21 octobre 2022

Pourquoi la droite reste-t-elle muette sur la guerre?

Pourquoi le Rassemblement National et Reconquête sont-ils largement inaudibles sur les événements majeurs qui opposent des Européens entre eux à l'est du continent? Comme Edouard Husson ce matin, Jean Goychman pose à la droite les questions qui fâchent. Comment se fait-il que la "droite nationale" soit muette sur la guerre d'Ukraine? Pourquoi s'est-elle laissé imposer les termes du débat avant de s'auto-censurer ?

Alors que la géopolitique mondiale est en pleine recomposition, avec l’apparition de plus en plus marquée d’un clivage entre l’Occident et le reste du monde, aucune voix ne semble se faire entendre sur ce sujet qui, d’une manière évidente, surplombe tous les autres, lorsqu’il ne les englobe pas.

Une accélération de l’Histoire

Les premières actions militaires datent de février. Les médias officiels, réputés jusqu’alors moyens d’information, en choisissant d’emblée le camp « occidental » ont agi comme des moyens d’opinion, y compris dans la multitude des débats organisés donnant la parole à des « experts » tant en géopolitique qu’en opérations militaires.

Ces débats, qui auraient dû être contradictoires, se sont transformés en instruction à charge contre la Russie et surtout son président. Peut-être que ces accusations sont justifiées, mais pourquoi avoir délibérément et définitivement écarté le principe, pourtant intangible, du « présumé innocent » ?

Et cette campagne médiatique, car c’est de cela qu’il s’agit, s’est poursuivie en essayant de discréditer ceux qui, dans le passé, avaient pu avoir des relations-naturellement coupables- avec le président russe.

Peut-être que ces personnalités politiques, principalement de la « droite nationale » ont pris peur de la façon dont l’opinion publique trancherait une telle interrogation, ou peut-être étaient-elles elles mêmes convaincues de « l’infréquentabilité » de Vladimir Poutine, toujours est-il qu’elles sont restées muettes sur ce sujet, et ce mutisme s’est étendu à tout ce qui concernait la guerre en Ukraine.

Certains sont même allés jusqu’à soutenir ostensiblement l’Ukraine, pensant peut-être que leur popularité s’en trouverait accrue.

Alors que des décisions engageant fortement l’avenir de notre pays, dans beaucoup de domaines, aucune voix de cette opposition réputée nationale, ne s’est élevée pour demander ne serait-ce qu’un débat sur les raisons qui ont amené le président Macron à mettre notre pays ostensiblement du coté de l’Ukraine. Quels étaient nos intérêts dans cette affaire et quels en étaient les risques ?

D’autant plus que les choses se sont accélérées et semblent encore devoir le faire.

Comment ne pas voir la ligne de partage qui sépare le monde et qui risque de se transformer en fracture irréductible à terme ?

L’analyse des votes à l’ONU et surtout les signes ostensibles de rapprochement de nombre de pays dit « non-alignés » irrésistiblement attirés par ceux qui, de plus en plus nombreux, dénoncent cette hégémonie américaine et la vision mondialiste qu’elle sous-tend, montrent clairement que le vent est en train de tourner.

Les différentes conférences internationales, auxquelles participent les BRICS et les membres de l’OCS, finissent par rassembler des pays dont les populations sont largement majoritaires à la surface de la planète et ceci ne peut pas être passé sous silence.

En 1970, l’Occident représentait 25% de la population mondiale et son PIB 90% du PIB mondial, alors qu’aujourd’hui les chiffres donnent respectivement 12% (incluant le Japon) et 40% du PIB.

On ne peut que constater que l’Occident seul ne peut diriger le monde et que le projet mondialiste

tel qu’il est prévu ne prospérera pas.

Pourquoi la France n’a-t-elle plus de projet ?

Saint-Exupéry, dans « Citadelles »disait :

« Tu veux qu’ils s’aiment? Ne leur jette point le grain du pouvoir à partager. Mais que l’un serve l’autre. Et que l’autre serve l’empire. Alors ils s’aimeront de s’épauler l’un l’autre et de bâtir ensemble »

Bridée de toutes parts par les carcans européens et vassalisée par l’état profond américain, la France ne réagit plus. S’étant résignée à la mondialisation, elle s’était mise en soumission. Des événements qui la touchent directement comme la pénurie d’énergie qui se profile alors que notre indépendance énergétique était un des piliers majeurs, avec notre indépendance militaire donc diplomatique, de la politique de de Gaulle, ne la font plus réagir.

A l’époque, nous avions des projets, donc un avenir. Aujourd’hui, nous nous mettons volontairement des œillères afin de ne pas voir ce qui se passe autour de nous. Nous nous en remettons entièrement à des entités sur lesquelles nous n’avons plus de contrôle. Les responsables politiques qui ont pourtant fait campagne sur les thèmes, ô combien importants, de l’indépendance et de l’autonomie, pré-requis essentiels à notre souveraineté, semblent se confiner sur des sujets purement nationaux. Est-ce par confort ou parce qu’ils n’appréhendent pas la portée de la succession d’événements et leurs conséquences ? Cette attitude amplifie un doute déjà important quant à leur capacité à conduire les affaires de notre pays alors que d’énormes nuages viennent obscurcir l’horizon.

Il n’échappe à personne que, à moins qu’une conflagration mondiale, longtemps exclue, mais moins improbable aujourd’hui vienne bouleverser d’une manière totalement imprédictible nos existences futures, le monde est en train de se régionaliser et c’est du moins l’hypothèse la plus probable.

Que deviendrait l’Europe dans un schéma continental ?

Cette hypothèse d’un monde « continentalisé » est évoquée par Klaus Schwab et Thierry Mailleret dans leur livre « Covid 19 : la grande réinitialisation ». Qui nous en parle ?

Philippe de Villiers lui a consacré une part importante dans « le jour d’après » mais personne de cette droite (nationale ou pas) et pas plus de la gauche ni du centre, ne lui a emboîté le pas.

Or, si l’Europe a toujours été considérée comme un continent, au sens géographique du terme, que deviendrait-elle économiquement et politiquement si la Russie venait à s’intégrer à l’Asie ? 

Quelle serait l’indépendance énergétique d’une Union Européenne appliquant de surcroît à la lettre les exigences d’une transition énergétique dont l’imputabilité à l’activité humaine n’est pas réellement démontrée ?

Comment pourrions nous, avec le peu d’industrie et de matières premières qui nous reste, avoir une autonomie protectrice, contrairement aux autres continents , y compris l’Afrique, qui, eux, en disposeront ?

Mais peut-être est-il préférable, et cela arrangerait tout, de ne pas se poser ces questions ?

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