25 octobre 2022

La préfète de l’Oise invite les communautés de communes à préparer la distribution d’iode en cas de nuage radioactif (venant d'Ukraine ?)

Le plan Orsec de distribution des comprimés d’iode, médicaments contre les émanations radioactives, prévoit que les centres répartiteurs de l’Oise ne soient plus dans les 41 anciens chefs lieux de cantons mais dans les 21 sièges des communautés de communes et agglomérations.

Dans une lettre rédigée la semaine dernière, Corinne Orzechowski, invite les communautés de communes à se préparer à la distribution de comprimés d’iode en cas de nuage radioactif. Il s’agit d’être prêt car, écrit-elle : «J’attire votre attention sur la célérité avec laquelle cette distribution devra intervenir. Je vous recommande donc de formaliser cette procédure dans vos plans intercommunaux ou communaux de sauvegarde ou, à tout le moins, en élaborant une fiche réflexe.»

La préfète indique avoir rédigé cette lettre suite aux demandes de nombreux élus qui l’auraient interrogé sur la procédure de distribution de tels comprimés.

Le conflit en Ukraine a ravivé les inquiétudes de la population sur un risque nucléaire. Le mouvement est général.

Dans l’Oise, Nicolas Moula, maire de Lamorlaye et vice-président de la communauté de communes de l’Aire cantilienne, a réclamé au mois de mars 2022 la distribution. de comprimés d’iode. «Le risque d’incident nucléaire devient latent et très élevé, estime l’élu, dentiste de profession. Or, nous connaissons tous la très grande inertie de l’administration… Il me semble donc urgent de déployer rapidement des comprimés d’iode pour protéger notre population des effets dévastateurs de particules nucléaires. Nous serons ainsi très réactifs dans la distribution à la population, comme nous l’avons été pour les masques lors de la pandémie.»

Le 9 mai 2022, le maire de Bègles (Gironde) a lancé un appel au président de la République pour procéder à la distribution immédiate de comprimés d’iode.

Depuis quelques jours et suite aux incidents intervenus à la centrale nucléaire de Zaporijia, les autorités polonaises se prépareraient à distribuer des comprimés d’iode à la population de façon préventive.

Jeudi soir, 13 octobre 2022, la commune de Saint-Leu-d’Esserent (Oise) a mis sur pied un exercice de sécurité civile. Élus, forces de l’ordre, associations et volontaires y ont simulé une distribution de comprimés d’iode à la population, pour la protéger d’un éventuel radioactif.

L’ordre national des pharmaciens a publié sur son site, dès le début de la guerre en Ukraine, une liste de d’informations en provenance du ministère de la santé. Notamment celles-ci :

1- Pourquoi distribuer des comprimés d’iode en cas de rejet d’iode radioactif ?

Outre les actions de mise à l’abri ou d’évacuation, l’ingestion de comprimés d’iode constitue une action complémentaire de protection des populations dans les zones susceptibles d’être impactées par des rejets d’iode radioactif. En effet, l’iode radioactif, s’il est respiré ou ingéré, peut se fixer sur la thyroïde et en augmenter le risque de cancer. Ainsi, la prise d’iode stable permet de saturer la thyroïde et de limiter la fixation d’iode radioactif.

2- L’acquisition par précaution n’est pas nécessaire

L’acquisition et la prise d’iode stable en précaution par les Français, hors d’une instruction des autorités n’est pas nécessaire, affirme le ministère.

3- Quelles sont les modalités de prise des comprimés d’iode ?

Pour être efficace, le comprimé doit être ingéré idéalement dans les quelques heures avant le passage des particules et gaz radioactifs et au plus tard dans les 8 heures. La prise d’iode doit se faire uniquement à la demande du préfet de département ou de son représentant.

4- Quels sont les dispositifs prévus pour assurer la distribution de comprimés d’iode à la population générale mis en place en France en cas de survenue d’accident nucléaire ?

En France, le choix a été fait de mettre en place deux dispositifs complémentaires de distribution de comprimés d’iode :

  • Une distribution préventive dans un rayon de 20 km autour des centrales nucléaires de production d’électricité.
  • En complément, un plan ORSEC iode, élaboré par les préfets, permet une distribution en urgence à l’ensemble de la population, grâce à des stocks pré-positionnés dans les départements

C’est sur ce plan Orsec que s’exprime la préfète. Elle dit que ce plan contient des «informations sensibles» et qu’il «ne peut donc pas être diffusé» mais elle invite sans tarder les présidents et présidentes de communautés de communes et d’agglomérations ainsi que les maires à se préparer à la distribution desdits comprimés.

