Le groupe sud-coréen KHNP était aussi dans la course, mais les autorités polonaises lui ont préféré Westinghouse.
La Pologne a choisi le groupe américain Westinghouse pour construire sa première centrale nucléaire, face aux offres concurrentes du français EDF et du sud-coréen KHNP, a annoncé vendredi le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. «Nous confirmons que notre projet d'énergie nucléaire utilisera la technologie fiable et sûre de @WECNuclear» (Westinghouse, ndlr), a-t-il écrit sur Twitter.
Mateusz Morawiecki a précisé que la décision serait officiellement entérinée au cours d'un conseil des ministres à Varsovie mercredi. «C'est un pas énorme dans le renforcement de nos relations avec la Pologne pour les générations à venir», s'est quant à elle félicitée la secrétaire américaine à l'Energie, Jennifer Granholm. Elle a souligné que la Pologne choisissait Westinghouse «pour la première partie de son projet nucléaire de 40 milliards de dollars», sans préciser le montant de cet investissement.
Une «sécurité interdépendante pour les décennies à venir»
Un haut responsable du gouvernement américain s'exprimant sous le couvert de l'anonymat a toutefois révélé que l'accord se chiffrait en «milliards» de dollars et créerait «des milliers d'emplois bien rémunérés». «Il ne s'agit pas seulement d'un projet énergétique commercial, il s'agit de la façon dont nous définirons ce que j'appellerais une sécurité interdépendante pour les décennies à venir», a encore déclaré ce responsable.
La Pologne prévoyait depuis des années de se doter de la capacité de produire de l'énergie nucléaire à des fins civiles et la question de la sécurité énergétique est devenue plus urgente en raison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. La décision polonaise «envoie un message sans équivoque au (président russe Vladimir) Poutine sur la force (...) de l'alliance américano-polonaise», a poursuivi le responsable. Le gouvernement polonais a fait savoir qu'il souhaitait que cette première centrale nucléaire entre en service en 2033.
Nucléaire : L’industrie française contrainte de demander de l’aide à l’industrie américaine … relancée par Donald Trump !
Ils débarquent par dizaines par avions, en provenance des Etats-Unis. Des ouvriers spécialisés dans les soudures de haute précision sont arrivés en France début octobre. Des soudeurs de la société américaine Westinghouse, recrutés en urgence par EDF pour réparer les corrosions sur plusieurs réacteurs nucléaires. Au total, ils sont plus d’une centaine, selon EDF, “en cours d’entrainement”. Les soudures à réaliser sur des tuyaux du système de sécurité sont complexes. Leur niveau de précision nécessite de “répéter le geste”, explique-t-on chez EDF.
Ils interviendront dans les jours qui viennent pour ressouder des tronçons qui ont été découpés et contrôlés. Notamment sur les deux réacteurs de Civaux (Vienne) et Chooz (Ardennes) où ces premières corrosions ont été repérées au début de l’année. Ainsi qu’à Penly en Normandie. Les soudeurs de Westinghouse vont travailler plusieurs mois sur le parc nucléaire. La centrale de Chooz doit être relancée en décembre et celle de Civaux en janvier.
(…)
BFM
L’électricien national demande donc de l’aide aux Américains pour assurer la relance de ses réacteurs à quelques semaines de l’hiver. En réalité, ce n’est pas la première fois que la France fait appel aux États-Unis pour relancer son programme nucléaire. Contrairement aux idées reçues, la filière nucléaire civile qu’on connaît actuellement dans l’Hexagone n’est pas à 100% d’origine française. Alors que les ingénieurs du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) avaient supervisé après la Seconde Guerre mondiale la construction de plusieurs réacteurs français fonctionnant avec la technologie graphite-gaz (permettant de produire beaucoup de plutonium, élément nécessaire à la bombe atomique), il est décidé, sous la présidence Pompidou, que les nouveaux réacteurs utiliseront une technologie américaine à eau pressurisée. Marcel Boiteux, l’un des plus illustres DG d’EDF, justifie alors ce choix : « Continuer, en France, dans nos petites frontières, à poursuivre une technique à laquelle le monde ne s’intéresse pas, cela n’a plus de sens aujourd’hui. Le fait que le marché mondial soit maintenant nettement orienté vers la filière à eau légère fait que nos industriels ne pourront se placer dans le monde industriel que dans la mesure où ils ont eux-mêmes un acquis valable dans la filière à laquelle le monde s’intéresse. » Dans les deux décennies qui suivent, c’est la société Framatome, la Franco-américaine de constructions atomiques, détenant alors la propriété dans notre pays des licences de l’américain Westinghouse, qui va permettre la réalisation du fameux plan Messmer avec la construction de 59 réacteurs.
(…)
Après une période de « mondialisation » du nucléaire civil, c’est donc le grand retour de la géopolitique et des rapports de force entre nations dans ce secteur si sensible. À bas bruit, et notamment avec une accélération dans les mois qui suivent la pandémie, on assiste à la renaissance de toute l’industrie du nucléaire civil aux États-Unis. Depuis l’accident de Three Mile Island en 1979, ce pays avait délaissé les investissements dans ce domaine, au niveau tant national qu’international. Mais, depuis 2018, et sous l’impulsion de l’administration Trump, ils ont décidé d’y investir de nouveau pour contrer les ambitions chinoises et russes. Très tôt, les Américains ont compris que, pour faire face au gaz russe, le nucléaire serait la clé. Durant sa présidence, Donald Trump ne se met pas uniquement à vendre son gaz naturel liquéfié (GNL) aux chefs d’État étrangers, il leur parle aussi très ouvertement des services proposés par l’industrie nucléaire américaine. La société Westinghouse s’occupe du design des futurs réacteurs, et Bechtel, un géant du BTP américain, également présent dans le nucléaire, se positionne sur les chantiers remportés.
Depuis deux ans, l’américain Westinghouse est ainsi à l’offensive dans toute l’Europe, en Pologne, en République tchèque, en Roumanie, en Bulgarie, ou encore en Belgique. Dès octobre 2020, un accord de coopération est signé entre les États-Unis et la Pologne pour le lancement d’un programme nucléaire civil. Peu de temps après, les Américains réussissent à remporter auprès de Varsovie un contrat de six réacteurs. Et, en septembre 2021, le groupe Westinghouse signe avec la société ukrainienne EnergoAtom un protocole d’accord représentant 30 milliards de dollars pour la construction de quatre réacteurs AP1000 en Ukraine (un engagement porté depuis à neuf réacteurs). La Belgique, qui envisage de maintenir en marche deux à trois centrales nucléaires, pourrait s’orienter aussi vers les Américains.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.