02 octobre 2022

L’armée ukrainienne a repris Liman

Les troupes russes qui défendaient Liman ont quitté la ville avant d'être encerclées. Ce revers prévisible - nous avions attiré l'attention de nos lecteurs sur la volonté OTANienne et ukrainienne de prendre Liman depuis une dizaine de jours - pose la question de dysfonctionnements au sein du commandement russe. La charge a été lancée par Kadyrov sur son canal Telegram mais elle est relayée jusque dans les médias russes, faisant penser que la perte de Liman pourrait conduire à des remaniements dans le commandements de l'armée de terre russe.

Ce 1er octobre, le commandement russe a décidé de retirer ses troupes et d’abandonner la ville de Liman, dont nous avions dit, dans des articles précédents, qu’elle concentrait le gros de l’affrontement du moment sur la ligne de front.

Tout l’après-midi du 1er octobre, l’information sur ce qui se passait à Liman est restée confuse. Il est cependant établi à présent que les troupes russes qui défendaient la ville jusqu’à ce matin o<nt échappé à l’encerclement. 

 L’artillerie russe continue d’agir sur les unités militaires ukrainiennes, mais ne pourra plus influencer fondamentalement la situation tant qu’une contre-offensive au sol n’aura pas été organisée. 

Les troupes russes ont réussi à tenir au-delà de la proclamation du rattachement de la région de Donetsk à la Russie.  Cependant, la nouvelle de l’abandon de la ville n’est pas bonne pour l’image de Moscou. 

La charge de Kadyrov contre le Général Lapin

Le chef de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, a rendu responsable de la perte de Liman le général commandant les troupes dans la région, Alexander Lapin, dans un message posté sur Telegram:

“Je ne peux pas rester silencieux sur ce qui s’est passé à Krasny Liman.

La défense de cette section était dirigée par le commandant du district militaire central, le général de corps d’armée Alexandre Lapin. Le même Lapin, qui a reçu l’étoile du Héros de la Russie pour la prise de Lisichansk, bien que de facto il n’était pas là et n’était pas présent. Lapin a également reçu la charge des troupes du district militaire de l’Ouest.

Le colonel-général a déployé des combattants mobilisés de la République Populaire de Louganssket d’autres unités sur toutes les frontières dans la direction de Liman, mais ne leur a pas fourni les communications, l’interaction et l’approvisionnement en munitions nécessaires. Il y a deux semaines, le général de brigade commandant les forces spéciales “Akhmat”, mon cher FRÈRE Apty Alaudinov, m’a personnellement rapporté que nos combattants pourraient devenir une cible facile. À mon tour, j’ai informé Valery Gerasimov, chef d’état-major général des forces armées de la Fédération de Russie, de ce danger. Mais le général m’a assuré qu’il n’avait aucun doute sur le talent de chef de Lapin et ne croyait pas qu’une retraite était possible à Krasny Liman et dans ses environs.

Une semaine plus tard, Lapin déplace son quartier général à Starobilsk, à une centaine de kilomètres de ses subordonnés, tandis qu’il s’installe lui-même à Lougansk. Comment gérer rapidement des unités en étant à 150 km d’elles ? En raison du manque de logistique militaire élémentaire, nous avons laissé aujourd’hui plusieurs colonies et une grande partie du territoire. (…)

Le népotisme dans l’armée ne mène à rien de bon. Dans l’armée, il faut nommer des personnes au caractère bien trempé, courageuses, ayant des principes, qui s’inquiètent pour leurs combattants, qui se déchirent les dents pour leur soldat, qui savent qu’un subordonné ne peut être laissé sans aide et sans soutien. Le népotisme n’a pas sa place dans l’armée, surtout dans les moments difficiles“.

Kadyrov ne fait que sonner la charge un peu plus bruyamment que d’autres mais des reproches sont adressés à l’armée dans une partie des médias russes. A tel point que certains observateurs se demandent dans quelle mesure on pourrait assister à des changements dans le commandement de l’armée de terre, l’échec de Liman servant de prétexte. 

Questions pendantes

Le territoire de Liman étant désormais considéré par Moscou comme étant sous souveraineté russe, la contre-attaque est sans doute une question de jours. Des renforts sont arrivés dans la région depuis le début de la semaine. Mais pourquoi le commandement russe a-t-il laissé aussi longtemps les combattants qui défendaient Liman se battre à un contre dix? Et ceci à partir du moment où il était clair que l’armée kiévienne mettait le paquet sur la prise de Liman. 

Il y a bien entendu des arguments pour souligner l’importance des pertes ukrainiennes – l’armée de Kiev aurait eu plus de mille tués sur ce seul assaut.

Cependant, “l’occupation de Liman, ainsi que de Drobichevo et Iampol, crée des risques pour Lisitchansk et Severodonetsk (60 km à l’est de Liman) et pour Svatovo (80 km au nord-est de Liman).

Néanmoins, l’armée ukrainienne a mobilisé un tel effort pour obtenir un succès sur ce point du front qu’on peut se demander à quelle vitesse elle sera en mesure d’exploiter un peu plus le succès de Liman. Et cela à un moment où les lignes de front russe sont renforcées par l’afflux de nouveaux régiments. 

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