Dans un premier temps, les médicaments sont entreposés dans les sièges des communautés de communes. La préfète précise que cela ne devrait pas prendre trop de place : soit 1 mètre cube pour 100 000 comprimés. Sachant que la posologie est de deux comprimés à 65 mg pour un adulte, que la population de l’Oise est de 800 000 habitants, il faut au maximum 16 mètres cubes pour toute l’Oise, soit le volume d’un petit camion.

Le jour de l’alerte, les maires doivent aller chercher les médicaments au siège des communautés de communes puis doivent les distribuer au plus vite et communiquant par tous les moyens et en utilisant des personnels autorisés et formés.

Il n’en reste pas moins que l’entreposage des comprimés d’iode à domicile permettrait d’éviter les accidents logistiques qui pourraient se produire dans la chaine de distribution à la dernière minute. Il faudrait bien sûr que les citoyens n’ingèrent pas les comprimés avant que l’ordre n’en soit donné par les plus hautes autorités de l’Etat. Mais quand 80% des Français ont acquis un schéma complet de vaccination anti-Covid, on peut imaginer que 80% des Français sont en capacité de stocker chez eux des comprimés d’iode.

Le texte intégral de la lettre de la préfète de l’Oise sur le plan Orsec comprimés d’iode

Beauvais, le 18 octobre 2022

La préfète de l’Oise 

à 

Mesdames et Messieurs les Présidents d’EPCI à fiscalité propre 

Mesdames et Messieurs les Maires 

du département de l’Oise 

Objet: Procédure de distribution des comprimés d’iode en cas de nuage radioactif 

Plusieurs d’entre vous m’ont interrogée sur la procédure de distribution des comprimés d’iode qui serait déclenchée, conformément au plan ORSEC, en cas de passage d’un nuage radioactif suite à un incident nucléaire qui surviendrait dans une centrale nucléaire voisine du département. 

Notre département est doté d’une disposition spécifique ORSEC qui a pour objectif de définir les schémas de pré-positionnement, d’acheminement et de distribution des stocks de comprimés d’iodure de potassium, ainsi que les conditions de leur distribution à la population du département de l’Oise, dans les conditions d’une crise à cinétique lente. Ce plan contient des informations sensibles et ne peut donc pas être diffusé. Cependant, je peux vous communiquer les renseignements suivants, afin que vous puissiez prévoir une chaîne de distribution de ces comprimés dans vos communes. 

En cas d’incident nucléaire, le plan sera déclenché sur ordre des autorités nationales. Les stocks alloués à l’Oise, prépositionnés chez des grossistes répartiteurs, seront libérés et livrés en maximum 12 heures sur des sites identifiés dits “de rupture de charge ». 

Selon le plan ORSEC en vigueur, ces sites sont les anciens chefs lieux de canton (avant le redécoupage de 2014) : Attichy ; Auneuil ; Beauvais (sud ouest, nord est et nord ouest) ; Betz ; Breteuil ; Chantilly ; Chaumont-en-Vexin ; Clermont ; Compiègne (nord, sud est et sud ouest) ; Le Coudray-Saint-Germer ; Creil (sud) et Creil-Nogent-sur-Oise ; Crépy-en-Valois ; Crèvecoeur-le­Grand ; Estrées-Saint-Denis ; Formerie ; Froissy ; Grandvilliers ; Guiscard ; Lassigny ; Liancourt ; Maignelay-Montigny ; Marseille-en-Beauvaisis ; Méru ; Montataire ; Mouy ; Nanteuil-le-Haudouin ; Neuilly-en-Thelle ; Nivillers ; Noailles ; Noyon ; Pont-Sainte-Maxence ; Ressons-sur-Matz ; Ribécourt-Dreslincourt; Saint-Just-en-Chaussée; Senlis; Songeons. 

