxelia)

Heico Corp a finalisé le rachat de l'entreprise Exxelia. Détenu jusqu'ici par un fonds britannique, le fabricant de composants électroniques passe sous pavillon américain.

Exxelia n'est finalement pas devenu le nouveau Photonis. Paris a tranché sur le dossier de vente d'Exxelia, un dossier qui était devenu très politique. Et le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a finalement donné son feu vert au rachat du fabricant français de composants électroniques passifs, basé à Paris, par Heico Corp. Dans un communiqué publié jeudi, le groupe américain a annoncé que sa filiale Electronic Technologies Group a finalisé l'acquisition d'Exxelia International. Heico, qui avait révélé fin juillet son intention d'acquérir cette entreprise française, a racheté 94 % environ d'Exxelia détenus par le fonds britannique IK Partners, le solde restant détenu par certains membres de l'équipe Exxelia.

Fin juillet, Heico Corporation avait annoncé que sa filiale avait conclu un accord en vue d'acquérir Exxelia auprès d'IK Partners pour un montant de 453 millions d'euros plus la prise en charge d'environ 14 millions d'euros de dettes. Dans cet accord, la direction et les salariés d'Exxelia (2.100 personnels répartis sur 12 sites) avaient la possibilité de continuer à détenir une participation minoritaire d'environ 5% de la société. Heico a respecté sa parole.

Le Maire a tranché en faveur de l'attractivité

Alors que Bruno Le Maire expliquait lors de ses vœux que « l'indépendance industrielle et la souveraineté sont les nouveaux leitmotivs de la politique mondiale », il a tranché en faveur de l'attractivité de la France plutôt que la souveraineté. Ce n'est pas une surprise sur ce dossier. En réponse à une question sur Exxelia posée en octobre à l'Assemblée nationale par le député de la Moselle, Alexandre Loubet (Rassemblement national), le ministre de l'Économie, qui est également celui de la Souveraineté industrielle, avait rappelé que « pour la première fois depuis vingt ans, le solde des créations d'emplois industriels et des ouvertures d'entreprises industrielles est positif. La France est redevenue le pays le plus attractif pour les investissements étrangers et pour la création d'emplois industriels ».

Le 20 septembre, le ministre délégué en charge de l'industrie Roland Lescure avait déjà donné le ton du ministère de l'Économie. "Le groupe Exxelia était détenu jusqu'à présent par un fonds anglais, ce qui n'a pas empêché l'État de s'assurer que notre souveraineté, dans le domaine, était respectée, avait-il expliqué à l'Assemblée nationale. Je rappelle que la procédure de contrôle des investissements étrangers en France a été étendue à de nouveaux secteurs, dont celui qui intéresse cette entreprise, et que l'État exerce son droit de regard".  Jeudi, Bruno Le Maire a annoncé que « le seuil de déclenchement du contrôle des investissements étrangers en France sera définitivement fixé à 10% de prise de participation, au lieu de 25% »

Il est vrai que cette société reste parmi d'autres un fabricant de composants électroniques passifs, de capteurs de positions, de condensateurs et de collecteurs tournants. Et ce quand bien même Exxelia équipe le Rafale, l'A320neo, Ariane 5 et bientôt Ariane 6, les sous-marins nucléaires d'attaque Barracuda mais aussi les constellations de satellites Galileo ou Oneweb. Par ailleurs, Exxelia réalise 30% environ de son chiffre d'affaires aux États-Unis.

Échec du ministère des Armées

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu semblait prêt à en découdre sur ce dossier. « Il existe une disposition Montebourg, qui permet à l'État de s'immiscer dans une transaction si nous estimons que... », avait-il rappelé au Sénat. Et de préciser que « les équipes de la DGA et du ministère des Armées - mon cabinet pour être clair -, en lien avec Bercy, sont en train de faire des tours de table sans être agressif vis-à-vis du vendeur ou d'un éventuel acheteur, mais dire que nous sommes bel et bien là et que, oui, il y a bien des intérêts de souveraineté sur ce que fait Exxelia ». Et Sébastien Lecornu avait alors « bon espoir dans les quelques semaines qui viennent, en tout cas avant la fin de 2022 d'être plus disert et plus précis sur Exxelia ». Il ne l'a pas été. On sait pourquoi...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.