Aujourd’hui, dans le nouveau cycle de confrontation entre les États-Unis et la Chine, les puces modernes et les usines qui les produisent remplacent les armes et les armées. Sans puces, il est impossible de sauter dans le train qui vous emmène vers la prochaine génération de technologie. Les puces sont devenues un substitut aux armes et aux armées dans la confrontation entre l’Est et l’Ouest. Sans elles, il est impossible de faire fonctionner des voitures autonomes et l’Internet 5G, les services cloud et l’intelligence artificielle. Et sans elles encore, il n’y a pas d’armes de haute précision, de types de communication modernes avec des satellites spatiaux et des drones, des yeux qui voient tout sur le champ de bataille.
La lutte pour les puces devient une nouvelle forme d’affrontement géopolitique
Un pays privé d’accès aux puces est évidemment voué au retard technologique. C’est pourquoi, en interdisant les exportations de technologies vers la Chine, les États-Unis espèrent arrêter le « dragon chinois ». C’est du moins ce qu’ils tentent de réaliser avec leur nouvelle décision d’interdiction. En outre, Washington veut empêcher Pékin de produire en masse les puces les plus fines (échelle de 5 nanomètres), ces « grains de poussière » qui façonnent l’avenir. Par conséquent, la lutte pour les puces, ainsi que pour réaliser la production de micropuces, devient une nouvelle forme d’affrontement géopolitique, reportant pour un temps la « phase chaude » de la guerre.
Certes, la Chine est sur les talons pour rattraper les États-Unis. Mais les nouvelles restrictions sévères que ces derniers lui ont imposées lui empêchent d’accéder aux technologies nécessaires pour produire ces composants modernes. En effet, la vente d’équipements de production de puces fines à des entreprises chinoises sans licence est également interdite. Les États-Unis espèrent que ces mesures drastiques entraveront, voire arrêteront, la capacité de fabrication de la Chine.
Seuls Taïwan et la Corée du Sud disposent pour le moment de la technologie de pointe pour produire des puces aussi fines et haut de gamme
Ensemble, ces deux pays contrôlent environ la moitié du marché mondial des semi-conducteurs. Les autres ont une technologie obsolète. Les États-Unis n’ont pas beaucoup progressé non plus : ils produisent 12 % du marché mondial, tout en soulignant que leurs entreprises ne sont pas encore en mesure de produire à grande échelle des puces de haute qualité. Pourtant, les États-Unis jouent un rôle clé dans le processus de fabrication des semi-conducteurs : ils savent concevoir des microcircuits, mènent des travaux de R&D. Ce sont d’ailleurs le « think tank » de la recherche dans cette industrie. De plus, les trois plus grands fabricants d’équipements pour la production de puces – Lam Research, KLA et Applied Materials – sont situés aux États-Unis.
Toutefois, la Chine est décidée à produire ces équipements de haute précision et les États-Unis vont tout faire pour l’en empêcher. Pour le moment, elle n’a pas réussi dans son projet de fabrication de puces haut de gamme. Mais pour celle des puces bon marché, la Chine se situe désormais à un niveau élevé de production qu’elle expédie, d’ailleurs, aux États-Unis et en Europe. De ce fait, cette confrontation entre les deux géants affectera l’approvisionnement de l’Amérique en puces bon marché. Et cela pourrait entraîner une pénurie aux Etats-Unis chez les fabricants d’électronique grand public et de produits industriels. Mais Washington ne semble pas en être gêné, car le leadership mondial est en jeu et les États-Unis vont tenter de le conserver le plus longtemps possible.
Que signifie cette « guerre » pour la Chine ?
Voici un exemple. Nvidia, une société américaine qui fabrique des puces pour l’intelligence artificielle, fournit ses produits à la Chine depuis de nombreuses années. Et les progrès rapides de la Chine dans les technologies de l’IA sont dus à la fourniture de ces puces. La Chine elle-même ne peut pas les produire.
Autre exemple : la plus grande entreprise chinoise qui développe des logiciels pour les caméras qui contrôlent les rues et les villes du pays, dépend en grande partie de l’approvisionnement en puces des États-Unis. Et les nouvelles interdictions les affecteront en premier.
Face à ces interdictions, la Chine se retrouve avec deux alternatives : soit de voler tous les secrets américains, soit de s’emparer de Taïwan et de contourner ainsi les États-Unis en se basant sur des technologies locales.
Dans tous les cas, « l’adhésion » de Taïwan à la Chine devient non seulement un impératif politique mais aussi technologique pour sortir de l’isolement.
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