Dans le futur plan ORSEC, en cours de révision, ces sites seront remplacés par les sièges des 21 EPCI à fiscalité propre du département. Cette révision n’est pas encore effective. Les EPCI doivent donc prévoir une organisation adaptée permettant à l’avenir, en cas de crise, de recevoir leurs lots de comprimés d’iode et de les distribuer à leurs communes membres dans les plus brefs délais. 

A ce jour, les comprimés sont stockés par palette (1m3 environ) de 100 000 comprimés. Chaque palette est composée de 50 cartons de 200 boites de 10 comprimés. 1 carton comprend donc 2000 comprimés et représente, en volume, l’équivalent d’un carton de ramettes de papier A4. Le volume de stockage temporaire à prévoir au sein de chaque EPCI n’est donc pas très important, et les services municipaux qui viennent retirer leur dotation n’ont pas à mobiliser des moyens de transports exceptionnels. 

Pour les communes, à cette différence près s’agissant du lieu de retrait des comprimés, l’organisation à prévoir reste la même : 

Il appartient en premier lieu à l’autorité municipale, sur demande expresse de la préfecture (la procédure d’alerte par SMS, mail et téléphone serait utilisée), de se rendre au plus vite auprès du site de rupture de charge dont elle dépend (actuellement les anciens chefs-lieux de canton cités ci-dessus; prochainement au siège de l’EPCI d’appartenance, quand le nouveau plan sera arrêté), pour retirer son lot communal à distribuer à sa population.

Concomitamment, les maires doivent également prévoir d’informer leurs administrés de cette distribution par tous les moyens à leur disposition : téléphone, haut-parleur, porte-à-porte, etc. Le service communication de la préfecture contactera la presse et la radio pour transmettre des consignes à la population, conformément aux dispositions générales du plan ORSEC. 

Ensuite, il s’agit de prévoir les modalités de cette distribution en urgence : définir les lieux de distribution, les procédures d’activation (préparation des locaux) et leur fonctionnement (orientation et accompagnement des citoyens, gestion des stocks de comprimés, tenue du registre de distribution, explication de la posologie et des consignes de confinement reçues de la préfecture). 

L’organisation retenue par les communes et EPCI devra pouvoir s’appliquer 7J/7. 

La dotation communale est calculée en fonction du nombre d’habitants. La population non sédentaire doit s’approvisionner sur les lots de la commune où elle est implantée. Le maire devra recenser, au déclenchement du plan, les besoins complémentaires en comprimés pour la population non sédentaire qui ne peut pas regagner sa commune de résidence. Ce besoin est à signaler en préfecture pour mobilisation d’une dotation complémentaire. 

L’iode est un médicament nécessitant une délivrance en urgence à la population. Peuvent procéder à cette délivrance les pharmaciens, et pour les assister, ou procéder directement à cette distribution en l’absence de pharmacien, sous la responsabilité du préfet de département : 

1° Les autres professionnels de santé, 

2° A défaut, les personnes expressément mentionnées à l’article L 721-2 du code de la sécurité intérieure : les sapeurs-pompiers professionnels et volontaires des services d’incendie et de secours ainsi que les personnels des services de l’État et les militaires des unités qui sont investis à titre permanent des missions de sécurité civile, les bénévoles et les salariés des associations agréées de sécurité civile, les militaires des armées et de la gendarmerie nationale, les personnels de la police nationale et les agents de L’État, des collectivités territoriales et des établissements et organismes publics ou privés appelés à exercer des missions se rapportant à la protection des populations ou au maintien de la continuité de la vie nationale, ainsi que les réservistes de la sécurité civile et des services d’incendie et de secours. 

Le jour de la distribution, la posologie vous sera précisée et le centre opérationnel départemental de la préfecture sera ouvert pour répondre à vos questions et vous fournir l’aide nécessaire en mobilisant les différents acteurs de sécurité civile. 

Ces informations sont de nature à vous permettre d’organiser à froid la logistique de distribution, pour gagner du temps au déclenchement du plan, en cas de besoin. J’attire votre attention sur la célérité avec laquelle cette distribution devra intervenir. Je vous recommande donc de formaliser cette procédure dans vos plans intercommunaux ou communaux de sauvegarde ou, à tout le moins, en élaborant une fiche réflexe. 

Je vous tiendrai informés de toute évolution de cette procédure et notamment de l’arrêt du nouveau plan quand celui-ci pourra être finalisé. 

La préfète

Corinne Orzechowski

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