20 décembre 2022

Bio-méthane, hydrogène, éoliennes : ruée vers les “chimères”

Le programme sur les émissions de carbone englobe tous les aspects de la vie.

J’ai rejoint une journée au Lycée agricole, en Normandie, à la fin du mois dernier, au titre d’un rassemblement pour les clients d’une société de comptabilité agricole.

La matinée a démarré avec un discours sur le programme de l’UE pour les sols. L’objectif est de capter plus de carbone dans la terre. Mais même l’interlocuteur, un Suisse convaincu du problème des émissions de carbone, a affirmé que les programmes ont peu de chances d’avoir des effets là-dessus.

Après tout, les fermiers ont de toute manière une incitation à faire grimper la teneur en carbone de la terre : cela améliore les récoltes. Le graphique ci-dessous d’une étude universitaire montre par exemple la relation entre les rendements des champs et leur teneur en carbone.

En clair, les agriculteurs ont déjà une incitation de taille ! Cependant, la terre absorbe plus ou moins la même quantité de carbone quoi que vous fassiez. Tout dépend en fait des matériaux dans le sol. De l’argile plus de carbone que du sable, par exemple.

Le présentateur, Pascal Boivin, a même co-rédigé un article scientifique qui conclut avec euphémisme : “le chiffrage du stockage additionnel potentiel à l’échelle du globe avancé par Minasny et al. en 2017 [une étude citée par le Giec et le Sénat français pour ses programmes d’écologie] … qui compenserait 20-35% des émissions anthropiques de CO2 [par le stockage du carbone dans le sol]… est ainsi jugé optimiste par plusieurs auteurs.”

Par exemple, le carbone a besoin d’autres ingrédients pour rester sous terre – dont de l’azote, qui demande beaucoup d’énergie pour sa fabrication, entre autres. Les autres tendances à la mode comme la bio-méthanisation (production de gaz via les déchets animaux ou végétaux), ou “l’agriculture de conservation” (qui vise à labourer au minimum la terre, éviter de sur-planter, etc.), requièrent aussi des machines, une certaine quantité d’engrais et des carburants.

Cependant, même si les agriculteurs n’auront pas d’impact sur la quantité de carbone dans l’atmosphère, ils peuvent toucher de l’argent de la part de l’UE.

Certains misent toute leur carrière non pas sur la production de biens et nourritures mais sur l’obtention de subventions.

Europe1 rapporte ainsi :

Il y a deux ans, Louis Courtier s’est associé avec deux autres agriculteurs pour lancer ce site de [bio-]méthanisation.
Il a fallu investir six millions d’euros, mais le procédé permet déjà de dégager un beau chiffre d’affaires [d’un million d’euros]
De l’autre côté, le gaz vert va irriguer les habitations aux alentours. Louis Courtier est agriculteur comme son grand-père, mais le métier a changé.
[Il] rêve un jour d’atteindre l’indépendance énergétique avec des tracteurs au gaz.

Produire le gaz de cette manière demande beaucoup de matériel. 6 millions d’euros d’investissements dans l’exemple ci-dessus. De plus, la transformation en gaz requiert du chauffage et des ingrédients. Puis le transport ou stockage du gaz après émission. Le tout requiert donc aussi des capitaux et énergies. Au final, vous avez un peu plus de méthane. Vous avez beaucoup d’autres ressources – peut-être d’une plus grande valeur – en moins.

Ressource considérable

Les gens refusent de voir le bilan des renouvelables dans l’ensemble.

“Le vent marin, c’est une ressource considérable, des dizaines de gigawatts en renouvelable. Il faut y aller maintenant”, explique le directeur du Port de Nantes-Saint-Nazaire au journal Ouest-France.

“[Ils ont] déjà commencé avec le hub logistique où ont été pré-assemblées les 80 éoliennes du parc de Saint-Nazaire”, précise le journal.

Le projet de Saint-Nazaire comprend 80 éoliennes aujourd’hui. Les sociétés d’éoliennes en prévoient des centaines d’autres.

La simulation ci-dessous par le gouvernement vous montre la vue depuis l’Île d’Oléron, en Charente-Maritime, après installation du parc. Des éoliennes à perte de vue.

Tout comme avec l’agriculteur qui se met au bio-carbone, beaucoup d’individus jouissent de revenus sur ces projets. Vous avez les ports d’où viennent les navires, les entreprises qui assemblent les éoliennes, les compagnies de maintenance. Les promoteurs du projet évoquent une “resource considérable” – des Gigawatts de courant à saisir ! Mais ils ne parlent pas des coûts – rendus opaques à cause du système de taxes, subventions, vente de crédits-carbone.

Certes, vous avez peut-être plus d’électricité après l’installation du parc. Vous avez aussi dirigé des milliards d’euros vers les projets, et pris du temps et des ressources à d’autres activités. Vous avez nui aux pêcheurs. Vous avez nui au paysage. Vous n’avez sans doute pas accru la richesse dans l’ensemble. Sinon, vous pourriez le faire sans subventions.

Magouilles dans l’Hydrogène

Mon associée Simone Wapler a évoqué le cas de l’hydrogène dans l’une de ses missives.

Elle écrit que “l’hydrogène, est une chimère … Le bilan énergétique de la production d’hydrogène par hydrolyse est ruineux. Le processus absorbe environ 80% d’énergie pour en restituer 20%.” Cependant, des géants des énergies voient en l’hydrogène une énergie d’avenir. Le groupe pétrolier BP met des milliards d’euros sur des projets d’hydrogène.

Pour quelle raison ?

Comme avec les éoliennes ou les bio-carburants, les autorités donnent des subventions, ce qui élimine la nécessité de faire un bénéfice.

L’UE déploie en ce moment plus de 5 milliards d’euros pour l’hydrogène. Les États-Unis donnent jusqu’à 3 $ par kg d’hydrogène aux producteurs s’ils promettent de capter le carbone par la suite. Ils ont aussi voté 9,5 milliards $ de subventions pour la création d’infrastructures autour de l’hydrogène.

L’hydrogène d’aujourd’hui vient à 99 % du raffinage du gaz et du charbon. Il requiert donc beaucoup de consommation d’énergie. Il ne fournit pas une forme de carburant compétitive avec l’essence et le diesel en termes de coûts. Cependant, au nom des objectifs sur le climat, le monde va produire plus du double de la quantité d’hydrogène en 2030 par rapport à aujourd’hui.

Le graphique ci-dessous montre la production totale aujourd’hui, et les chiffres que veulent les autorités avant la fin de la décennie (selon la Energy Information Administration).

BP mise donc sur un pactole de subventions au cours de la prochaine décennie. Le tout pour une source d’énergie qui soustrait de la richesse au monde !

Entreprises et agriculteurs courent après des “chimères” comme l’hydrogène, le bio-méthane, et les éoliennes. Chacun veut sa part du gâteau. Ils l’obtiennent via des subventions, et aux dépens des autres.

Mon associée Simone Wapler et moi pensons que les autorités vont continuer à empirer la situation. De plus en plus d’argent ira vers les “chimères,” et de moins en moins vers la production d’énergies utiles, comme le nucléaire ou les énergies fossiles.

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