Selon l’état-major, un exercice d’ampleur engagera en 2023 quelque 20 000 soldats tricolores et alliés, pour répondre à l’évolution du contexte géostratégique et à la « perspective d’un conflit majeur », comme en Ukraine.
Ce sera l’exercice militaire le plus important mené par l’armée française depuis la fin de la guerre froide. Au printemps 2023, quelque 20 000 soldats tricolores et de pays alliés (Etats-Unis, Belgique, Italie, Royaume-Uni, etc.) seront engagés dans des manœuvres, baptisées « Orion », destinées à simuler un « conflit majeur » avec un adversaire étatique, a annoncé l’état-major des armées, mardi 15 novembre. « On n’a jamais fait un exercice d’une telle ampleur sur une telle durée », assure le général Yves Métayer, chargé de planifier l’opération au sein des armées.
Concrètement, plusieurs manœuvres doivent avoir lieu de fin février à début mai. La première se tiendra durant trois semaines dans le sud de la France et consistera en un débarquement de troupes par la mer et par les airs. Objectif : établir une tête de pont dans un pays fictif, appelé « Arnland », en proie à une déstabilisation orchestrée par des milices appuyées par un Etat hostile nommé « Mercure ». Pour cette opération, 7 000 militaires seront mobilisés. Le porte-avions Charles-de-Gaulle, deux porte-hélicoptères amphibies et une vingtaine d’autres bâtiments de surface ou sous-marins seront aussi engagés.
La seconde manœuvre se tiendra de mi-avril à début mai et simulera une invasion directe d’« Arnland » par « Mercure », que les forces françaises devront tenter de repousser. L’équivalent d’une division (soit 10 000 à 12 000 hommes) sera déployé en Champagne, sur un front de 50 kilomètres de long et 200 kilomètres de profondeur. L’ensemble des moyens de l’armée de terre sera mobilisé, notamment les nouveaux blindés Griffon ou Jaguar.
Une dimension « civilo-militaire »
Selon l’état-major français, cet exercice XXL se justifie par l’évolution du contexte géostratégique et la « perspective d’un conflit majeur ». « Il faut se préparer au pire pour éviter qu’il arrive ou pour pouvoir en atténuer les conséquences », affirme le général Métayer. Si l’idée de cet exercice est née à l’été 2020, la guerre en Ukraine a évidemment accéléré sa mise en œuvre. Les scénarios d’engagement s’inspirent d’ailleurs de la lutte des milices prorusses dans le Donbass depuis 2014, et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février.
La particularité d’« Orion » est aussi d’intégrer une dimension « civilo-militaire », c’est-à-dire tous les services de l’Etat qui pourraient potentiellement être touchés par le conflit imaginé : du ministère des affaires étrangères à l’intérieur, en passant par le secteur des transports ou de la santé. « Dans l’hypothèse d’un engagement majeur, les armées auront besoin du tissu civil pour gagner l’effort », explique-t-on à l’état-major. Ces civils ne devraient pas être intégrés en tant que tels à « Orion », mais des « war games » interministériels pourraient avoir lieu durant l’exercice.
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