On l’a vu dans un précédent billet : en France, l’inflation n’est pas vraiment un sujet et avec Bruno Le Maire aux commandes, on sait que tout se passera au mieux dans les prochains mois. Néanmoins, lorsqu’on prend la peine de demander leur avis aux politiciens dont l’intelligence n’est pas un obstacle et notamment des maires, la belle assurance fait place à une prudence teintée d’inquiétude.
En effet, selon une récente enquête, la plupart (77% des 3.700 maires interrogés) se disent au moins préoccupés par cette hausse des coûts qui les contraignent dans leur gestion communale : entre l’explosion du coût des dépenses énergétiques, le reste des prix qui n’ont cessé de grimper et l’augmentation récente du point d’indice par le gouvernement (ce qui revient à augmenter les salaires des agents communaux), même les communes les mieux gérées doivent en effet faire face à des ajustements parfois brutaux de leurs budgets.
En vertu de quoi, les élus se retrouvent à couper dans certaines dépenses. À l’approche des fêtes, cela se traduit essentiellement par une réduction de tout ce qui peut ressembler à du luxe ou du superflu ce qui, compte-tenu de l’état général de l’économie, devient une définition de plus en plus large et prend des tournures inquiétantes : rapidement, tout devient du luxe dans lequel il faut couper. Le chauffage, bien sûr, est la première dépense à laquelle les élus s’attaquent et si cela n’est pas trop compliqué pour les mairies situées dans les localités aux températures les plus douces en hiver, il en va quelque peu différemment pour les municipalités d’altitude, en montagne ou dans les zones plus froides en hiver.
L’éclairage vient ensuite : on diminue les éclairages publics, on réduit l’usage des salles communales, on coupe la nuit tous les affichages qui peuvent l’être et petit-à-petit, la France rurale puis banlieusarde puis citadine perd ses lumières pour se transformer en une Corée du Nord de l’Europe s’appauvrissant. Bien évidemment, cela ne suffit pas. Les coupes continuent donc, depuis les rénovations de bâtiments en passant par les réfections indispensables d’infrastructure, en passant par les dotations diverses et variées (aux écoles, typiquement) qui devront attendre de meilleures années pour s’adapter.
Alors que les fêtes approchent, la situation devient de plus en plus tendue. Les Français, tabassés de taxes sur les carburants, restent chez eux et évitent des déplacements qui finissent par leur imposer des prêts bancaires coûteux. La France de Noël 2020, sous confinements, voyait ses rues tristes et vidée de véhicules et de passants. Celle de 2022 y ressemblera beaucoup en y retirant aussi l’éclairage public ainsi que les lumières et les lampions de fêtes.
La transition énergétique vers le Pas d’Énergie Du Tout continue donc obstinément.
Or, si elle ne rencontrait jusqu’à présent qu’une résistance minime des citoyens à la faveur d’une fin de saison aux températures clémentes, on doit s’interroger sur leur réaction à mesure que cette crise va les atteindre plus profondément. Les maires, notamment les plus verdolâtres d’entre eux, vont pouvoir mesurer l’assentiment réel et concret de leurs électeurs au fur et à mesure que les activités communales notamment en période de fêtes seront annulées, et que la nuit va s’étendre dans les communes privées d’éclairage public favorisant cette insécurité qui n’est, pour rappel, qu’un sentiment diffus selon les politiques publiques officielles.
Les communes les plus en avance dans la lutte contre le méchant consumérisme de Noël
vont pouvoir expérimenter l’adhésion réelle des votants à leurs thèses
marxistes : la crise, l’inflation galopante et les trous budgétaires
vont largement aider à se passer des Sapins du Diable, des Guirlandes
Kapitalistes et des Cadeaux Néolibéraux composés pour grande partie de
ces gadgets inutiles que la société de consommation veut nous imposer
(mais si, mais si). On va enfin pouvoir retrouver la joie simple du
dénuement et du retour à la nature (où l’hiver est froid, glacial même),
le bonheur discret des petits échanges cordiaux entre voisins de queue à
la soupe populaire, et les remarques amicales autour d’un vin chaud tiède lors de la distribution des tickets de rationnement.
Et cela va forcément très bien se passer parce que, voyez-vous, tout ceci a été clairement voulu, décidé et mis en place dans l’assentiment général.
Oui, cela a été voulu par les politiciens qui ont fait ces choix énergétiques de court, moyen et long terme : à long terme, en refusant d’admettre que l’électricité nucléaire était propre et fiable et qu’il fallait l’encourager, mettre les moyens nécessaires à la maintenir et la développer. À moyen terme en subventionnant à grand frais des énergies polluantes et sans fiabilité. À court terme en choisissant d’imposer des sanctions à l’un des principaux fournisseurs d’énergie d’Europe.
Oui, cela a été voulu par les maires qui ont abondé, d’élection en élection, dans les sens de l’opinion publique pourtant façonnée de toute pièce par des médias et des politiciens dont il a été prouvé, maintes et maintes fois, qu’ils mentaient sans sourciller, systématiquement. L’abandon complet de la raison, des réalités physiques et économiques, aux gémonies des écolo-suicidaires par ces mêmes édiles, le refus de contrecarrer leurs discours nihilistes, malthusiens et stupides auront alimenté la pire des idéologies, celle qui revient à souhaiter la disparition pure et simple de l’Humanité et de toutes ses traces pour éviter de polluer une Nature aussi complètement fantasmée qu’irréaliste. Ce faisant, les communes ont voulu ce qui leur arrive à présent.
Oui et surtout, cela a été voulu par les citoyens eux-mêmes, baratinés maintenant depuis leur plus tendre enfance sur l’inéluctable disparition des ours blancs (dont la population s’est effondrée de 5000 individus dans les années 50 à seulement 27.000 à présent), l’inévitable tarissement du pétrole (dont on nous répète depuis 50 ans qu’il n’y en aura plus dans 10 ans), la déforestation planétaire (alors que la Terre reverdit), l’augmentation inouïe des températures (1000 millièmes de degrés en plus de 100 ans, ces gros chiffres sont forcément catastrophiques !) et celle du CO2 (et là, corrélation veut forcément dire causalité, n’est-ce pas). Ces citoyens ont voté, voté et encore voté pour ces mesures qui viennent maintenant leur tarauder l’arrière-train avec un trépan pétrolier. Ce serait un peu facile de l’oublier, alors que la victoire est là, qu’ils obtiennent enfin ce qu’ils croyaient vouloir !
Cet hiver, nous allons tous avoir un Noël placé sous le signe d’une véritable austérité (et ce n’est probablement rien à côté de l’hiver suivant). Enfin, les fêtes de fin d’années seront placées sous le signe du dénuement, de la misère et de l’anticapitalisme rabique !
Les Français l’ont majoritairement voulu. Ils vont se régaler !
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