Le commandement russe a décidé de retirer ses troupes de la région de Kherson, sur la rive droite du Dniepr.
Le ministre de la Défense Sergei Shoigu n’avait pas l’air heureux lorsqu’il a donné cet ordre. Il sait qu’un autre revers de ce type lui coûtera son poste.
Cette initiative n’a pas l’air très heureuse
Rien que cela aura des conséquences. Les Ukrainiens, l’administration Biden et les partisans européens de l’Ukraine vont être enhardis par cette décision. En Russie, le soutien à la guerre va diminuer. Certaines personnes commenceront à réclamer la tête du président Poutine. Mais il n’y a aucun risque qu’ils l’obtiennent.
Car cette décision est judicieuse d’un point de vue opérationnel.
D’un point de vue militaire, il y a peu de chances de résister à une attaque sérieuse dans cette région, car réapprovisionner en traversant le Dniepr est très difficile et ne peut être garanti. De plus, l’éventuelle rupture des barrages du Dniepr rendrait tout réapprovisionnement impossible pendant au moins une semaine, voire plus. Cela laisserait suffisamment de temps aux Ukrainiens pour massacrer les troupes russes restées sur place.
D’un point de vue stratégique, cette décision l’est beaucoup moins.
Elle bloque pour l’instant toute possibilité d’avancer vers Nikolaev (Mykolaiv) et plus loin vers Odessa. Cela aurait pu et aurait dû être fait plus tôt. Mais le commandement russe n’avait pas engagé de forces suffisantes pour cette bataille. Il y avait également de bonnes raisons de ne pas le faire. Il est maintenant trop tard pour critiquer ces décisions.
Il est tout à fait possible que, dans les coulisses, un accord ait été conclu à ce sujet. Si c’est le cas, il est peu probable que nous l’apprenions de sitôt.
La priorité doit maintenant être d’évacuer les soldats et les équipements de la zone. Cela nécessitera une intense couverture de défense aérienne pour empêcher la fermeture des points de passage par l’artillerie ukrainienne. Il n’y a aucune raison de faciliter la reconquête de la zone par l’Ukraine. Jusqu’à ce que l’évacuation soit effectuée, tout mouvement significatif des Ukrainiens dans la zone devrait être répliqué par des tirs d’artillerie efficaces.
L’armée ukrainienne commencera bientôt à déplacer vers d’autres lignes de front les troupes préparées pour une attaque contre Kherson. La Russie doit de même déplacer ses troupes pour renforcer ses positions ailleurs.
Le moral des troupes exige maintenant que le prochain mouvement russe soit une grande poussée ayant une signification stratégique. Le concept de bataille et d’opérations en profondeur doit être réappliqué. Historiquement, il a presque toujours joué à l’avantage de la Russie.
Mais cette grande avancée ne devra pas être uniquement militaire. L’autre option consiste à endommager considérablement l’économie ukrainienne par le biais de son réseau électrique. Interdire sévèrement ses lignes d’approvisionnement depuis l’ouest en est une autre.
Nous devons observer cela de plus loin.
Le monde s’éloigne d’un modèle unilatéral dirigé par l’Occident pour s’orienter vers un nouvel avenir multilatéral. En faisant la guerre en Ukraine, la Russie a initié et accéléré ce changement historique. Dans ce contexte, le retrait de Kherson n’est qu’une perte tactique mineure. Elle peut être, et le sera sûrement, corrigée par des actions menées ailleurs.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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